Centrafrique : la France au secours du président Bozizé ?

La coalition Séléka est à Bangui.
La coalition Séléka est à Bangui.

Le président français a décidé l'envoi de renforts de troupes militaires dans la capitale Bangui. Après son intervention au Mali, la France s’implique avec armes et bagages en Centrafrique. Se contentera-t-elle de protéger ses ressortisants et d'observer la situation ?

Les rebelles centrafricains de la coalition Séléka ont annoncé samedi 23 mars leur entrée dans la capitale, Bangui, demandant aux Forces armées centrafricaines (Faca) de ne pas combattre et au président François Bozizé de quitter le pouvoir. Ce dernier était en Afrique du sud samedi.

La France a envoyé des troupes en Centrafrique pour sécuriser l'aéroport de Bangui face à l'avancée des rebelles qui affirment être entrés dans la capitale, a-t-on appris samedi de source diplomatique française. "Une compagnie a été envoyée pour renforcer et sécuriser l'aéroport de Bangui. L'aéroport est désormais sécurisé", a dit cette source. Quelque 250 soldats français se trouvaient à Bangui avant l'arrivée du nouveau contingent militaire dont le nombre n'a pas été précisé. Environ 1.250 Français vivent en Centrafrique. "Nous avons demandé à nos ressortissants de rester chez eux", a ajouté cette source. Des mesures ont été prises pour protéger les ressortissants français, a indiqué une autre source diplomatique.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné vendredi les tentatives pour saper la stabilité dans la République centrafricaine lors d'une réunion convoquée d'urgence suite aux informations faisant état de l'avancée des rebelles vers Bangui, la capitale centrafricaine. Les membres du Conseil de sécurité ont appelé les parties en conflit à éviter les actes de violence visant les civils, à garantir un transport libre et sécuritaire de l'aide humanitaire et à respecter les droits de l'homme et les normes internationales du droit humanitaire, selon une déclaration adoptée par le conseil. La France a par ailleurs demandé la tenue en urgence d'une réunion au Conseil de sécurité de l'Onu "pour trouver une voie de sortie" en Centrafrique, a indiqué une troisième source diplomatique française. 

Le régime de François Bozizé, au pouvoir depuis 2003, semble ne plus tenir qu'à un fil en Centrafrique. Le président n'a fait aucune déclaration samedi. Le Tchad, qui a été son principal soutien par le passé, a déjà indiqué qu'il ne le soutiendrait pas, pas plus que la France. Pour autant des troupes tchadiennes et françaises sont bel et bien à Bangui. La raison invoquée ? Protéger les ressortissants français. Le même argument d'abord avancé pour le Mali, avant que l'armée française ne se lance seule dans la traque des narco-djihadistes. Contredisant de fait, toutes les déclarations avancées par les officiels, qui disaient entre autres que la France n'enverra pas de troupes au sol au Mali. Quelle sera la position de la France concernant le Centrafique ? 

Le Séléka déjà à Bangui

Les rebelles centrafricains du Séléka sont entrés samedi dans la capitale Bangui et se dirigent vers le palais présidentiel tout en menant des combats contre les forces gouvernementales, selon porte-parole des insurgés. Dans la journée, les rebelles ont annoncé avoir passé le PK 12, le point kilométrique 12 qui marque l'entrée dans Bangui. "Nos éléments viennent d'entrer au PK 12. On appelle les populations à rester chez elles, les Faca à ne pas combattre, et le président Bozizé à partir", a annoncé depuis Paris l'un des porte-parole de la rébellion, Eric Massi. "Nous appelons toutes les forces sur le terrain à ne commettre aucune exaction, aucun pillage ou aucun règlement de compte contre les populations", a-t-il ajouté.

"Il y a des détonations aux portes de Bangui", a affirmé le général gabonais Jean Félix Akaga, commandant de la Force multinationale d'Afrique centrale (Fomac). Une source militaire centrafricaine sous couvert de l'anonymat a aussi indiqué que "des coups de feu ont été tirés autour du PK12". Ces coups de feu ont déclenché un mouvement de panique au sein de la population et de nombreux habitants ont commencé à fuir ou à regagner leurs domiciles en toute hâte, selon des témoignages recueillis à Bangui. Les magasins avaient fermé dès la nuit tombée. La circulation était quasiment inexistante en début de soirée, hormis les véhicules militaires qui sillonnaient les grandes artères banguissoises.

La rébellion avait lancé une offensive le 10 décembre dans le nord du pays et avait enchaîné victoire sur victoire face aux Faca avant de stopper sa progression sous la pression internationale à 75 km au nord de Bangui. Des accords de paix signés à Libreville le 11 janvier avaient débouché notamment sur la formation d'un gouvernement d'union nationale formée par le pouvoir de François Bozizé, l'opposition et la rébellion.

La rébellion avait annoncé reprendre les armes mercredi, arguant du non respect des accords par le clan Bozizé et déclenché à nouveau les hostilités vendredi. Les rebelles avaient franchi vendredi à la mi-journée les postes de la Fomac pour arriver aux portes de la capitale. Le PK 12 était le point limite avant le déploiement des soldats français dans Bangui pour sécuriser ambassade et ressortissants.

L.M./agences

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