1. Des personnalités sur une liste noire

1. Des personnalités sur une liste noire

Signe que ces menaces sont prises au sérieux, le siège du Front populaire, rue de Palestine, est sous haute surveillance.

De notre envoyé spécial Hassane Zerrouky

Dans un climat de plus en plus lourd, des journalistes, des militants de gauche, des syndicalistes et responsables de la société civile font figure de cibles à abattre. Tout Tunis en parle. Des photos de journalistes, de militants de gauche et de la société civile, à exécuter, circulent sur le Web. Parmi elles, le défunt Chokri Belaïd, mais aussi des noms connus comme Tewfik Ben Brik, le doyen de la faculté des Lettres de la Manouba Habib Kazdaghli, Nabil Karoui, le patron de la chaîne Nessma, Sami Fehri, le directeur d’Attounissia TV, actuellement incarcéré à la prison de la Mornaguia, la blogueuse Olfa Riahi, qui avait révélé une affaire de corruption impliquant le chef de la diplomatie tunisienne. Pas plus tard que jeudi passé, Houcine Abassi, le secrétaire général de l’UGTT (la centrale syndicale) aurait été menacé par téléphone si son organisation appelait à la grève générale suite à l’assassinat de Chokri Belaïd. "Ce n’est pas de la psychose. C’est du sérieux", affirme Hamadi Benyahia, militant du Front populaire.

Beaucoup, comme Riadh Benfadel, évoquent un risque de scénario à l’algérienne. D’autres à l’instar de Zied El Heni, président du syndicat des journalistes tunisiens (SNJT), et journaliste au quotidien de langue arabe Essahafa al Youm, lui-même figurant sur cette liste noire, croit savoir que l’un des commanditaires de l’assassinat du militant de gauche serait "n’est autre que Mehdi Zouari, le directeur général des renseignements généraux, récemment nommé à ce poste" ! Le journaliste, qui affirme avoir été informé par une source sécuritaire, assure que M.Zouari aurait recruté « une vingtaine de jeunes qui ne figurent nulle part sur les bases de données du Ministère de l’Intérieure (…) et qui suivent un entraînement quotidien en arts martiaux et en tir ». Convoqué pour s’expliquer, le journaliste a déclaré : "Si je n’avais pas cité les noms, rien ne me garantissait d’arriver chez moi à ma sortie des plateaux de Nessma TV. N’oubliez pas que mon nom figure sur la liste des personnes à éliminer qui circulent ici et là" ! Un collectif d’avocats a pris l’affaire en main pour assurer sa défense.

Signe que ces menaces sont prises au sérieux, le siège du Front populaire, rue de Palestine, est sous haute surveillance. Des policiers d’élite assurent sa protection. Toujours est-il que ces menaces se greffent sur une atmosphère lourde, délétère, de crise au sein d’Ennahdha, de divergences au sein de la coalition au pouvoir composé des islamistes, du CPR et d’Ettakatol les deux partis de centre-gauche. Et ce n’est pas l’arrestation de présumés suspects dont l’identité n’a pas été révélée ou que le tueur, un artisan, en fuite, ait été identifié sans que l’on sache exactement de qui il s’agit et à quel mouvance islamiste il appartient qui rassurera les démocrates tunisiens.

H. Z.

Taoufik Ben Brik menacé !

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Commentaires (3) | Réagir ?

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mohamed boudebza

je crois moi aussi que les tunisiens vont s'en sortir, c'est un vrai plaisir de les entendre debattre à la télé, ils ont des opposants et ils sont à l'ere de "Harlem Shake", bravo

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sam abed

Je pense que les tunisiens vont surmonter leurs difficultés car ils sont plus conscients et plus éduqués.

La seule chose qui m'inqiète c'est la main de l'étranger. Devinez qui a le plus interêt à destabiliser la Tunisie et faire capoter la révolution du jasmin pour demontrer que la révolution ou le printemps arabe comme on l'appelle, n'apporte rien de bien. Surtout ne cherchez pas très loin et l'avenir nous le dira.

Si j'ai un conseil à donner aux tunisiens, c'est celui de bien surveiller leurs frontières ouest, car pour se maintenir au pouvoir, le clan de Oujda est prêt à composer avec le diable.

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