Libye : des milices encerclent plusieurs ministères

 Les groupes armés veulent purifier les administrations des anciens kadhafistes.
Les groupes armés veulent purifier les administrations des anciens kadhafistes.

Plusieurs ministères, ainsi que le siège de la télévision nationale libyenne, ont été cernés ou victimes d'actes de sabotage par des hommes armés, dimanche 28 avril. "Il y a des gens qui veulent déstabiliser le pays et terroriser les étrangers et les ambassades. J'espère que les citoyens leur feront face", a déclaré le premier ministre Ali Zeidan.

Le ministère de l'intérieur, comme le siège de la chaîne, ont été dégagés. En revanche, le ministère des affaires étrangères reste encerclé par des miliciens qui réclament l'adoption rapide d'une loi qui exclurait les anciens responsables sous Mouammar Kadhafi des postes de haut rang dans la nouvelle administration. "Les actes de sabotage contre le siège du ministère de l'intérieur et celui de la télévision nationale" sont le fait "d'autres groupes pour d'autres motivations", a précisé M. Zeidan.

Les hommes armés qui bloquent le ministère des affaires étrangères réclament "l'épuration du ministère" des responsables et ambassadeurs ayant servi sous Kadhafi. Un responsable du ministère a déploré des méthodes "extrêmement offensantes", même si les demandes sont "légitimes", soulignant que cela ne justifiait pas de "paralyser le travail de tout un ministère".

En examen par le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique de Libye, la loi sur l'exclusion politique risque de mettre sur la touche plusieurs hauts responsables, et provoque des remous au sein de la classe politique libyenne.

Elle complique également un peu plus le travail du gouvernement, qui peine àimposer son autorité. Dix-huit mois après son arrivée aux commandes du pays, le nouveau pouvoir est mal en point dans un pays où d'importantes quantités d'armes sont en circulation et où les milices armées, issues de la révolution, agissent souvent à leur guise. Le 8 avril, Ali Zeidan avait ouvertement reconnu que la Libye traversait une période de vulnérabilité.

Jusqu'à récemment, la capitale, Tripoli, était relativement épargnée par l'instabilité mais l'attentat à la bombe commis contre l'ambassade de France semble avoirmarqué un tournant que confirment les incidents de ce dimanche. Interrogé par LeMonde.fr, William Lawrence, directeur du projet Afrique du nord à l'International Crisis Group, estime que "cet attentat n'est pas étonnant d'un point de vue sécuritaire car les forces de sécurité, armée et police, sont désorganisées. Beaucoup de terroristes passent les frontières."

Le quotidien britannique The Guardian confirme, en citant des sources diplomatiques occidentales, que l'instabilité en Libye a été exacerbée par la guerre menée par la France au Mali. Il rapporte que "des groupes djihadistes expulsés de Tombouctou se sont déplacés vers le nord, traversant le Sahara à travers l'Algérie et le Niger pour se rendre en Libye". "Si vous pressez sur un ballon à un endroit, il grossit dans une autre, résume William Lawrence. Il n'y a aucun doute que les actions françaises au Mali ont pressé le ballon en direction de l'Algérie et la Libye".

Avec AFP/Reuters

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