Bernard Bajolet, ancien ambassadeur à Alger, nommé patron de la DGSE

Bernard Bajolet.
Bernard Bajolet.

Bernard Bajolet, ancien coordonnateur national du renseignement et actuellement ambassadeur à Kaboul et à Alger, a été nommé mercredi en Conseil des ministres à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le plus important service de renseignements français.

Ce diplomate de 63 ans remplace Erard Corbin de Mangoux, 60 ans, nommé préfet des Yvelines et qui avait été désigné par Nicolas Sarkozy en octobre 2008 pour diriger la DGSE. Erard Corbin de Mangoux, un homme discret à l'allure débonnaire et au rire franc, aura dirigé "La Piscine" (surnom grand public de la DGSE, les agents préférant dire "La Boîte") pendant quatre ans et demi, une durée supérieure à la moyenne des mandats des directeurs depuis la Libération.

Son prédécesseur, le diplomate Pierre Brochant, avait été l'un des trois directeurs des services secrets à rester à son poste le plus longtemps (six ans et demi) derrière l'indéboulonnable Alexandre de Marenches (dix ans et demi dans les années 1970) et Jacques Dewatre (six ans et six mois en période de cohabitation).

Erard Corbin de Mangoux quitte son poste à l'approche de la nouvelle loi de programmation militaire et du nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, dont l'édition précédente avait érigé le renseignement en "fonction stratégique".

Pendant quatre ans et demi, ce proche de Nicolas Sarkozy dont il était auparavant conseiller pour les affaires intérieures à l'Elysée, a su gérer des crises lourdes (Afghanistan, Libye, Syrie, Sahel, Côte d'Ivoire, piraterie au large de la Somalie) et des dossiers délicats, comme celui des otages (Afghanistan, Sahel).

Erard Corbin de Mangoux, doté d'un des rares budgets de l'Etat en augmentation, a pu lancer des investissements notamment dans les domaines techniques et recruter des spécialistes de haut niveau dans l'informatique et les télécommunications. Il a même créé un poste de chargé de la communication.

Paradoxalement, c'est sur le dossier de Denis Allex, agent de la DGSE enlevé en juillet 2009 à Mogadiscio (Somalie), que la DGSE aura enregistré un échec, vécu comme un traumatisme dans cette maison qui cultive la discrétion. Dans la nuit du 10 au 11 janvier, le service action de la DGSE a lancé, avec le feu vert de François Hollande, un raid pour tenter de délivrer Denis Allex. Une opération qui s'est soldée par la mort de l'otage et de deux commandos de la DGSE.

Bernard Bajolet, ambassadeur à Kaboul depuis février 2011, a été le premier coordonnateur du renseignement, poste créé par Nicolas Sarkozy, d'août 2008 à février 2011. Ce diplomate de carrière, énarque, est familier du monde arabe et habitué aux missions difficiles. A souligner que M. Bernard Bajolet a à son actif diplomatique la gestion et le suivi de l’épineux dossier de l’enlèvement, en Irak, de la journaliste française de Libération, Florence Aubenas. Il a été ambassadeur en Jordanie, en Bosnie-Herzégovine (1999 à 2003), en Irak et en Algérie, son dernier poste avant de rejoindre l'Elysée puis l'Afghanistan.

La DGSE, chargée de collecte et de l'exploitation du renseignement intéressant la sécurité de la France à l'extérieur des frontières, compte 5.000 agents, dont 25% de militaires.

Après l'arrivée en mai 2012 de Patrick Calvar à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et celle mercredi à la DGSE de Bernard Bajolet, le gouvernement devra trouver un successeur à Ange Mancini, coordonnateur du renseignement à l'Elysée depuis mars 2011. Agé de 68 ans, il est atteint depuis trois ans par la limite d'âge.

Avec AFP

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