Un autre enlèvement d'un enfant dimanche dans le Constantinois

Le maillage sécuritaire ne semble pas intimider les ravisseurs d'enfants.
Le maillage sécuritaire ne semble pas intimider les ravisseurs d'enfants.

Alors que la population de Constantine et des localités avoisinantes ont décidé d’une grève générale, ce jour dimanche 17 mars 2013, avec l’organisation d’une manifestation devant le tribunal de justice de Constantine, en solidarité avec l’enlèvement et l’assassinat de Haroun et d’Ibrahim, qu’un autre enfant âgé de 13 ans, a été enlevé et embarqué dans une voiture par des inconnus.

Cela s’est passé à 27 km au sud de Constantine, dans la petite commune d’Ouled Rahmoun, qui se situe au carrefour des routes allant vers Ain M’lila d’un côté et Oum el Bouaghi de l’autre. C’est entre 10 h 30 et 11 h 00 du matin que l’enlèvement a eu lieu. Cela s’est passé devant le CEM Abd al-Rahman al-Kawakibi, après que les enfants ont été renvoyés chez eux, suite à la grève générale en cours. C’est pendant le trajet retour entre le CEM et son domicile, que Salim Bahchachi, un élève de cet établissement, qui s’était certainement attardé sur le chemin, que des individus l’ont frappé à la tête et l’ont embarqué dans leur véhicule, pour ensuite prendre la direction de Guelma.

Pendant que tous les regards de la population de la région étaient orientés vers la manifestation qui se déroule au même moment devant le tribunal de justice de Constantine, le père de Salim reçoit un appel téléphonique de la gendarmerie de Guelma pour le prévenir que son enfant a été enlevé et qu’il se trouvait à ce moment à l’hôpital en leur compagnie. Alors que la population constantinoise, qui au départ manifestait pacifiquement pour faire pression sur les autorités locales à agir contre ce terrible fléau, et qui a sitôt tourné à l’émeute, provoquant un chaos indescriptible, celle d’Ouled Rahmoun, en apprenant la nouvelle de l’enlèvement de Salim, fut prise de panique et s’est spontanément rassemblée devant le domicile des Bahchachi, frappée de consternation et d’effroi. Dès l’annonce de la nouvelle, tous les hommes de la famille Bahchachi se sont dirigés vers Guelma.

Selon les premières informations recueillies auprès des parents de Salim, l’enfant, qui s’était remis du choc du coup qu’il a reçu à la tête peu de temps avant l’entrée à la ville de Guelma, s’est mis à crier et à gesticuler dans le véhicule à la vue d’un barrage de gendarmerie. Pris certainement de panique, les malfaiteurs ont passé à grande allure le barrage sans s’arrêter, en éjectant l’enfant sur le bas-côté de la route. On ne sait pas encore si l’enfant a sauté du véhicule tout seul ou bien s’il a été éjecté volontairement par les malfaiteurs. Une chose est sûre, les gendarmes, impuissants ou laxistes, n’ont pas pu arrêter le véhicule à cet instant, qui s’est perdu dans la nature.

L’enfant a été conduit par la suite à l’hôpital de Guelma et s’en est sorti avec un bras fracturé et quelques blessures légères sur le corps. Même si sa vie n’est plus en danger, il gardera, cependant, lui, sa famille et ses proches, un traumatisme profond de cet épisode tragique durant toute leur vie,

Le traumatisme, à présent, n’affecte plus seulement les familles concernées par ces enlèvements abjects, mais toute la population algérienne, qui n’est plus à l’abri d’une telle tragédie, devant la récidive périodique de ce fléau dans les quatre coins du pays.

