Kenya : vers un second tour pour la présidentielle

La participation a atteint 70%.
La participation a atteint 70%.

Le Kenya, encore hanté par les violences post-électorales de 2007, semblait vendredi s'acheminer vers un second tour de l'élection présidentielle, le score de Uhuru Kenyatta frôlant la barre fatidique des 50% au fur et à mesure du dépouillement.

Si tel était le cas, le pays risquerait de connaître un second tour tendu avec un duel entre le vice-Premier ministre sortant et l'actuel chef du gouvernement, Raila Odinga. Le fils du "père de l'indépendance", Jomo Kenyatta, devance son rival depuis le début des opérations de dépouillement, qui prennent leur temps quatre jours après le scrutin de lundi. D'après le décompte fourni par la commission électorale vendredi à 11h45 GMT, sur 10.056.702 bulletins dépouillés dans 233 des 291 circonscriptions du pays, Uhuru Kenyatta menait avec 5.000.900 voix (49,7%) contre 4.425.997 voix (44%) pour Raila Odinga.

La participation a atteint 70% des 14,3 millions d'électeurs.

Uhuru Kenyatta présente la particularité de devoir comparaître cet été devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour crimes contre l'humanité en rapport avec l'explosion de violences de la fin 2007-début 2008. Les résultats d'un cinquième environ des circonscriptions restent toutefois à dépouiller et il n'est pas exclu que Uhuru Kenyatta, candidat de l'ethnie majoritaire des Kikuyus, atteigne finalement le seuil des 50% lui assurant la victoire dès le premier tour. Les opérations de dépouillement sont contestées dans les deux camps mais considérées comme globalement crédibles par les observateurs internationaux.

L'élection, d'après toute vraisemblance, se conclura donc sur le fil du rasoir d'autant que le président de la commission électorale a fait savoir que les autorités étaient résolues à en finir "ce vendredi". "Le processus (de dépouillement) doit s'achever aujourd'hui", a déclaré à la presse James Oswago. Le scrutin est considéré comme un test capital pour l'avenir du Kenya, première économie d'Afrique de l'Est, dont l'image a été sérieusement écornée par l'explosion de violences d'il y a quatre ans.

Beaucoup dépendra à cet égard de la manière dont les résultats définitifs seront acceptés et de l'existence ou non de contestations auprès des tribunaux et, pire, dans la rue. En dépit de problèmes techniques qui ont retardé le comptage des voix, les observateurs internationaux ont salué un vote et un dépouillement transparents. Fin 2007, la contestation du résultat de l'élection par Raila Odinga, battu par le président sortant Mwai Kibaki, avait dégénéré en affrontements ethniques responsables de la mort de 1.200 personnes.

Chaque camp a cependant soulevé des questions sur le déroulement du scrutin, ce qui pourrait repousser la date du second tour, normalement prévu en avril si aucun candidat n'a franchi le seuil des 50% de suffrages exprimés lundi. Le camp de Raila Odinga, bien implanté chez les Luos, une ethnie influente de l'ouest du pays, a réclamé en vain jeudi l'arrêt des opérations de dépouillement.

Reuters

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