Des alternatives proposées en débat en Algérie

Il faut sortir de la dépendance aux hydrocarbures avant qu'il ne soit trop tard
Il faut sortir de la dépendance aux hydrocarbures avant qu'il ne soit trop tard

L’Algérie jouit d’un vaste domaine minier estimé à plus de 1 536 442 km2, (1) dont uniquement 774 688 km2 sont utilisés.

1- L’ouverture des capitaux des entreprises ou la privatisation : 

Il a été constaté que désormais les investisseurs, notamment étrangers, s’intéressent plus aux secteurs à forte croissance pour la partager avec les Algériens et leur laissent la prise en charge du coût social au risque d’enflammer le pays. Quant aux privés algériens, ils s’emparent des activités accessoires et ancrent leurs ventouses dans le seul but de sucer la rente pétrolière. Selon l’Office national des statistiques (ONS), organisme étatique en la matière, il a été recensé en 2011 près de 959 718 entités économiques en Algérie, dont plus de 853 370 unités, soit 88,92% restent versées, soit dans le commerce soit dans les services, toujours est-il, très éloignées de la production proprement dite. (1)

2- Diversifier l’économie :

Depuis pratiquement 1985, les experts n’arrêtent pas de lancer cette formule générique sans pour autant circonscrire les domaines dans lesquels l’Algérie pourrait exceller pour faire face au marché international. Que reste-t-il de l’agriculture, de l’industrie, de l’éducation, des services, etc ? L’informel guide l’économie aujourd’hui. C’est un fait incontestable.

3- Ne plus vendre du pétrole :

Le laisser dans le sous-sol ne garantirait pas le maintien de sa valeur dans le temps et surtout ne fructifierait pas son rendement, sauf si les cadres algériens sont réellement en panne d’idées.

4- Investir les fonds souverains à l’étranger :

Si les cadres algériens n’ont pas réussi à utiliser ces fonds pour le développement national, comment pourraient-ils les redéployer à l’international face aux mastodontes des investissements. Ce débat autour d’une stratégie alternative au pétrole dure dans le temps, mais l’objet autour duquel se situe cette discussion interminable demeure une source tarissable. Alors, avons-nous assez de temps pour continuer ce débat ? Pour répondre, nous faisons un rappel succinct de l’existant en matière de ressources en hydrocarbures en Algérie.

Quelques chiffres du secteur des hydrocarbures

L’Algérie jouit d’un vaste domaine minier estimé à plus de 1 536 442 km2, (2) dont uniquement 774 688 km2 sont utilisés. Un peu moins de la moitié, soit 761 754 km2, reste vierge et susceptible de renfermer des hydrocarbures. 371 850 km2 sont soit en phase de prospection soit en celle de recherche. Cela est un atout considérable que seuls les Français et partant les américains en sont conscients. Le cadre législatif a évolué depuis 1986 dans un souci d’attirer les investisseurs pour trois raisons : partager le risque d’exploration, explorer les zones en profondeur du Sahara, augmenter les réserves. Il y a eu successivement : la loi 86-14 du 19 août 1986 amendée en 1991, pour alléger les dispositions fiscales ; ensuite la loi très contreversée sur les hydrocarbures 05-07 du 26 avril 2005 modifiée par l’ordonnance 6-10 du 29 juillet 2006 enfin revue en 2012 pour s’ouvrir formellement aux ressources non conventionnelles. On est donc passés d’un régime de «partage de production» à un autre dit de «concession évoluée». Il faut souligner que depuis la promulgation de cette dernière ordonnance, les investisseurs ne se bousculent pas pour prendre les blocs proposés par l’agence Alnaft. Cela a du contraindre les pouvoirs publics à revoir leur copie pour certainement assouplir le système fiscal. En général, il est admis en exploration qu’entre le moment d’investir et le début d’exploitation, il faut compter au moins 5 ans pour la phase de recherche et de délinéation et de 2 à 4 ans pour le développement, donc toutes les découvertes actuelles sont l’œuvre des contrats de partage de production qui ont conduit depuis 1986 à plus de 266 découvertes, dont 155 ont été faites par Sonatrach seule et 111 en association. On a annoncé 4 autres découvertes en 2012 et ce, en attendant la publication par Sonatrach du rapport des activités de l’année en question. Selon le revue de BP Statistical Review of World Energy, (3) on évalue les réserves de l’Algérie pour le:

- Pétrole : 12,2 milliards de barils, soit 18,5 ans au rythme de production actuel.

- Gaz : 4500 milliards de m3, soit 55,3 ans

Ces chiffres sont contestés par le milieu officiel, et le ministre de l’Energie et des Mines a déclaré le 4 janvier 2011 que nos réserves ne vont pas s’épuiser dans ces délais sans donner d’autres chiffres. On peut uniquement se contenter des déclarations du PDG de Sonatrach dans sa conférence de presse du 7 février 2012, qui situe leur augmentation de 40 à 50% ces dix dernières années. (4)

De la nouvelle donne du marché des hydrocarbures. Elle dicte de revenir aux fondamentaux avec des projections quantifiées. En dépit de la crise européenne, toutes les études prospectives s’accordent pour prévoir :

- Une demande de pétrole, alimentée surtout par les pays émergents et qui oscillerait autour de plus ou moins 2%/an et notamment en diminution cette année selon le dernier rapport de l’AIE.

- Malgré la croissance modeste, la part des hydrocarbures reste prépondérante ;

- Une importance marquée du gaz naturel ;

- La production de pétrole restera concentrée dans les pays du Moyen-Orient, l’OPEP est amenée à doubler sa production pour passer de 30 à environ 60 Mbj à l’horizon 2030.

Conclusion

La part du marché gazier algérien demeure en dépit de son atout de proximité menacée par le gaz de schiste américain, l’abondance du charbon qui vient en Europe, les concurrents russe et qataris. En plus, depuis 2011(5), l’Algérie vient d’ajouter un autre poids à ses difficultés économiques : celui de la consommation interne qui ne cessent d’augmenter pour atteindre des proportions inquiétantes. En 2011, les importations des carburants ont augmenté de 78% par rapport à 2010, on peut imaginer l’ampleur en 2013. Donc en absence d’une alternative aux hydrocarbures, dans moins d’une décennie, l’Algérie ne pourra plus exporter des hydrocarbures alors, comment financera t-elle le développement projeté ?

Rabah Reghis, consultant et économiste pétrolier

Renvois :

(1) rapport de l’ONS paru en 2012

(2) rapport d’activité 2009 du ministère de l’énergie et des mines

(3) Revue des statistiques de BP 2012 disponible dans leur site

(4) El Watan du 4 janvier 2011 et du 7 février 2012

(5) Rapport d’activité 2011 de Sonatrach disponible : www.sonatrach.dz

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Commentaires (2) | Réagir ?

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mohamed boudebza

Monsieur Ramses II, vous revez trop, vos solutions exigent de la competence et de la clarté on n'a ni l'un ni l'autre alors que monsieur Reghis parle de la réalité

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R A M E S S E S II

Monsieur Reghis, le titre de votre article est en contradiction avec le corps de l'article! Certes ce que vous écrivez est juste néanmoins, en tant tant que expert on a plutôt besoin de SOLUTIONS d'avenir.

Le fait de parler de consommation interne de l'énergie, gasoil, essence, gaz de ville et villages, la consommation explose de partout, on importe de la voiture à tour de bateau, on installe de la climatisation dans toutes les bâtisses, .... ce qui fait explosé tous les compteurs de la consommation, qui génère un déséquilibre à la pompe, sur le réseaux d’électricité.

