OPINION : Révision constitutionnelle, 3ème mandat : Hammrouche, Mehri & Co et l'opposition

OPINION : Révision constitutionnelle, 3ème mandat : Hammrouche, Mehri & Co et l'opposition

La petite phrase de M. Benbitour nous rappelle, hélas, le degré de démobilisation qui rend inertes les forces républicaines dans ce pays. Une démobilisation qui a rendu possible tant de dépassements et qui ne s'explique pas uniquement par des éléments exogènes se situant principalement dans la nature du régime algérien qui s'attelle naturellement à casser les ressors de la société pour servir sa propre pérennité. D'autres raisons, endogènes celles-ci, se situent au niveau des acteurs politiques, associatifs et syndicaux qui, à mon sens, n'ont pas su transcender leurs clivages restreints et se réunir autour d'un minimum républicain. Cette responsabilité est donc partagée par nous tous à des degrés différents mais cela n'est pas l'à propos. Comme le dit lucidement M. Benbitour, ce n'est pas une raison de ne pas réagir car, il y'a toujours ce recours atavique à la réaction avec l'espoir, toujours renouvelé que cette fois-ci ça déboucherait sur un front démocratique et républicain qui s'inscrira dans la durée.

Cela dit, je m'en réjouis que des personnes ayant incarné la dictature du Parti unique durant des décennies, Hamrouche et Mehri entre autres, et dont le marasme actuel n'en est que la conséquence, aient "choisi" de se convertir à l'opposition au système. Le bon sens aurait impliqué un mea culpa officiel en direction du peuple de la part de ces personnes mais l'essentiel étant qu'elles ont "fini" par comprendre que l'alternance, la démocratie et la modernité sont la seule voie de sortie. Par conséquent, leur contribution est appréciable mais, il est inconcevable qu'elles en soient la locomotive au détriment des forces politiques, associatives, syndicales, féministes... qu'elles soient structurées ou indépendantes, qui ont subit la dictature du Parti unique, qui sont nés dans l'opposition et qui y demeurent. C'est une question de rationalité, d'efficacité et de crédibilité.

Je joins ma signature à tous ceux et toutes celles qui m'ont précédés pour tenter d'empêcher le coup de force qui se prépare (Révision de la constitution dans le but de supprimer la clause qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux, voire à y introduire d'autres ingrédients aggravant la situation telle que l'interdiction aux algériens de jouir pleinement de leur liberté de penser, de leur liberté de culte, de leur liberté de croire ou de ne pas croire comme le laisse supposé les sorties médiatiques des représentants du gouvernement et la campagne honteuse qui vient d'être lancée contre "l'évangélisation en Kabylie" à des fins de diversion sûrement mais ces "amuses-gueules" destinés à distraire la galerie pendant que se prépare le coup d'Etat interne au système des clans, n'empêchent pas les "intégristes" de tirer leur épingles du jeu au détriment des principes séculaires de la société algérienne, déjà fortement malmenés.

Au-delà de ces visées rétrogrades (suppression de la limite des mandatures présidentielles et compromission accrue avec l’islamisme), tout le monde sait que notre actuelle constitution dépassée est loin d’être un modèle de justice et de démocratie. Elle est appelée à être révisée, voire complètement changée pour être adaptée aux exigences de notre époque en terme d'économie, de promulgation de la loi interdisant tout organisation politique créée sur des fondements religieux ou les ayant revendiqué, des réforme de l'Etat, d'autonomies régionales, de reconnaissance officielle des langues tamazight et arabe dit dialectal... mais ce n’est certainement pas au pouvoir algérien, à travers tous ses clans, de le faire. L'enjeu de fond est loin d'être le fait d'empêcher Bouteflika de piétiner le principe de l'alternance au pouvoir pour le remplacer par Belkhadem ou par toute autre personnalité issue ou ayant fait partie de ce système, mais d'impulser une dynamique politique et citoyenne résolue dont la seule finalité serait de provoquer l'affaissement et la disparition du système politique qui a ruiné le pays durant 46 ans (1962-2008) et d'ouvrir une autre ère dans notre histoire commune capable de léguer aux générations futures une véritable paix civile, une démocratie majeure et un pays débarrassé de tous ses préjugés et de tous ses vampires. Tout le reste n'est que babil fadasse de carriéristes complexés.

Dans tous les cas de figure, L’article 74 de la Constitution qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux doit non seulement rester tel quel mais aussi le protéger par des clauses qui interdiront formellement de le supprimer ou de le reformuler sous aucun prétexte.

Halim AKLI
Membre du BLI (Bureau Laïque International)

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Commentaires (10) | Réagir ?

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Mhemmed Uccen

Je ne comprend pas certaines réactions ou plutôt si, je comprend parfaitement certaines réactions qui tentent vainement de réduire l'importance du point de vue de Mr Halim AKLI en parlant de ressassement, d'absence de propositions, d'expression galvaudées... et j'en passe. Pour ma part, je trouve ces propos insensés pour ne pas dire hypocrites puisque, nous le voyons très bien, l'opinion de Mr AKLI, de part déjà sa forme, ne s'est pas voulu une plate-forme détaillée ce qui ne l'a pas empêché de tracer très clairement et sans détours les principes inéluctables d'une démarche qui se veut sérieuse et surtout crédible et durable. J'en veux pour exemple l'idée d'amener les acteurs politiques, partisans ou pas mais démocrates et républicains dans le fond, à se mettre dans la tête, une bonne fois pour toute, l'idée qui consiste à dire qu'il seront incapables et de moins en moins fiables tant qu'ils n'arriveront pas à s'émanciper de leurs clivages restreints qui les empêchent jusque là d'accéder à cette maturité nécessaire à l'avènement du rassemblement, seule option capable de redonner espoir, de remobiliser et de terrasser le pouvoir en place.

