Il y a 56 ans, on assassinait Mohamed Larbi Ben M’hidi !

Larbi Ben M'hidi narguant ses geôliers.
Larbi Ben M'hidi narguant ses geôliers.

Et de se dire encore Me Belkacemi [1] :

"Le monde et la vie sont tellement… comment dire ? Compliqués que, en ce qui me concerne et depuis que je traîne cette maladie, je me résous à m’occuper du minimum et par minimum j’entends : ne pas m’ennuyer, ne pas laisser le vide s’installer dans ma vie et découvrir de jour en jour une autre façon d’être sans pour autant m’encombrer de scrupules. J’essaierai d’être utile le moment opportun. Pour le moment, ces cours que j’assure à l’université me permettent de transmettre, en plus du savoir nécessaire en matière de droit, de faire également œuvre utile en attirant l’attention de mes disciples sur les vertus de la culture et du savoir en général, à commencer par l’Histoire, notre Histoire. Je me plais à leur parler à l’occasion du roi Juba II que Rome avait élevé, éduqué, marié (à la fille de Cléopâtre, la septième reine d’Egypte qui finit sa vie en se donnant la mort), avant de le faire monarque de la Maurétanie dont Césarée autrefois, Cherchell aujourd’hui, fut la capitale".

Et de se dire à nouveau l’avocat :

"J’aimais à raconter cet épisode où le roi Juba, absorbé à lire quelque ouvrage dans sa grande bibliothèque où il passait le plus clair de son temps, fut surpris par Takfarinas, ce chef révolté Gétule, pour lui parler, le sermonner, lui reprocher d’être l’allié de Rome qui avait poussé son père au suicide, mais pas seulement ! La puissante Rome conquérante, l’occupante qui avait fait assassiner Jugurtha dans son cachot dans les profondeurs de la cité impériale comme du reste le fera des siècles plus tard, la France coloniale en ordonnant l’exécution de Mohamed Larbi Ben M’hidi, arrêté le 23 février 1957 si ma mémoire est bonne, par la 3eme RPC dans un appartement loué par le FLN, rue Claude Debussy à Alger. Ben M’hidi fut transféré dans un centre de torture à El-Biar. Il fut remis aux hommes d’une "Section Spéciale" de parachutistes qui l’ont interrogé pour leur propre compte jusqu’à ce que mort s’en suive, la nuit du 3 au 4 mars de la même année. Deux jours plus tard, le porte-parole de Robert Lacoste déclara dans une conférence de presse : "Ben M’hidi s’est suicidé dans sa cellule en se pendant à l’aide de lambeaux de sa chemise."

Et le professeur juriste de poursuivre :

"A la Une de la presse coloniale parue au lendemain du crime, on pouvait lire : Larbi ben Mehidi, membre du comité exécutif FLN s’est suicidé par pendaison. Vous voyez Ben M’hidi se suicider ?! Lui qui aurait dit aux policiers qui l’emmenaient : "Gardez-moi bien ; à la première occasion, je m’évaderai". On avait dit ça aussi de Jugurtha ! Il se serait suicidé lui aussi ! Non ! Ben M’hidi, le peuple sait qu’il avait été torturé par les hommes de Bigeard et comme il refusait de divulguer les secrets de l’organisation, de la révolution ; comme il leur a tenu tête, il fut lâchement fusillé par Max Lejeune, Ministre de la guerre qui « estimait en effet que Ben M’hidi avait causé suffisamment de dégâts pour que sa disparition fut souhaitée » dixit le général Massu dans son livre La Bataille d’Alger.

Une balle avait bel et bien été trouvée dans son corps autopsié en 1965 et c’est la sœur Fatma du chahid qui le dit. Dixit le quotidien Echaab, Le Peuple des 10 et 11 mars 1986.

La nuit tombe tout à fait mais tel que j’étais assis, je demeurais ; je voulais sans doute solder mon compte en finissant de dire : "Mais Juba, vous pensez qu’il ignorait l’Histoire de son pays, même s’il a été enlevé à cette terre d’Afrique avec toute sa famille, suite au suicide de son père qui ne voulait surtout pas tomber entre les griffes de ses ennemis ? Non ! Juba savait tout ça lui l’érudit, le plus savant de tous les monarques berbères".

Il se dit, maître Tahar Belkacemi : "J’ai déjà habitué mes disciples aux pérégrinations à travers l’Histoire. Le héros national qui s’est imposé à moi et dont je ne pouvais différer le propos n’est autre que Ben M’hidi Larbi, ce natif d’Ain M’Lila, près de Constantine, l’antique Cirta où régnèrent les monarques numides.

