"La miséreuse insoumise" ou l’histoire d’une femme déterminée

Le livre.
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Hafsa Djenadi est née à Bgayet, La miséreuse insoumise est son premier roman. Elle a commencé sa rédaction en 2007. Faute d’éditeur, elle n’a pu le publier en Algérie. Il vient de paraître aux éditions PubliBook en France, où elle poursuit ses études

Dans ce roman de 132 pages, l’auteur, Hafsa Djenadi, n’intervient que très peu. Elle laisse parler Mira, le personnage principal du roman. C’est comme si la jeune romancière s’est très vite aperçue que l’histoire de Mira suffit à elle-même, que c’est une histoire «sans commentaires»… Il appartient, par la suite, à chacun qui le souhaite de commenter les évènements tels qu’il les perçoit, ou plutôt tels qu’il les vit.

En effet, dès le départ on s’attache à Mira et tout au long du roman, on ne cesse de ressentir les évènements qu’elle a vécu comme si on y était. On appréhende les supplices à venir que cette femme divorcée allait encore devoir affronter. Allait-elle sortir de ce tourbillon un jour ?

Dans son quotidien tourmenté, on ne comprend pas toujours Mira dans ses choix et ses décisions. On ne sait pas toujours ce qui l’anime. Est-ce du courage, de la folie ou écoute-t-elle, tout simplement, son cœur ? Ce qui est sûr, c’est que Mira a décidé de vivre digne et debout jusqu’au bout et elle a sans doute raison. Dans l’Algérie des années 1970, le destin d’une femme est forcément malheureux, qu’elle soit soumise ou insoumise, pourquoi donc se soumettre ?

D’aucuns sont conscients, à travers l’histoire de leur propre mère, des malheurs d’une femme qu’on a éduquée et forcée à se soumettre à son père, sa mère, ses grands parents, ses frères, et une fois mariée, à son mari, ses beaux-parents, ses beaux-frères, et la liste des "bourreaux" peut s’allonger pour quelques-unes. Mais qu’en est-il des malheurs d’une femme qui a dit non à la soumission ?

Mira ne s’est jamais laissée faire, que cela soit au travail, dans sa quête d’un logement, face aux voisins et le regard des gens ou face aux hommes qui voulaient abuser d’une femme divorcée, qu’ils croyaient seule et vulnérable. 

Et l’amour dans tout ça ? Mira a épousé l’homme qu’elle voulait elle, contrairement aux autres femmes qu’on faisait marier à des hommes qu’elles ne connaissaient même pas de vue. Elle a donc connu l’amour mais en a payé le prix cher. Sauf que l’amour ne se marchande pas, Mira n’a pas l’air de l’avoir regretté bien qu’elle a fini par divorcer. Elle en a assumé les conséquences et s’est battu jusqu’au bout pour refaire sa vie et assurer un avenir à son fils. 

Cette femme qui se cache derrière Mira existe réellement. A travers ce roman, c’est son histoire qu’elle a décidé de raconter. Pourquoi a-t-elle pris l’initiative d’exposer le récit de sa vie à qui veut le lire ? Pour casser mille et un préjugés probablement, pour faire taire des rumeurs à son sujet sans doute et peut-être aussi pour dire à ses détracteurs que, finalement, à travers ce roman, c’est elle qui a eu le dernier mot.

Hafsa Djenadi est née à Bgayet, La miséreuse insoumise est son premier roman. Elle a commencé sa rédaction en 2007. Faute d’éditeur, elle n’a pu le publier en Algérie. Il a paru finalement le 1er mars 2013, soit 6 ans plus tard, chez les éditions PubliBook en France, où elle continue actuellement ses études. Elle prépare un second roman qui illustre le parcours difficile des étudiants étrangers en France.

Mouloud Azzedine

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merci bien pour les informations