Abdelaziz Bouteflika encore hospitalisé. Et maintenant ?

Pourquoi avoir évacuer le président puisque son cas n'est pas grave ? s'interroge la rue.
Pourquoi avoir évacuer le président puisque son cas n'est pas grave ? s'interroge la rue.

"A la suite de l'accident ischémique transitoire sans séquelles que le président de la République Abdelaziz Bouteflika a subi hier (samedi), les explorations médicales complémentaires, effectuées à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, ont confirmé que son état de santé ne suscitait aucune inquiétude" annonçait hier après-midi le cabinet du Premier ministre, dans un communiqué cité par l’APS. Avant d’ajouter : "Cela étant, les activités officielles continueront à se dérouler normalement". Mais alors, si ce n’est pas grave, pourquoi l’avoir évacué vers la France en toute urgence ?

Par Hassane Zerrouky

En fait, la vraie question est de savoir si, après cet accident vasculaire cérébral, le chef de l’Etat sera en mesure de continuer à exercer ses fonctions. Et ce, quand on sait qu’après avoir été hospitalisé en 2005 officiellement pour un "ulcère hémorragique" – Wikileaks citant des sources diplomatiques américaines parle de cancer – Abdelaziz Bouteflika a considérablement réduit ses activités. Il ne fait que de rares apparitions publiques. Quand il reçoit un chef d’Etat étranger, il ne s’exprime pas comme il le faisait au début de son mandat : il se contente d’être à ses côtés. Il ne voyage plus – la dernière fois qu’il est sorti du pays c’était en janvier 2012 pour se rendre à Tunis, à 45 minutes d’avion d’Alger. Il ne participe plus aux sommets de chefs d’Etat et de gouvernement ( Ligue arabe, Union africaine) : il préfère se faire représenter tantôt par son premier ministre, tantôt par le président du Sénat, tantôt par son chef de la diplomatie,. Abdelaziz Bouteflika n’effectue pratiquement plus de déplacements à l’intérieur du pays. Lors de l’attaque par les islamistes en janvier dernier de la base pétrolière d’In Amenas, on ne l’a pas entendu. Plus encore, on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de conseils de ministres qu’il a présidé ces deux dernières années. Et, au point où en sont les choses, malgré les communiqués officiels rassurants, ce serait un miracle qu’Abdelaziz Bouteflika assiste à la finale de la Coupe d’Algérie qui aura lieu mercredi 1er mai. Finale pour laquelle, ceux qui l’appuient tenaient à ce qu’il soit présent dans la perspective du 4 e mandat.

Qui plus est, il ne faut pas s’attendre à ce que l’hôpital militaire du Val de Grâce publie un communiqué. Le ministère français de la Défense, dont dépend administrativement cet hôpital, s’est refusé à tout commentaire "par respect du secret médical", écrit l’AFP : "L’Etat français se tient informé, ce qui est normal pour le président d’un grand pays tel que l’Algérie", ajoute la source citée par l’AFP. Autrement dit, la France sait de quoi il est malade, si c’est grave ou non, et pas les Algériens, voire pas même sans doute les membres du gouvernement algérien. Par conséquent, les Algériens ne sauront que ce qu’on leur dira. Espérons seulement qu’on leur évitera un "remake" du scénario de 2005 où le retour du chef de l’Etat à Alger (après son hospitalisation à Paris) avait donné lieu à des démonstrations populaires organisées tendant à montrer l’amour que lui voue le peuple !

Aujourd’hui la donne a changé. Contrairement à 2005, on n’a pas pu cacher l’évacuation vers la France du chef de l’Etat. Aussi, les autorités, ceux qui sont en charge du pouvoir, doivent-elles répondre à ces questions simples : jusqu'à quand va t-on cacher la gravité de l'état de santé du chef de l'Etat? Et partant, Abdelaziz Bouteflika est-il encore en mesure d’assurer ses fonctions pour les mois à venir ?

En avril 2011, moins de deux mois après les manifestations organisées par la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD qui regroupait alors le RCD, le MDS, le PLD et des associations de la société civile,) place du 1er mai, Ali Yahia Abdenour, qui était son porte-parole, avait posé publiquement la question. Citons-le : "Dans son discours à la nation qui n’était qu’un exercice laborieux et une lecture difficile, le Président est apparu à la télévision physiquement affaibli, usé, le geste lent, la voix inaudible par moments. Il a donné l’image pathétique d’un homme épuisé par la maladie, incapable d’assumer sa fonction". Et d’ajouter : "L’accélération de l’histoire qui a frappé à la porte de l’Algérie fait du départ du Président un préalable absolu, un impératif même. Il doit passer la main à condition, bien sûr, que les mains soient propres". Et de demander publiquement l’application de l’article 80 lequel (je cite) stipule : "Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tout moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement".

A l’époque, pour avoir rappelé cet article, l’ancien président la Ligue de défense des droits de l’Homme a été traité de "pousse au crime" et accusé même de "putschiste", de faire le jeu de l’armée !

H.Z

N.B.: A l’adresse de l’opposition démocratique. Exprimez-vous. Les journalistes l’ont fait, ont pris leurs responsabilités. Alors qu’attendez-vous ?

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Commentaires (15) | Réagir ?

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ali chemlal

Tout d' abord, il faut rendre hommage a ceux qui l' ont écarté de la course, pour succéder av H Boumediene, en 1980, et exiger de ceux qui l'ont intronisé en 1999, qu'ils demandent pardon au peuple Algérien, pour cette faute grave,

Ensuite, le peuple doit patienter et laisser mourir Bouteflika en tant que président, condition qu'il a imoposé aux décideurs, sinon il fait un malheur, pire que sa mauvaise gestion de l'Etat,

Quant a son frére said, ni la France, ni personne, n'a intérét a le soutenir, au risque de voir l'Algerie sanflammer et entrainer avec elle tous les pays d'Afrique du nord.

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Aksil ilunisen

Le DRS, un peu comme le KGB, doit certainement etre tres preoccupé a "trouver" un autre Staline, ou laisse faire un Gorbatchev. Qui sait? L'Algerie donc comme l'ex-URSS suit fidelement son image de marque. Et qui dit, que l'algerien n'est pas capable de faire tout le temps des merveilles ?... Heuh, pardon! Je voulais dire des idioties?

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