"Savez-vous que Ben M’hidi fut le seul à répondre présent à l’invitation d’Abane Ramdane pour assister à cette rencontre d’Ifri, appelée le congrès de la Soummam ? Bien sûr que vous ne le savez pas ! Alors qu’il se trouvait à l’extérieur, au Caire plus exactement ! Avec Khider, Boudiaf, Ben Bella et Ait Ahmed ! Savez-vous aussi qu’il avait rejoint la Wilaya III, ajoutai-je, non sans une certaine jubilation, en compagnie de son ami Abane et que pratiquement tous les deux ont trouvé la mort à la même année ! L’un en mars, l’autre en décembre !"

Je m’étais oublié ! Ils étaient là, étudiants et étudiantes pour la plupart, à écouter pieusement ce récit si vrai, de ces héros si purs ! Le feu encore ! Cette odeur de fumée qui se dégage ! Elle fait désormais partie du décor, de la maison. Je trouve qu’elle n’est pas mauvaise du tout quoi qu’en pense Malika ! C’est comme l’odeur du fumier, dès qu’on s’y habitue.

Je parle de tout ça et ici !

"Mais oui mon vieux ! Je me dis, car même si cet endroit me sert de refuge, comme le ruisseau de Fadhma, la mère de Jean et de Taos, dans sa jeunesse, dans cette espèce de pensionnat à Fort National peut-être ou à Tadart Oufella, je ne me rappelle plus ! Même si cet endroit, disais-je, me sert de refuge, c’est pour le repos du guerrier que je ne voudrais jamais cesser d’être. Il n’en demeure pas moins que je suis avocat ; que je suis juriste et qu’en tant que tel, je me dois d’être solidaire et d’agir en conséquence pour secouer l’arbitraire, dénoncer cette dérive d’une justice aux ordres qui ne respecte même pas les lois dont elle est censée être garante, qu’elle se doit de défendre.

C’est bien beau de discourir par exemple sur Ben M’hidi, ce militant infatigable qui a fait preuve d’engagement sans réserve aucune, qui a connu en 45 déjà la détention dans les sous-sols d’un commissariat nauséabond, puant les excréments et autres eaux usées. C’est bien beau ! J’ai certes besoin de venir ici, mais c’est juste, au bout du compte, pour me ressourcer, pour pouvoir me dire que la vie reste belle malgré la misère qu’ils nous font subir ; que notre pays est beau, en dépit de cette frénésie qui s’empare des hommes à vouloir casser du militant qui ne fait en fait que poursuivre cet idéal pour lequel sont morts les Ben M’hidi, les Abane et les autres Hassiba, le petit Omar, le jeune Nafaa At Oussadi, Ali la pointe etc.."

Je me dis ensuite :

"Non, non et non ! Nous n’avons pas le droit d’abdiquer, de nous dire que tout va bien alors que rien ne va et rester sans rien faire. Non ! L’école, l’université, la justice, tout ça doit changer. Et ce n’est pas avec cette équipe qui s’accroche au pouvoir que les choses vont changer ! Ce n’est pas avec ces hommes qui bradent les richesses du pays que nous avancerons ! Que les choses vont s’améliorer".

Nacer Achour

[1] Personnage principal du roman en chantier intitulé Nous irons jusqu’au bout de nos peines de Nacer Achour

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Commentaires (10) | Réagir ?

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oziris dzeus

Le deal entre les français d'un coté et les embusqués de bouss de l'autre, aurait été ainsi : aidez nous éliminons benmehidi abane zighout amrouche haoues lotif et les autres, nous les français nous auront la paix et vous les bouss boutef boumed les daf les promos lacoste vous aurez l'Algérie pour y faire ce que bon vous semble et disposerez des algériens a votre guise. et c'est ce qui à été fait.

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oziris dzeus

BENMEHIDI et ABANE sont le premières Victimes de la purge (la guerre) de bouss contre le ténors du FLN ALN pour faire de la place. d'autres suivront par la suite.

En 1959 s'en été fini avec les têtes du FLN/ALN, pour baliser le terrain et permettre l'occupation d'Alger par une bande de collaborateurs de la France.

Un vrai de travail contre révolutionnaire à été mené par bouss et ses malguistes, en collaboration avec les français. qui croit que bouss a mis en place un (service) pour combattre les services spéciaux français qui étés là depuis au moins un siècle. les français doivent rigolé chaque jour qu'il ont l’écho sur le hauts faits de malguistes et ce que aurait fait bouss.

Tous les héros du FLN/ALN sont morts dans des conditions suspectes. et dire qu'aucun des chefs malguistes bouss boutef boumed (entre autres) ne porte la moindre blessure de guerre. il est était difficile aux français de les éliminés c'était tous des james bond.

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