Je pense que le problème ne réside pas chez Bouteflika, ni dans une lettre à Médiene, ou Chadli Bendjedid, le problème est dans le peuple Algérien dans son ensemble, avec 40 millions d'Algériens, avec un pays comme l'Algérie on a même pas besoin de vendre du pétrole et du gaz pour survivre, on a pas besoin d'être un génie de l'économie pour se rendre compte que l'incompétence est le moteur de l'économie Algérienne. Que ça soit chez Sonatrach, Sonelgaz, Sonarem, ou Sonasber, même rituel pour l'éducation, université, hypocrisie, fait de sorte que l'élite Algérienne est partie sous d'autres cieux, et elle fait le bénéfice d'autres pays.

Je me pose quelques questions pour répondre à votre titre ou celui du Matindz:

1. On lançant un programme de 2 millions de logements, pourquoi nos experts et nos ministres n'ont pas intégré l'isolation des maisons neuves comme loi et obligation, vous avez 40 à 50 % de gain sur les pertes chaleur et climatisations, vous avez réduit de moitié les consommations des ménages! Pourquoi ne pas chauffer l'eau avec des panneaux thermiques, il faut que cela devient une obligation, le soleil est notre sauveur, on reviendra à nos pratiques païennes, dieu soleil et la technologie!

2. Sachant que l'Algérie n'est pas un pays industrialisé, pourquoi ne pas mettre en priorité les secteurs de base pour un Africain du nord, l’Agriculture, l'Artisanat et le tourisme quatre saisons?

Au lieu de financer des véhicules pour l'ANSEJ, je préfère financé des Étables modernes pour nos éleveurs et financé du matériel agricole moderne pour les céréaliers par exemple, appliquer des solutions renouvelables pour le sud, des pompes solaires pour les Touaregs, aider la population du sud à se sédentariser et développer au mieux l'agriculture saharienne dont 18 % de la production nationale vient du sud, n'est ce pas Monsieur Benaissa! et les exemples ne manquent pas pour l’artisan, le tourisme pas 5 étoiles, mais un tourisme de proximité, l'Algérie est un hôtel 5 étoiles dans son ensemble, soleil, mer, désert, montagne!

3. Pourquoi un ministre de l'environnement, au lieu de solutions durables, préfère des CET (centre d'enfouissement technique), sachant que c'est ce genre de solutions environnementales est une bombe à retardements pour tout ce qui est nappes! les centres de tris, les déchetteries, compostages des déchets organiques, on a pas besoin d’être un génie pour composter ses déchets ménagers? Le monde de la récupération, des bureaux d'études, un véritable vivier pour la création d'emploi.

4. Comment sortir du tout pétrole et gaz d'ici 2050 et du tout import? C'est en revenant à nos bases ancestrales et un développement durable, économie verte, la R&D dans le domaine de la production des biodiesels de troisième génération, l'informatisation de la société etc,...

L'Algérie a une chance de sortir du tout pétrole et du tout import, 200 milliards de $ d'appoint à ce plan pour l'avenir des futurs générations à qui, il faut d'abord pensé à léguer une éducation moderne par une école moderne, loin des milieux religieux et fanatiques, et cela passera nécessairement par des lois simples à l'instar de nos députés, soit d'un niveau d'instruction suffisant, ingénieur, licencié, ou manager, le maire ne sera pas le plombier du coin, le wali sera élu non pas désigné, le président aura au moins son bac et qu'il soit surtout Algérien de souche, l'Algérie a suffisamment importé de président depuis l'antiquité.

Voila Monsieur Reghis, on a besoin de solutions, "comment sortir du tout pétrole et du tout import à l'horizon 2050"!

à l'instar de Monsieur Mebtoul, 50 millions d'Algériens sans gaz ni électricité en 2050, ni forêt, je pense qu'on aura pas d'autre choix que la guerre qui va nous consumer, nous éternels consommateurs, de produit qu'on ne produit pas, nous ne sommes pas de bon musulmans!

Ramesses II