Appel pour un Front national de la décennie noire

L’Algérie doit affronter son passé et se forger un projet qui permette de revivifier la Nation.
L’Algérie doit affronter son passé et se forger un projet qui permette de revivifier la Nation.

L’idée de réconciliation nationale a fait irruption comme moyen d’écarter la menace d’un affrontement sans fin avec le terrorisme islamiste. Mais la concorde ne se décrète pas par le seul usage répété de mesures de grâce et d’amnistie.

Il faut donc savoir se remettre en cause, refuser tous les travestissements et l’amnésie. La confiscation de la victoire de la société, des policiers, des militaires, des patriotes et des GLD qui se sont dressés pour défendre la République, la confiscation de la vérité qui reste due aussi bien aux victimes du terrorisme islamiste qu’aux familles des disparus du fait des agents de l’Etat ne peuvent pas permettre de surmonter les divisions. Le déni de justice et l’impunité ont accouché d’un pays où règnent la corruption et la délinquance et où le rêve de renouer avec le progrès et la dignité a laissé place à la misère et à la résignation. L’Algérie doit affronter son passé et se forger un projet qui permette de revivifier la Nation et reconstruire ses institutions. 

Nous, signataires du présent appel, déclarons que le compromis ne peut se substituer à la justice, à la vérité et à la reconnaissance concrète des sacrifices accomplis pour la Nation. Affirmer qu’il n'y a ni vainqueurs, ni vaincus ne signifie pas qu’il n’y avait pas de coupables. Nous ne voulons pas ruiner la légitimité morale de notre combat pour la justice en appelant à la vengeance mais nous n’acceptons pas, non plus, d’être accusés de faire commerce du sang de ceux que nous avons perdus. Nous excluons que des juges étrangers interviennent dans l’établissement de la vérité, mais nous attendons que les responsables rendent des comptes. Tout doit être su sur la nature, l’étendue ainsi que les causes des  crimes terroristes  et des violations des droits humains. Les personnes, les organisations et les institutions qui en sont coupables doivent être nommées, y compris pour ce qui est des disparitions dont ont été coupables des agents de l’Etat et dont la responsabilité incombe au final à l’islamisme.

La société a besoin de l’honnêteté, qu’on prenne en considérations les besoins et les sentiments des victimes et de ceux qui se sont sacrifiés, qu’on restaure leur dignité et leur honneur, que leur soit accordée la plus grande gratitude. Les violences qui les visaient ont frappé la société entière dans son humanité. La justice qui doit leur être rendue le sera pour toute la société, au nom même de cette humanité. Nous demandons que soient trouvées les mesures à adopter en matière de réparation, en particulier à travers des statuts pour les victimes et ceux qui ont accomplis leur devoir pour la sauvegarde du pays. Nous appelons à ce que soient établies des mesures définitives en direction des auteurs de la barbarie terroriste et des atteintes aux droits de l’homme. 

Nous voulons que soient rendus publics les preuves et les aveux des crimes commis dans l’épreuve traversée par l’Algérie. La situation dans notre pays, à nos frontières et dans le monde arabe nous rappelle que le devoir de mémoire est un devoir de vigilance. Nous demandons que des lieux de mémoire soient institués et que les archives soient réunies pour faire le travail de deuil et avancer. L’école devra participer à la transmission de toute la vérité aux générations futures.

L’oubli empêche d’affronter la nécessité de changer. Mais il n’y aura pas de réconciliation sans transformation profonde du pays, sans un nouveau contrat entre les citoyennes et les citoyens, car renoncer à proclamer la victoire ne veut pas dire abandonner l’enjeu même de l’affrontement : un Etat de droit et la démocratie. Nous qui avons refusé la remise en cause des acquis séculaires de la société algérienne, en particuliers ceux de la lutte de libération nationale, appelons à une initiative qui refondera la solidarité nationale et dont les fruits seront la force et la souveraineté de l’Etat au moment où le pays célèbre sa 50ème  année d’indépendance.

Une première rencontre de concertation et d’adoption de l’appel commun sera organisée le 12 janvier 2013 au siège du MDS 67 boulevard Krim Belkacem - ex:Télemly - Alger à 13h La vérité, la justice et la dignité voila ce que le pouvoir ne pourra acheter.

Premiers signataires

- Collectif national pour les libertés citoyennes

- Coordination national des gardes communaux

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Commentaires (2) | Réagir ?

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gestion

MERCI

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Guel Dring

Il fallait fixer tout simplement une autre date, tellement ce 12 Janvier n'est pas vraiment une date anniversaire pour la sauvegarde de la république mais elle rappellerait plutôt le début d'un dérapage comme il n'y en a plus eu, même du temps de la "bleuite". Tant qu'une majorité n'a pas encore saisi que cette épreuve n'avait pas été pour se bousculer sur le pouvoir mais pour rectifier la méthodologie d'accès à ce pouvoir, il ne faut s'attendre à rien de bon : d'ailleurs le résultat est là. Pour des élections que SAG chef du gouvernement avait déclaré acceptables, nous avons des dirigeants qui confirment la contre nature de la méthode : il ne faut pas que les élections soient justement acceptables, mais truquées. C'est inadmissible. L'habitude n'est-elle pas une seconde nature. ?