Syrie : les rebelles s'emparent de la ville de Raqa

La statue de Hafedh El Assad déboulonnée par les opposants.
La statue de Hafedh El Assad déboulonnée par les opposants.

Les combattants armés de l'opposition ont pris lundi le contrôle de ce chef-lieu de province du nord du pays. Une première depuis le début de la révolte. A Alep les combats se poursuivent.

Les opposants armés ont remporté lundi leur victoire la plus importante depuis le début de la révolte en Syrie, en s'emparant Raqa, un chef-lieu de province, au moment où Washington avalisait implicitement des livraisons d'armes par des pays du Golfe aux rebelles "modérés". Après une attaque lundi en territoire irakien qui a coûté la vie à 48 soldats syriens et neuf gardes irakiens, Bagdad a promis de résister aux tentatives de propager la crise syrienne en Irak.

À Raqa, chef-lieu de la province éponyme, "les rebelles contrôlent presque entièrement la ville", a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales. Les combats se poursuivaient et la ville était visée par des raids de l'aviation du régime, indique la même source. "Dans les prochaines heures, Raqa sera la première capitale de province à être hors du contrôle du régime", a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Selon lui, ce sont les djihadistes du Front Al-Nosra, alliés à d'autres groupes, qui combattent dans la ville.

La statue de Hafez el-Assad détruite

Une statue de Hafez el-Assad, prédécesseur et père de l'actuel président Bachar el-Assad, a été détruite, selon une vidéo mise en ligne par des militants. Des informations font état de la mort d'un chef de la police, a précisé l'OSDH, ajoutant que le chef de la sécurité d'État avait été transféré en Turquie. Proche de la frontière turque, la ville de Raqa comptait 240 000 habitants, mais plus de 800 000 déplacés sont venus s'y installer depuis le début du conflit en mars 2011.

"Le peuple syrien a vécu une journée historique aujourd'hui avec la prise de Raqa", s'est réjouie le Conseil national syrien, principale composante de la coalition d'opposition, décrivant cette conquête comme "une victoire décisive". En revanche, les forces gouvernementales menaient une offensive majeure pour reprendre les quartiers sous contrôle rebelle de Homs (centre), a indiqué l'OSDH, évoquant les "combats les plus violents depuis des mois" dans cette ville qui fut à la pointe du soulèvement avant d'être en majorité reconquise par le régime.

Le conflit s'étend à l'Irak

Au total, au moins 105 personnes ont péri dans les violences lundi à travers la Syrie selon un bilan provisoire de l'OSDH. Le secrétaire d'État américain John Kerry a promis de continuer à renforcer l'opposition syrienne sans l'armer, tout en donnant implicitement son aval aux livraisons d'armes aux rebelles "modérés" effectuées par des pays du Golfe. John Kerry, dont l'administration refuse d'armer les rebelles syriens, a répété à Riyad qu'il n'y avait "pas de garantie qu'une arme ou une autre ne puisse pas tomber dans de mauvaises mains".

Toutefois, prenant acte du fait que des armes sont envoyées aux rebelles par l'Arabie saoudite ou le Qatar, il a estimé que l'opposition syrienne avait "maintenant la capacité de s'assurer" que ce qui est destiné à "l'opposition modérée et légitime lui parvient effectivement". En Irak, 48 soldats syriens et neuf Irakiens ont été tués dans une embuscade tendue par un "groupe terroriste infiltré depuis la Syrie", selon le ministère irakien de la Défense à Bagdad. Nombre de soldats syriens "sans armes et blessés" dans les combats ce week-end du côté syrien de la frontière, avaient fui vers l'Irak pour des soins médicaux.

Ils étaient escortés vers la Syrie pour un retour via "les canaux officiels", précise le ministère. Mais en chemin, ils sont tombés dans une embuscade que le ministère a dénoncé comme "une attaque contre la souveraineté de l'Irak, son territoire, sa dignité et une violation claire des droits de l'homme, (les soldats) étant blessés et non armés". Cette embuscade dans la province d'Anbar (ouest), 24 heures après que l'opposition syrienne a accusé l'Irak d'ingérence en Syrie, risque d'entraîner ce pays dans la guerre civile qui déchire depuis près de deux ans son voisin syrien - ce que Bagdad s'est engagé à ne pas laisser faire.

Avec AFP

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