Avec ces évènements révélateurs, la déliquescence de l’État algérien a atteint un point non-retour. C’est la descente aux enfers. L’État est démissionnaire. Seul lui importe le maintien au pouvoir et le pillage du trésor public. Dans un État soucieux de la sécurité publique sur son territoire, il aurait donné le signalement du véhicule incriminé aux médias pour informer la population et déclencher immédiatement un plan de recherche et de bouclage de la région pour son arrestation, afin d’éviter qu’il récidive. Alors que déjà dans l’affaire de Haroun et d’Ibrahim la loi de l’omerta a été imposée aux médias (par contrainte implicite, voire par complicité dans certains cas), pour minimiser l’importance de l’évènement, afin de ne pas attirer l’attention de la population et d’éveiller ses soupçons sur le grave déficit de sécurité publique. À ce propos, les deux assassins présumés de Haroun et d’Ibrahim résidaient dans un appartement situé dans un immeuble de la nouvelle ville d’Ali Mendjeli, qu’ils louaient à une femme, qui en est la propriétaire. Selon les confidences d’un policier, dont nous terrons le nom pour des raisons évidentes, il semble qu’il y a un troisième suspect, qui serait une femme, mais sans préciser s’il s’agit de la propriétaire de l’appartement ou d’une autre personne. C’est dire que cette monstrueuse affaire n’a certainement pas révélé tous ses secrets et le pouvoir n’a aucun intérêt de les médiatiser. Selon une avocate du barreau de Constantine, qui s’est adonnée, elle aussi à la confidence, elle a révélé l’existence d’un ordre transmis par une communication téléphonique de la part du pouvoir occulte, au procureur Mohamed Abdelli, qui a été chargé de communiquer avec la presse sur cette affaire, de taire l’état des corps, affreusement mutilés, et ce qu’Haroun et Ibrahim ont malheureusement subi pendant leur enlèvement. En complète contradiction avec le premier rapport de police diffusé par l’agence gouvernementale APS.

Sans exagération aucune, l’Algérie dérive vers l’absurde et le chaos, sans qu’il y ait une prise de conscience collective qui se manifeste dans l’espace public et dans les médias pour donner l’alerte. La dérive vient de l’absence totale de l’État devant l’insécurité publique grandissante. Celle-ci n’est plus assurée et la population, abandonnée à elle-même, est exposée à toutes sortes de violences et de racket par des bandes organisées : prostitution, drogue, criminalité, violences urbaines, à quoi il faut rajouter ces enlèvements d’enfants abjects et leur assassinat et toutes sortes d’insécurités auxquelles est exposé fatalement la population.

Un état de fait, qui arrange à coup sûr le pouvoir, pour détourner la population des préoccupations politiques et de la contestation de son illégitimité, pour lui laisser le champ libre au pillage de la rente des hydrocarbures et au dépeçage de l’Algérie, avec le regard complice et intéressé de toutes sortes de charognards qui gravitent autour, pour quelques onces d’os.

Youcef Benzatat

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Commentaires (11) | Réagir ?

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Khalida targui

quand ils veulent nous empechr de protester, ils sont forts, mais ils ne sont pas obligés de nous proteger, l'armée et la police c'est pour eux, et dire qu'ils ont liberé tous les tueurs en serie pour se recycler dans le commerce des organes c'est éceurant, les Constantinois doivent garder leurs gosses chez eux c'est la seul solution

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Arthur François

Qui a dit qu'il n'y a aucune liberté en Algérie ?

Nous sommes bien sur libres, très libres de choisir la meilleure forme de terrorisme qui nous zigouille un par un froidement dans nos chairs, nous sommes libres de choisir à quelle sauce on peut être bouffés et avec cette forme d’abandon de l'état après nous avoir livrés aux pires charognards des décennies durant, ils sapent le moral mêmes aux animaux mais surtout avec ces phénomènes notre pays devient un laboratoire à fabriquer les dérives sociales à ciel ouvert, comment voulez vous que des enfants qui ne pensent qu'à leur sécurité en allant à l'école (une école sans avenir aucun) pensent un jour qu'ils puissent vivre en paix ? après avoir essayé de vendre le sous sol du pays ils détruisent le reste.

Y aurait quelqu'un qui penserait un instant forcer un barrage de gendarmerie et s'en fuir ? franchement comme mascarade y'a plus ridicule !.

Seulement eux ils étaient près ils avaient rempli leur rang de toute sorte de commis de flics de baltaguias, ils ont ainsi les mains propres.

Continuons donc à traiter nos concitoyens de Kabylie (revendicateurs) d'anti -révolutionnaires ?, de mécréants ? de séparatistes ? ils nous ont toujours dicté le vrai chemin mais ont a jamais voulu y croire (parce qu'il y a par exemple parmi eux des kabyles de service) .

Avec ces formes de terrorisme est ce qu'il manque des mosquée comme celle que boutef veut ériger avec l'aide de ces amis de Qatar et de l'arabie Saoudite.

De quoi peut on avoir peur de la mal vie, de l'insécurité du manque de tout ? le paroxysme avec les terrorismes des enfants est atteint alors vivez dignes ou disparaissez de la surface de la terre.

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