OPINION : La langue hébraïque est instrumentalisée par le sionisme

OPINION : La langue hébraïque est instrumentalisée par le sionisme

La phrase "L’aventure de cette langue est un cas, unique, de langue ancienne et sacrée devenue une langue pratiquée au quotidien par tout un peuple,..." (1) contient à elle seule toutes les données du problème que révèle la seule "éligibilité" au rang d'invité au salon du livre 2008 à Paris des seuls auteurs écrivant en hébreu :

1/ Cette langue est "sacrée" ! Ah bon ? La langue du "peuple élu" sans doute ? La langue du peuple dont le Premier ministre vient de proclamer, après les massacres de Gaza et les protestations onusiennes que "Aucun peuple n'a le droit moral de critiquer Israël" ? La langue sacrée est celle d'un peuple inscrivant sa supériorité dans la définition même de son identité, le seul peuple dont la langue soit "sacrée"... Tous les mollahs fanatiques ont des leçons à prendre de cette arrogance là, eux qui ont depuis longtemps sécularisée la langue de leur prophète !

2/ C'est bien une langue "ancienne" redevenue artificiellement une langue coutumière en opposition au yiddish est-il démontré qui n'était qu'une langue "allemande"... Tout est dit ici du lien subliminal entre la référence à l'histoire des "juifs d'Europe" et la définition même de l'identité de l'état d’Israël.

3/ La langue pratiquée par "tout un peuple" est une affirmation tout simplement négationniste ! L'affirmation de la non-existence des arabophones, même ceux auxquels est soi-disant accordée une "nationalité" israélienne ; on peut aussi étendre aux russophones encore "mal intégrés" la même perspective de défiance. Hors l'assimilation totale, pas de légitimité pour les membres de ce "peuple" de plus en plus enfermé sur lui-même et de plus en plus arrogant envers ceux qui dénoncent sa dérive ultranationaliste. Le " mur " est aussi dans les têtes et ne semble pas prêt de tomber.

L’article de l’Humanité peut inspirer bien d’autres commentaires encore, dont un qui serait de s’interroger sur la raison de l’absence d’analyse critique au sein de cette presse prétendument porteuse d’un certain idéal concernant la paix et la coexistence entre les peuples. Peut-être à la veille d’un deuxième tour de municipales difficile est-il opportun de ne froisser personne ? L’histoire nous enseigne pourtant que l’effacement devant le pire ne peut que précipiter les catastrophes.

Pour être clair enfin, situons le problème dans sa véritable dimension, sans négliger d’analyser la responsabilité des "intellectuels " que sont les écrivains :

1 / Le premier objectif de la politique d’Israël n’est pas encore la "paix " mais la reconnaissance par la communauté juive du caractère "Juif " de cet état. La reconnaissance déjà acquise depuis plus de dix ans par l’OLP de l’état d’Israël ne suffit plus, il faut préciser désormais "Juif ", réglant du même coup le sort des résidents arabes qui seront déclarés apatrides sur le sol même de leur naissance et le sort des réfugiés dont le retour deviendrait inimaginable. C’est tout l’enjeu de la suite qui sera donnée à la conférence d’Annapolis, c’est tout l’enjeu du soutien apporté par Bush à l’état "Juif ", et de la position européenne et française sur le même sujet.

2 / Dans ce combat visant à légitimer un état racialement "pur " uni par sa langue "ancienne " et "sacrée ", les intellectuels sont chargés de la bataille culturelle pour faire accepter la légitimité de l’apartheid d’aujourd’hui, dont la non-invitation des "arabes " au salon n’est que la part la plus douce. Le gouvernement israélien sait qu’il ne gagnera pas la bataille "politique " s’il ne gagne pas la bataille "culturelle " ; le discours en hébreu au salon de Paris du francophone Shimon Pérés est une formidable bataille remportée contre ses hôtes sidérés et muets, incapables de protester, sachant tous que leur appréciation serait immédiatement jugée au regard de l’accusation d’antisémitisme qui accompagne toute critique de l’état d’Israël ; même lorsqu’il s’agit de désigner les incohérences et les outrances internes de cet état.

