Tunisie : Ennahda tergiverse et la crise politique joue les prolongations

La rue tunisienne vent debout.
La rue tunisienne vent debout.

La grave crise politique qui secoue la Tunisie depuis l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd déstabilise les partenaires du principal parti au pouvoir, Ennahda. Le parti du président Marzouki se scinde en deux.

La crise joue les prolongations en Tunisie. Le Premier ministre Hamadi Jebalire reprend ce lundi les tractations avec les partis politiques pour tenter de former un cabinet de technocrates. Mais cette initiative a du plomb dans l'aile en raison de l'opposition de son parti, le mouvement islamiste Ennahda. L'enjeu: sortir de la la plus grave crise politique depuis la révolution de janvier 2011 qui a chassé Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir. Les derniers développements. 

Hamadi Jebali, qui avait reporté vendredi sine die l'annonce de la composition d'un nouveau gouvernement apolitique et sa menace de démission en cas de rejet de ce cabinet par la classe politique, doit réunir les dirigeants de partis politiques à partir de 16h ce lundi. Il a appelé à la création d'un cabinet apolitique le 6 février, quelques heures après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd qui a déclenché une nouvelle vague de violences et aggravé la crise préexistante. Son initiative a été bien accueillie par la société civile et l'opposition laïque. Jebali a déclaré que s'il échouait à constituer un gouvernement de technocrates, il démissionerait. Il n'a cependant pas donné de délai puisqu'il a déjà repoussé l'annonce de ce cabinet.

De son côté, Ennahda, le parti au pouvoir qui contrôle 89 des 217 députés à l'Assemblée nationale constituante, a martelé lundi une fois de plus son opposition à un cabinet de technocrates. Le parti islamiste estime cependant que Hamadi Jebali doit rester Premier ministre d'un gouvernement alliant personnalités politiques et technocrates. "Hamadi Jebali ne va pas démissionner. Il restera chef du gouvernement et secrétaire général du parti", a ainsi déclaré le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, à l'antenne de la radio Shems-FM. 

Rached Ghannouchi a eu néanmoins des mots très durs, lors d'une vaste manifestation samedi à l'appel d'Ennahda, pour l'initiative du Premier ministre, la qualifiant de "coup d'Etat contre le gouvernement élu". Le parti islamiste a rassemblé plus de 15 000 de ses partisans dans le centre de Tunis. Les manifestants ont souhaité défendre le droit du mouvement à diriger le pays.

La manifestation de samedi est la seconde à l'initiative d'Ennahda depuis l'assassinat de Chokri Belaïd. La première, le 9 février, n'avait mobilisé que 3000 personnes. La mobilisation de samedi reste, toutefois largement inférieur aux funérailles de l'opposant anti-islamiste, le 8 février dernier, qui avaient réuni des dizaines de milliers de personnes.

Les partenaires d'Ennahda déstabilisés

Le chef d'Ettakatol, parti laïque de centre gauche membre de la coalition au pouvoir, Mustapha Ben Jaafar, donne des signes de ralliement à la position d'Ennahda après avoir soutenu sans condition Hamadi Jebali. "Nous pensons que la proposition est bonne", a-t-il dit dimanche à l'antenne de la radio Mosaïque. "Mais après des discussions avec les partis, on a compris qu'elle ne fait pas l'unanimité et la situation nécessite d'élargir le soutien au gouvernement et un large consensus entre les protagonistes politiques". 

En revanche, le Congrès pour la République (CPR) du présidentMoncef Marzouki, semble au bord de l'implosion. Trois députés ont démissionné du CPR ces dernières 24 heures et selon les médias, le chef du CPR, Mohamed Abbou, est sur le point d'officialiser son départ pour former un nouveau parti. Le CPR s'oppose à la proposition de Hamadi Jebali mais il est miné par les conflits internes et les divergences avec Ennahda. 

Ce parti était arrivé en deuxième position aux élections d'octobre 2011, obtenant 29 députés, mais après un premier conflit interne la moitié d'entre eux ont claqué la porte du mouvement en mai 2012 pour rejoindre une nouvelle formation, Wafa. 

Avec AFP

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