Bouteflika hospitalisé à Paris : quel avenir politique ?

Bouteflika et Hollande à Alger en décembre dernier.
Bouteflika et Hollande à Alger en décembre dernier.

L'état de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis samedi soir à Paris, ne suscite "aucune inquiétude", selon Alger, mais son accident vasculaire cérébral, présenté comme mineur, repose la question de sa succession alors que son mandat s'achève en 2014.

"A la suite de l'accident ischémique transitoire sans séquelles que le président de la République Abdelaziz Bouteflika a subi hier (samedi), les explorations médicales complémentaires, effectuées à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, ont confirmé que son état de santé ne suscitait aucune inquiétude", a annoncé dimanche le cabinet du Premier ministre, dans un communiqué cité par l'agence de presse APS. "Cela étant, les activités officielles continueront à se dérouler normalement", a ajouté la même source.

Plus tôt, un des responsables de l'établissement à Alger où a été soigné M. Bouteflika avant son transfert en France, le professeur Rachid Bougherbal, avait indiqué que son état de santé évoluait "bien", et il qu'il n'avait subi "aucune lésion irréversible" pendant l'accident ischémique transitoire, un type mineur d'AVC, dont il a été victime samedi.

M. Bouteflika, 76 ans, avait déjà été opéré fin 2005 d'"un ulcère hémorragique à l'estomac", à l'hôpital du Val-de-Grâce, qui accueille régulièrement des personnalités françaises et étrangères importantes, a souligné Alger. Un an après, le président lui-même avait affirmé avoir été "très, très malade", mais s'en être "sorti de manière absolument fabuleuse"

Depuis cette hospitalisation, la moindre absence de M. Bouteflika, devenu chef de l'Etat en 1999, déclenche des conjectures sur sa santé mettant en doute les versions officielles, comme encore dimanche dans la presse algérienne, et des rumeurs récurrentes de décès.

Quatrième quinquennat compromis

Pour le quotidien Liberté, "l'idée même de rendre publique cette information est en soi un choc médiatique", signe que "la présidence de la République a jugé, pour cette fois, que l'incident était assez sérieux pour ne pas le cacher aux Algériens". "L'annonce hier de son hospitalisation confirme tout haut ce que tous les Algériens d'en bas soupçonnaient : le président est bien malade", renchérit le journal El Watan.

La presse algérienne estime en conséquence qu'il sera difficile pour M. Bouteflika de briguer un quatrième quinquennat en 2014, du moins s'il en a l'intention. "La santé du président Bouteflika devient désormais un vrai souci pour vendre un 4e mandat", écrit El Watan. Le Soir d'Algérie se demande même s'il sera "en mesure d'assurer ses fonctions jusqu'à la fin de son mandat".

Ancien membre de l'Armée de libération nationale (ALN) en lutte contre la France pour l'indépendance de l'Algérie, M. Bouteflika est entré au gouvernement dès l'indépendance, en 1962, et il a été, pendant de longues années, un chef de la diplomatie chevronné.

Considéré comme le principal artisan de la réconciliation nationale après une guerre civile de près de dix ans dans les années 1990, qui a fait plus de 200.000 morts selon des chiffres officiels, Abdelaziz Bouteflika a été souvent critiqué pour sa propension à gouverner sans partage. Tribun hors pair, aussi à l'aise en arabe qu'en français, arborant costume trois pièces et cravate, même en pleine canicule, il a toutefois dû lâcher un peu de lest ces dernières années, en levant notamment en 2011 l'état d'urgence en vigueur pendant 19 ans.

Sur le plan diplomatique, les relations avec l'ex-puissance coloniale se sont fortement réchauffées depuis l'arrivée du socialiste François Hollande au pouvoir, en mai 2012. Cela s'est traduit par une visite d'Etat du président français en décembre et une coopération de facto d'Alger dans l'intervention française au Mali. Les autorités françaises laissent cependant leurs homologues algériennes communiquer sur l'hospitalisation à Paris. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a simplement dit "souhaiter le rétablissement" de M. Bouteflika qui, "en tant que président de l'Algérie, est un ami de la France".

AFP

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