Présumé complot au Tchad : le président Idriss Déby fait le ménage

Idriss Déby est depuis 1990 un habitué des coups tordus.
Idriss Déby est depuis 1990 un habitué des coups tordus.

Au moins trois personnes ont été tuées mercredi et plusieurs autres, dont deux députés et deux généraux, arrêtées à N'Djamena quand les forces de l'ordre tchadiennes sont intervenues pour déjouer un présumé "complot" contre le régime d'Idriss Déby, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

Un mauvais polar se déroule encore au Tchad. Le pays, tenu depuis 1990 par Idriss Déby renoue avec les complots visant l'élimination de personnalités politique et militaires. "Il y a un groupe d'individus qui préparaient un complot contre les institutions de l'Etat. Mais ce groupe est suivi depuis le mois de décembre par des services de sécurité et mercredi, à l'occasion de l'une de leurs réunions, les forces de l'ordre sont intervenues pour les arrêter", a affirmé jeudi le chef de la diplomatie tchadienne Moussa Faki, à Brazzaville en marge d'un sommet sur la Centrafrique. Selon lui, les "individus (...) ont réagi en tirant sur les forces de l'ordre". Un policier a été tué, et "en réaction, deux membres de ce groupe ont été abattus. Le reste a été arrêté avec des preuves palpables en leur possession, ils ont tous été remis à la justice", a affirmé M. Faki.

Dans une déclaration à la presse, jeudi, le procureur Mahamat Saleh a souligné que "des personnalités militaires et civiles ont été mises aux arrêts". Il s'agit, a-t-il précisé, du général Weiding Assi Assoue, du général (David Beadmadji) Gomine, directeur de la justice militaire, ainsi que de Mahamat Mallou Kadre, député du MPS (Mouvement patriotique du salut, parti du président Déby) et du député Salek Makki de la CPDC (Coordination des partis politiques pour la défense de la constitution, principale coalition de l'opposition). Le général Weiding, qui a été plusieurs fois ministre notamment de la Défense, a aussi été chef d'état-major général des armées. Son dernier poste était celui de gouverneur de Guera (centre), une des 22 régions du pays. Il l'a quitté en 2011.

Selon une source policière qui a requis l'anonymat, une fusillade a éclaté entre les présumés conspirateurs et les forces de l'ordre venues les arrêter, mercredi, près d'une église du quartier d'Atrone, dans la banlieue (est) de N'Djamena, faisant "plusieurs morts et une quinzaine de blessés". Avant la déclaration de M. Faki, certaines sources policières avaient parlé de "six" morts, d'autres de "huit dont trois membres des forces de sécurité".

Lundi, de nombreuses rumeurs sur l'état de santé du président tchadien Idriss Déby (né en 1952) avaient couru sur internet, certains sites allant même jusqu'à évoquer sa mort. Arrivé au pouvoir par la force en 1990, le chef de l'Etat a pour habitude de changer régulièrement les personnalités en charge de la sécurité du territoire, craignant de se voir renverser à son tour. Depuis la nomination d'un nouveau gouvernement en janvier, deux remaniements ont eu lieu, donnant lieu au remplacement, le 25 avril, du ministre de l'Intérieur.

Des "mercenaires" évoqués par le président

La France avait déjà sauvé la tête de Déby dans son combat armé face à ses opposants. Ancienne puissance coloniale, elle dit avoir pris "note avec préoccupation des dernières informations" et a appelé "les autorités tchadiennes et l'opposition à poursuivre un dialogue politique serein et constructif". Le porte-parole des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a rappelé que "le Tchad est un partenaire important de la France en Afrique". "Ce pays participe activement à la lutte contre le terrorisme au Mali et joue un rôle stabilisateur dans la région, en s'impliquant dans la lutte contre l'insécurité au Sahel et dans le règlement des crises, notamment en République centrafricaine", a-t-il dit.

Les rebelles de l'Union des forces de la résistance (UFR), qui avaient déposé les armes en 2009, avaient annoncé depuis le Qatar, fin mars, vouloir reprendre les hostilités contre le pouvoir. Voulant sans doute profiter d'un affaiblissement présumé de la sécurité intérieure, ils avaient fait cette annonce après l'engagement au Mali de 2.000 soldats tchadiens. Mais ces propos avaient été jugés peu crédibles par de nombreux observateurs.

Dans un communiqué parvenu jeudi à l'AFP, le chef de l'UFR, Timan Erdimi a dénoncé une "mascarade cousue de fil blanc dont sont victimes des éléments de l'armée (...) un crime odieux perpétré sur des hommes sans armes que Déby cherche à faire passer pour une tentative de coup d'Etat". Selon lui, "des éléments radiés injustement des rangs de l'armée se sont retrouvés pour arrêter une stratégie de revendication; ces éléments ont été rejoints par des militaires mécontents de leurs conditions matérielles (...) au vu et au su de tout le monde".

M. Erdimi assure que les militaires "estiment que Idriss Deby les utilisent pour ses besoins dans les conflits en Afrique moyennant des millions de dollars et, une fois que le travail est terminé, ils seront purement et simplement renvoyés de leurs corps". Sur Radio France international samedi, le président Déby avait déclaré que "beaucoup de mercenaires se promenaient à Benghazi" (est de la Libye), en affirmant qu'il y avait dans cette région un camp où étaient "en train de se regrouper des Tchadiens". "Je connais ceux qui pilotent ces mercenaires", avait insisté M. Déby.

Avec AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
Bey Mustapha BEBBOUCHE

Mais même Mr. Déby est un mercenaire pour le compte de la France dans son intervention au Mali.

Le terrorisme est une fabrication occidentale.