Un responsable d'Ansar Dine arrêté à la frontière algéro-malienne

Un des bras droits d'Iyad Ag Ghaly a été arrêté.
Un des bras droits d'Iyad Ag Ghaly a été arrêté.

Mohamed Moussa Ag Mouhamed, présenté comme le numéro trois d'Ansar Dine, a été arrêté par les Touareg du MNLA dimanche non loin de la région de Kidal. (Actualisé)

A l’issue des raids aériens, les forces spéciales françaises ont réussi à arrêter le numéro trois d’Ansar Dine. "Mohamed Moussa Ag Mouhamed, celui qui ordonnait de couper les mains (à Tombouctou), a été arrêté par un groupe armé. Il est conduit vers Kidal", a annoncé une source de sécurité malienne jointe depuis Gao (nord-est). L'information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal, Abdoulaye Touré. Selon les dernières sources ce sont les hommes du MNLA qui ont procédé à l'arrestation de cet idéologue d'Ansar Dine.

"C'était l'idéologue d'Ansar Dine à Tombouctou (nord-ouest), la tête pensante de l'organisation là-bas. Il a été arrêté à In Hallil, près de la frontière algérienne par un groupe arme allié. Il est en route pour Kidal", a précisé Abdoulaye Touré, sans plus de détails. Les sources n'ont pas précisé qui avait arrêté Mohamed Moussa. Il a été présenté par des habitants de Tombouctou comme un Touareg originaire de la région, et a été décrit comme le responsable de la "police islamique" faisant régner la terreur, selon des témoignages recueillis ces derniers jours dans cette ville.

L'armée française a mené ces derniers jours des frappes aériennes intenses contre des positions des groupes armés islamistes dans la région de Kidal, dans l'extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, où un haut responsable du mouvement Ansar Dine a été arrêté. C'est autour de Kidal, dans le massif des Ifoghas, que seraient détenus les sept otages français au Sahel, selon Paris. Evoquant leur sort samedi, François Hollande a jugé que "les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages", ajoutant que les forces françaises au Mali en étaient désormais "tout près". Trois otages algériens sont aussi détenus par le Mujao qui écument aussi la région.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou a estimé que "le MNLA est une des causes de la crise au nord du Mali [...] Je pense que ce serait contradictoire de ne pas désarmer le MNLA par rapport à l’objectif de restauration de l’intégrité du Mali. S’ils désarment, on peut éventuellement leur donner une place à la table des négociations." Il aussi jugé dimanche que les quatre otages français enlevés au Niger en septembre 2010 étaient "vivants" et qu'ils se trouvaient "probablement" dans le nord du Mali, "vers la frontière avec l'Algérie, dans les montagnes des Ifoghas".

La zone de Tessalit, à 200 km au nord de Kidal, près de l'Algérie, a été la cible dans la nuit de samedi à dimanche "d'importantes frappes aériennes", selon le porte-parole de l'armée française, le colonel Thierry Burkhard. Il a précisé que ces bombardements visaient "des dépôts logistiques et des centres d'entraînement" des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, un peu plus de trois semaines après le début de l'intervention militaire française. C'est aussi dans cette vaste zone de montagnes et de grottes autour de Kidal que, selon des experts et des sources de sécurité régionales, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés.

En effet, depuis le début de l’opération Serval aucun affrontement digne de ce nom n’a eu lieu entre les forces françaises et les groupes de narco-djihadistes qui avaient tenu le nord-Mali depuis avril dernier. Les chefs d’Aqmi au Sahel, du Mujao ou d’Ansar Dine ont disparu dans la nature. Parmi eux, se trouveraient l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaît parfaitement la région.

"Police islamique"

Kidal, à 1.500 km de Bamako, a longtemps été le bastion d'Ansar Dine. Mais, avant même l'arrivée dans la nuit du 29 au 30 janvier de soldats français qui ont pris le contrôle de l'aéroport de la ville, elle était passée sous le contrôle du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg).

Le MNLA a très tôt affirmé soutenir l'entrée des soldats français à Kidal, mais refuse la présence de militaires maliens et ouest-africains, notamment par crainte d'exactions contre les membres des communautés arabe et touareg de la ville, parfois assimilés aux groupes islamistes armés. Par sa parfaite connaissance du terrain et des habitants, le MNLA pourrait être une force capitale pour la traque des narco-djihadistes dans la région. Selon plusieurs experts, ses hommes sont les seuls à même d’apporter ce savoir-faire du terrain aux forces françaises, voire africaines, pour débarrasser l’Azawad des criminels d’Aqmi et du Mujao.

Un petit contingent de soldats tchadiens (dont le pays ne fait pas partie de l'Afrique de l'Ouest) est aussi déployé à Kidal. Aqmi et Ansar Dine, qui ont occupé Tombouctou pendant dix mois, ont commis dans le Nord de très nombreuses exactions, au nom d'une interprétation rigoriste de la charia (loi islamique): amputations, coups de fouets aux couples "illégitimes", aux fumeurs.

Ils ont également choqué le monde en détruisant à Tombouctou des mausolées de saints musulmans adulés par les populations locales, assimilant cette vénération à de "l'idolâtrie", mutilant cette ville qui fut capitale culturelle de l'islam en Afrique sub-saharienne et qui est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.

Alger suit de près la situation

Alger dont trois diplomates sont entre les mains du Mujao ne perd pas l’œil sur les opérations militaires qui se déroulent à sa frontière sud. Le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a estimé dimanche qu'en dépit du recul des islamistes, "les Maliens et ceux qui les aident" font encore face à des "problèmes" pour "rétablir la stabilité et la sécurité", sans réagir aux bombardements français dans la région de Kidal.

L'Algérie, qui partage près de 1.400 km de frontières terrestres avec le Mali, a toujours milité en faveur d'une solution politique pour régler le conflit dans ce pays, mais elle a autorisé le survol de son territoire par les avions militaires français engagés au Mali. Jusqu'à la reprise des hostilités, elle avait privilié le canal d'Ansar Dine dans les négociations. Bouteflika avait même reçu une délégation de ce groupe de narco-islamistes l'été dernier. 

Yacine K/AFP

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Commentaires (3) | Réagir ?

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saci abdelaziz

Il faut commencer par lui couper les mains et lui faire ressentir cette atrocité qu'il a fait subire à de pauvres gens de Gao au nom d'un islam rétrograde dont il se veut le dépositaire.

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laid baiid

C'est sûr que l'Algérie " suit de près la situation" puisqu'un de ses "Amis" d'Ansar eDine (reçu en grandes pompes par Boutef, qui lui a rempli les poches) a été arrêté aux frontieres Algéro- Malienne.

C'est un coup dur..... Va t il avouer être notre ambassadeur???

Le quatre-yeux délavé et pelé (mqach' charr) des AE va t il intervenir pour un 4ème mandat pour son chef???

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