Face à Ahmed Benbitour, l’autre complot de l’islamisme radical

Le candidat Ahmed Benbitour poursuit son marathon à travers le pays.
Le candidat Ahmed Benbitour poursuit son marathon à travers le pays.

Devant l’offensive pacifique et fortement structurée des démocrates séculiers, initiée par Ahmed Benbitour pour la conquête du pouvoir en perspective des présidentielles de 2014, la panique s’empare de plus en plus des militants de l’ex-FIS dissous et de l’islamisme radical en général.

Tout porte à croire que ce sont les islamistes radicaux qui sont embusqués derrière le mouvement de contestation des chômeurs et de bon nombre de mouvements associatifs et d’organisations de défense des droits de l’homme, disséminés sur tout le territoire national et dont le noyau dur est implanté à l’étranger, à l’abri de la répression, particulièrement autour du mouvement Rachad.

Alors qu’Ahmed Benbitour, infatigable orateur, est en campagne présidentielle depuis l’annonce officielle de sa candidature début mars, qui prend à ce jour une allure marathonienne. En moins de trois semaines, il a déjà organisé plusieurs rencontres avec la société civile dans plusieurs grandes villes. Notamment, à Oran, Bordj Bou Arréridj, Constantine, El-Khroub. Les jours à venir, il est prévu, qu’il sera à Oum El Bouaghi, Batna et Biskra. Ce sont généralement des avocats, des enseignants et beaucoup de membres de corporations diverses, ainsi que des personnalités civiles, qui résistent au système de pouvoir, qui participent à ces rencontres-débat autour de son programme et de la stratégie à adopter pour réaliser une transition pacifique vers un état de droit, par le changement radical du système de pouvoir et sans préjudice sur la paix civile. Beaucoup de cercles de soutien à sa candidature ont également jailli sur les réseaux sociaux, qui commencent à se multiplier et prendre une ampleur considérable.

Devant cette spectaculaire offensive, caractérisée par sa rigueur, sa crédibilité et sa potentialité mobilisatrice, les islamistes radicaux voient dans l’émergence de ce nouveau front d’opposition un concurrent sérieux à leur prétention au pouvoir, par la disqualification de leur idéologie religieuse populiste. Confortés par la démonstration de leur capacité de mobilisation populaire du 14 mars 2013 derrière l’écran de la CNDDC (Comité national pour la défense des droits des chômeurs), ils menacent à présent dans une grossière précipitation de passer à la deuxième phase de leur plan par la menace d’un sit-in ouvert.

Après s’être assurés d’avoir prie le monopole de la mobilisation populaire du Sud algérien et un maillage conséquent des diverses associations dans le Nord, ils veulent à présent un soulèvement généralisé de la population par contamination. Leur but inavoué est de faire barrage à l’initiative du camp adverse, celui des démocrates séculiers, qui ne leur laissera aucune chance de revenir sur la scène politique en cas de victoire, après qu’Ahmed Benbitour a inscrit officiellement dans son programme la séparation du religieux et du politique. Il apparaît clairement que leur précipitation vers un sit-in ouvert vise à torpiller cette initiative en incitant la population au soulèvement généralisé, pour rendre inopérante une élection présidentielle qui leur serait fatale. La seule solution qui leur reste pour atteindre leur objectif serait de provoquer des conditions de changement par la violence et par une pression permanente sur le pouvoir. C’est ce qui explique leur grossière précipitation à semer le chaos en avançant un argument absurde. Celui de ne cesser leur sit-in ouvert que si le pouvoir aura procédé à des réformes pouvant garantir l’amélioration des conditions socio-économiques des chômeurs. Ce qui est impossible à réaliser dans un court terme. En fait, ils lui demandent de réaliser en quelques jours, ce qu’il n’a pas su ou put faire en cinquante ans de monopole de la gouvernance et même s’il se résout à jouer le jeu, il n’aura ni les moyens techniques, ni les conditions politiques pour le faire. De ce fait, leur objectif est des plus clairs, ils veulent faire du sit-in qu’ils projettent une «place Tahrir» algérienne, qui serait un point de départ d’un soulèvement généralisé, à l’échelle de tout le territoire national.