3 / Sans doute l’ensemble des invités sélectionnés pour le salon ne peut être suspect de complicité volontaire avec cette démarche, certains sans doute aveuglés par le nombrilisme des auteurs et l’amour réel de leur "pays ", se défendent même de ce soupçon. Presque tous "regrettent " l’absence des arabes ! Certains même l’ont écrit avant de venir et le répéteront publiquement ici. Cette dérisoire posture masque mal la duplicité de certains (voir Dr Amos et Mister Oz http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3353 ).

Maïakowski disait déjà : "Les mots sont des balles " et il avait raison ; on peut ajouter après Victor Klemperer que la langue n’est pas neutre et qu’elle véhicule "aussi " son idéologie ; il s’agit ici du sionisme revendiqué par quelques-uns de ceux là qui prétendent encore représenter le "camp de la paix "…La paix ; oui, mais sur la terre réservée aux seuls juifs s’exprimant dans la langue désormais "sacrée " que la France aura contribué à "consacrer " dans son salon du livre 2008. Cet événement est d’importance considérable, car c’est l’ambassade de France à Tel Aviv qui a délivré les documents de participation à ce salon, sans élever la moindre protestation avant l’irréparable. L’explication me semble plus importante que le boycott qui autorise Israël à adopter la posture de la « victime ».

La France a été, je l’ai dis déjà "prise en otage " par une manœuvre sioniste dont les répercussions seront considérables. Tous ces écrivains qui s’épanchent sur la question avec le "regret " de l’absence de leurs frères "arabes " sont dans la bataille culturelle comme ces soldats des territoires occupés qui résument leur état d’âme dans la formule "On tire et on pleure ". …Il ne fallait pas tirer !

Dr Jacques Richaud, Toulouse, 14 mars 2008

(1) Edna Degon, qui a oeuvré pour constituer la délégation des auteurs israéliens invités, nous donne son sentiment sur soixante ans de littérature.
La littérature israélienne invitée au Salon se définit par l’usage de la langue hébraïque. Comment s’est créée une littérature contemporaine en cette langue ?

Edna Degon. Il y a seulement cinquante ans, mes parents et grands-parents ne parlaient pas hébreu entre eux. L’aventure de cette langue est un cas, unique, de langue ancienne et sacrée devenue une langue pratiquée au quotidien par tout un peuple, avec son argot même, ses insultes…
(extrait du numéro spécial Salon du Livre dans l’édition de l’Humanité du 13 mars.)

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Commentaires (8) | Réagir ?

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Moïse32

Dommage que sur un sujet aussi interessant, les reactions reflètent plus de haine aveugle que de culture!

Pourtant, oui, on parlais et on ecrivait hébreu en Algérie, bien avant l'Arabe. Ceux d'entre nous qui se sont interessés à lhistoire de cette langue, savent maintenant que les écrits anciens sont souvent en aramnéen, (écrits de la mer morte) mais qu'apres le "séjour" des hébreux en Egypte, l'écriture hébraïque s'était structurée autour des hieroglyphes et chaque lettre hebreu en est un.

Cette langue n'est donc pas aussi as been que certains le disent, mais même les juifs ignorent tout ça, en tout cas la plupart!

Moïse32

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prince

Si ton grand pere l'ecrivait ta du garder une trace ! à moins que tu ne soit qu'un menteur cad un sioniste !

Quel est le seul peuple au monde qui n'a laissé aucune trace civilisationnel ; les hebreux, vous pouvez faire le tour de tout les musées du monde, rien, pas une fibre de textile, pas d'architecture, de litterature, rien de rien comme le chante edith piaf, le sionisme est une escroquerie et israel n'est qu'une base militaire deguisé en synagogue

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