Chili : le poète Pablo Neruda sorti de sa tombe

La mort du poète Pablo Neruda est suspecte.
La mort du poète Pablo Neruda est suspecte.

La justice veut déterminer si le poète, décédé en 1973 peu après le coup d'Etat de Pinochet, est bien mort d'un cancer comme le veut la version officielle, ou s'il a été assassiné. Quarante après le coup d'Etat mené par Pinochet, la justice chilienne veut comprendre les raisons de la mort de Neruda.

L’exhumation des restes du poète Pablo Neruda a commencé lundi à Isla Negra, sur la côte centrale du Chili, pour tenter d’établir si le poète a été assassiné par la dictature d’Augusto Pinochet ou s’il est mort d’un cancer. Des ouvriers ont commencé à ouvrir la crypte où repose le corps du prix Nobel de littérature, auprès de celui de sa troisième épouse Matilde Urrutia, sous la supervision du juge Mario Carroza, qui instruit l’affaire, en présence d’avocats et d’une équipe de légistes.

L’enquête vise à déterminer si Neruda est bien mort d’une aggravation d’un cancer de la prostate le 23 septembre 1973, comme l’affirme son certificat de décès, ou s’il a succombé à une mystérieuse injection faite la veille de son départ pour le Mexique où il envisageait de s’exiler pour y diriger l’opposition au général Pinochet, comme l’affirme celui qui était à l’époque son chauffeur, Manuel Araya.

Les travaux préalables à l’exhumation ont débuté dimanche dans la villa musée de Isla Negra, à quelque 110 km à l’ouest de Santiago, où Pablo Neruda a passé ses derniers jours. Une tente a été installée autour de la crypte pour protéger les lieux de toute contamination éventuelle, et la couche de 60 centimètres de terre qui couvrait la crypte a été enlevée.

Il faudra au moins trois mois pour déterminer si les restes de l’écrivain contiennent ou non des substances toxiques, ont indiqué des sources judiciaires à l’AFP. La thèse de l’assassinat est soutenue par Manuel Araya, 65 ans, à l’époque jeune militant que le Parti communiste chilien avait désigné comme assistant et chauffeur de l’écrivain. Bien que Manuel Araya soutienne depuis près de quarante ans la thèse de l’assassinat du poète, lui-même militant du Parti communiste, ce n’est que récemment, en juin 2011, que le Parti communiste chilien a demandé une enquête judiciaire qui rend possible l’exhumation de lundi.

«Il n'était pas squelettique»

Lauréat du Nobel de littérature deux ans auparavant, Pablo Neruda se sentait menacé depuis le coup d’Etat et voulait quitter le pays. C’est l’ambassadeur mexicain de l’époque à Santiago, Gonzalo Martinez, qui finalement lui fournira un sauf-conduit et un avion qui se tenait prêt à décoller pour Mexico le 24 septembre. Selon le certificat de décès vu par l’AFP, Neruda est mort de «cachexie cancéreuse», un état de malnutrition extrême et de grande faiblesse.

Les personnes ayant vu Pablo Neruda les jours précédant sa mort s’accordent à dire qu’il ne semblait nullement en danger. «Lorsque je l’ai connu c’était déjà un homme malade, mais il n’était pas squelettique ni catatonique. Autrement je n’aurais pas envisagé de le mettre dans un avion pendant neuf heures», rappelait l’ancien ambassadeur mexicain Gonzalo Martinez à l’AFP en juin 2011.

L’exhumation pourrait donner les clés du mystère de la mort du poète.«Elle pourra déterminer si, avec l’aide des nouvelles technologies et malgré le temps passé et la proximité de la mer, nous pouvons trouver des traces de substances nocives, de toxines, de bactéries» prouvant l’intervention d’un tiers, a indiqué Eduardo Contreras, avocat du PCC .«Il n’étais pas dans un état de cachexie», a-t-il assuré à l’AFP. «Nous avons la conviction, la certitude la plus absolue que Neruda n’est pas mort de mort naturelle», a affirmé l’avocat.

La justice chilienne a récemment revisité les circonstances de morts survenues sous la dictature : elle a exhumé la dépouille d’Allende en mai, pour déterminer s’il s’était suicidé ou avait été assassiné au cours du coup d’Etat du 11 septembre 1973. Une expertise médicale a conclu au suicide. Une autre enquête vise à examiner les circonstances de la mort d’un autre opposant, l’ancien président (1964-70) Eduardo Frei Montalva, qui s’est éteint en 1982 après une opération bénigne dans la même clinique où est décédé Pablo Neruda et où il avait été confié au même médecin.

Avec AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
hocine amari

ET SI LE CHILI AVAIT VERSE DANS LE SOCIALISME................................... QUE SERAIT -IL.. ? RESSEMBLANT A L'ALGERIE? A CUBA ETC..............