Une idée pareille réduite vainement à rien par certains intervenants est tout simplement douteux.

Ensuite et c'est là je crois où certains n'apprécient pas l'opinion éclairée et franche de Mr Halim AKLI qui n'a pas pour habitude de caresser dans le sens du poil, vient l'allusion directe à "Hammrouche, Mehri" est tous ceux qui se sont, des décennies durant, nourris aux mamelles de la dictature qu'ils ont servi à leur tour et qui, ces dernières années, tentent de "contribuer" à faire évoluer le régime en se plaçant souvent comme alternative. C'est justement cela que dénonce Halim car, il est inconcevable, inacceptable voire même impossible que la rupture qui mettra fin au régime dictatorial algérien qui est parmi les plus corrompus de la planète soit l'oeuvre d'une personne, quelle qu'elle soit, qui a contribué, durant des décennies à construire ce même régime dont la nature décriée aujourd'hui a été dès 1962 la même.

Cela dit, ce n'est pas leur contribution qui est rejetée dans le propos de Halim AKLI, qui va même jusqu'à suggérer son importance. Il s'agit de ne pas jouer avec la crédibilité d'un éventuel mouvement démocratique rassembleur qui naîtra, nous le souhaitons tous et toutes, avec la volonté de tous les acteurs politiques, intellectuels, syndicaux, associatifs, artistes, jeunes, femmes... etc. qui ont les compétences et la volonté nécessaires, qui n'ont jamais appartenus au Pouvoir, qui sont nés et qui demeurent dans l'opposition sans équivoque à la dictature clanique et à son idéologie conservatiste et islamiste et qui appartiennent à la génération postindépendance:

C'est en même temps une reconnaissance à une société civile et à sa jeunesse qu'on a toujours présentée sous l'angle de la médiocrité mais aussi et surtout le seul moyen de rendre crédible aux yeux de l'opinion toute démarche allant dans le sens du renversement du régime militaro-islamo-clanique qui tient les règnes du pays depuis 1962. Autrement dit, Hamrouche, Mehri est tous leurs semblables, s'ils sont réellement la volonté de contribuer dans ce sens, qu'ils se mettent dans la tête dès maintenant que leur appuis est utile et qu'ils devront se dessaisir de toute ambition d'en être "la locomotive" pour ainsi reprendre les termes de H. A.

Pour ceux qui pensent le contraire, leur logique ferait d'eux des partisans de bouteflika, de Belkhadem, de Chadli et de tous les dinosaures du régime s'ils se décident, un jour, eux aussi à se mettre à jouer aux opposants lorsqu'un autre clan, qui n'est pas le leur, les rejettera loin du cercle de la rente.

quant au terme "évangélisation en Kabylie" que celui qui l'a attribué à l'auteur de cette opinion sache qu'en mettant entre guillemets ce terme, cela signifie souvent que ça provient d'un autre. en effet, la presse écrite a rendu public ces derniers moins la campagne soutenue menée par le pouvoir et ses relais islamistes et qui parle justement d'" évangélisation de la Kabylie" mais aussi du constantinois et de l'Oranie. Halim AKLI dit que cette campagne est imaginée seulement pour détourner l'attention des citoyens sur la révision de la constitution qui se prépare car, non seulement c'est révoltant de parler d'un imaginaire prosélytisme évangéliste pour semer le trouble mais c'est d'autant plus abominable quand le prosélytisme islamiste (intégriste) est non seulement partout (dans les écoles y compris) mais il est, en sus, soutenu par le pouvoir.

En conclusion, l'opinion de Halim AKLI, loin de toute hypocrisie, rappelle que même si notre devoir actuel c'est d'empêcher la révision de la constitution que prépare le clan d'Oujda pour abroger l'article 74, il n'en demeure pas moins que l'actuelle constitution devra t être profondément révisée au vue de ses "insuffisances" multiples en terme de contenu démocratique, mais aussi par rapport à sa réadaptation aux exigences de l'heure dont l'auteur énumère les principaux domaines.

Après cela, dire que ça manque de propositions, que ça se limite à ressasser et qu'en sais-je encore, ne pourra t être que malhonnêteté, manque de sincérité et tendancieux.

Mes respects à tous et à toutes et un grand merci encore à Halim AKLI pour cette opinion concise et lucide.

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Mouhdhouyarvi

Sous peine de confusion des genres, un bureau se doit d'être imperméable aux états d'âmes humains en matière de croyance religieuses. Si les meubles se mettent aussi à avoir des opinions, où allons nous !!

Si c'est un nom : un laïc désigne un croyant qui n'appartient pas au clergé, tandis qu'un laïque est un partisan de la laïcité.

Si c'est un adjectif : laïque, au masculin et au féminin.

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