Alors, qu’il aurait été plus pragmatique de soutenir la candidature d’Ahmed Benbitour, dont le programme anticipe toutes les solutions à leurs problèmes et d’assurer une transition vers un état de droit, pacifiquement, sans heurts et sans hypothèque sur la paix civile. Il aurait été plus efficace de se constituer en assemblées citoyennes pour mobiliser l’électorat au profit de son programme dans la perspective de voter massivement pour sa candidature. Mais il ne peut être ainsi, car, l’inscription sans ambiguïté de la séparation du politique et du religieux dans son programme contredit leur prétention à la prise du pouvoir et leur volonté d’imprimer à l’État leur idéologie religieuse. Ce qu’ils proposent c’est le chaos, espérant en conséquence qu’une intervention étrangère serait en leur faveur.

Le pouvoir de son côté est certainement en train de manœuvrer en coulisse, pour neutraliser aussi bien l’un que l’autre camp en tant que potentiels concurrents à son hégémonie politique.Conscient du danger que pointe la mobilisation des chômeurs pour sa survie, il ne cesse de distiller la propagande, qui qualifie leur mouvement de servir un "complot" extérieur, pour les disqualifier devant l’opinion nationale. Sa retenue devant l’usage de la répression, que l’on lui connaît devant de telles circonstances, alors qu’il n’hésite pas à réprimer les autres mouvements sociaux qui se déroulent au même moment, traduit sa volonté de laisser pourrir la situation pour ensuite en finir une fois pour de bon à l’aide d’une répression massive. Avant cela, il lui faudra la légitimer, et pour ce faire, sa stratégie semble tendre vers leur isolement progressif du soutien populaire. Après l’argument du «complot», le voilà ! dans un deuxième temps, appeler en renfort les islamistes «modérés», parmi ses principaux clients, en l’occurrence, le TAJ d'Amar Ghoul, pour organiser une contre-manifestation à la démarche du mouvement des chômeurs, pour disqualifier encore un peu plus leurs motivations. Ou alors l’autre client des contrats publicitaires, la presse privée, qui par excès de zèle ou par contrainte persiste à jouer au double jeu, en faisant diversion, par la relégation au deuxième plan de la campagne présidentielle d’Ahmed Benbitour, tout en induisant dans l’erreur le mouvement des chômeurs, en faisant l’apologie de leur action pour mieux les envoyer en enfer.

La même stratégie semble se dessiner pour le traitement de l’offensive d’Ahmed Benbitour. Pour l’instant, il le laisse faire, en attendant certainement le moment propice pour agir. Car, là aussi, son absence de réaction paraît quelque peu contraire à ses habitudes. Alors qu’Ahmed Benbitour est lancé dans une campagne présidentielle marathon, c’est du moins ce que l’on constate, sans être inquiété, de l’autre côté, toute mobilisation politique est systématiquement réprimée.

Une chose est sûre, il a d’autres chats à fouetter pour l’heure, il lui faudra d’abord neutraliser l’offensive de l’islamisme radical, dont la menace, qui se précise, représente un véritable danger imminent. Celle d’Ahmed Benbitour peut attendre, chaque chose en son temps et le temps est le meilleur garant pour la perpétuation du statu quo et la préservation de l’hégémonie politique, semble-t-il comploter dans le dernier cercle de ses retranchements.

Youcef Benzatat

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Commentaires (25) | Réagir ?

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logique logique

jazairelizdihar. com est le site du Dr benbitour

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Khalida targui

perso, je connais pas ce Benbitour, je m'en foutais un peu mais depuis qu'il est devenu l'ennemi du pouvoir, c'est devenu mon pote suivez l'erreur, à tapper sur lui, ils lui rendent un immense service ces salopards qui nous empoisonnnt la vie depuis 1962

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logique logique

il s'agit d'un homme politique valable, integre qui a une bon programme, je vous invite à voir son site "jazair el izdihar. com" amicalement

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