FLN-RND : l’alternance à l’algérienne

Belkhadem et Ouyahia : les deux compères qui soutiennent le pouvoir réel.
Belkhadem et Ouyahia : les deux compères qui soutiennent le pouvoir réel.

A chaque vote, le même refrain revient. Le FLN surclasse le RND puis celui-ci déclasse le premier. Mais les deux, demeurent un parti unique du pouvoir déguisé en alliance présidentielle.

Il semble que les décideurs les fassent alterner. Ils ont, cette fois-ci, choisi de favoriser le RND. L’appareil du pouvoir, né avec ses moustaches, devient la première "force  politique" au sénat suite à son renouvellement partiel par le scrutin sénatorial du samedi dernier. Ainsi donc, stratégie oblige, les percées surréalistes de l’autre appareil du système, en l’occurrence le FLN, précommandées lors des législatives de mai et les locales de novembre, ont été stoppées nettes. Une façon propre au système de duper davantage, par une alternance qui s’opère typiquement dans la même famille politique.

En effet, le RND obtient 24 sièges suite à l’opération du renouvellement partiel des membres élus de la chambre haute du parlement. Il devance  ainsi le FLN qui obtient 17 sièges. A la faveur de cette opération, le parti de l’ex-premier ministre passe à 44 sénateurs lui permettant d’occuper désormais la première place au sein de cette institution. Il est suivi par l’ex-parti unique qui totalise 39 sièges.

Paradoxalement, des partis au nombre de sept et des indépendants ne font que meubler le sénat. Il s’agit du FFS qui a obtenu lors de ce vote des grands électeurs, deux sièges, du FNA et du MSP quoique grands perdants de l’opération électorale avec 0 siège chacun, mais ils préservent  leurs anciens sénateurs au nombre de deux pour chaque formation. Quant au MPA, le front Elmoustakbal et Ahd 54, ils siègeront pour la première fois au sénat avec un membre pour chacun. Le RCD qui perd un siège, sera cependant présent avec un membre élu qu’il garde. Tout ce monde siègera, toutefois en figurant durant cette législature. Car, les sept partis et les trois indépendants, tous réunis ne totalisent que 13 sièges, un tiers de ceux du FLN.

À l'avenir, ces formations avec les indépendants ne feront pas le poids devant les partis du pouvoir avec leurs 83 sénateurs sans compter le tiers présidentiel. Le minimum de façade démocratique est, de ce fait, assuré pour le pouvoir. Il semblerait encore que la reconduction de l’actuel président du sénat dont le mandat a expiré, serait évidente. A la faveur du premier rang dont son parti, le RND, a été nanti dans cette institution, Bensalah aurait la faveur des décideurs pour qu’il soit choisi par Bouteflika dans le cadre de son tiers présidentiel. Le partage du parlement serait donc maintenu. La chambre haute demeurerait la chasse-gardée du parti de l’administration tandis que la chambre basse est déjà préservée par le parti de la pensée unique. Tout cela dans le cadre de l’alternance telle qu’elle est conçue par les décideurs.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (9) | Réagir ?

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anis sabri

Lorsqu'on n'ignore pas, que la séparation des pouvoirs, est totalement absente, en Algérie, les structures sensées, représenter le peuple (que ce soit l'Assemblée nationale ou le sénat, les autres institutions dites représentatives, outre les partis politiques, dans leur écrasante majorité) sont nécessairement largement factices, et virtuelles; leur "fonctionnement" obéit à une logique inexorable, qui consiste à user, de manipulations appropriées, à travers, notamment, les médias, afin de faire passer aux yeux des naïfs, un jeu de théâtre d'ombres, en activité "politique" libre de tout entrave. Il suffit, d'ailleurs, de voir, comment se passent les élections, quelles qu'elles soient. L'on constate, donc, aisément, qu'en vérité, et dans la mesure, où l'on n'est point impliqué, soi-même, dans un tel magma visqueux, que tout tourne autour de l'argent, et des prébendes lorgnées, par les uns et les autres. Point n'est besoin, d'y entrer dans les détails, puisque certains journaux de chez nous, aussi bien francophones, qu'arabophones, parlent, fréquemment, de cet état de choses, qui rendrait jaloux Machiavel, lui-même, en dépit de ce qu'il avait écrit dans "Le Prince". Mais, compte tenu de l'époque, où il avait vécu, (La Renaissance européenne), le Florentin demeure, tout de même, un pionnier émérite, de la corruption et de l'esbroufe, dans la sphère politique. Sauf que, un peu plus de trois siècles, après sa mort, la plupart de ses recettes diaboliques sont devenues, largement obsolètes et ce, grâce, en particulier, à la conjugaison de trois révolutions, en Occident : scientifique, industrielle et politique... La démocratie ne peut être en aucune façon importée, comme une usine clé-en-main; elle se construit, méticuleusement, et volontairement, par la société globale (Etat et société civile), en accordant la priorité au système éducatif, et donc à la culture, qui doit impérativement le guider. Ce qui implique, dans un premier temps, de lancer une véritable politique de réarmement moral. Sans contrainte ni violence. Mais faut-il encore, que la société civile existe, et que les médis lourds soient ouverts, à toutes celles et tous ceux qui ont quelque chose à dire, à leur peuple, dont la jeunesse, singulièrement, a le sentiment de vivre dans un détresse sans égal, aggravée, par le sentiment d'étouffer, dans un pays, qui passe pourtant, pour l'un des plus riches, et des plus beaux du monde... C'est cela le grand et pesant paradoxe...

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Moha Mohmoh

Je ne sais pas qui l'a dit exactement mais les Algériens authentiques doivent savoir que l'indépendance véritable est toujours "au bout du fusil". Il n' ya donc pas deux solutions. Ah oui, nous sommes "malins, nous les Algériens", les autres vont faire la révolution à notre place. Nous sommes un pays où l'écrasante majorité est lâche. Qui a donc vengé Abane? et Boudiaf? et les jeunes fauchés par le pouvoir colonial d'Alger? et les trois années de prison injustes de Benchicou? Qui, au moins s'en souvient? Pas grand monde. L'Algérie est un pays fini, il est en état de décomposition avancé et... malheureusement irréversible. Sauf miracle.

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