Cinéma français : les acteurs "trop bien payés"

Dany Boon obtient 3,5 millions d'euros pour le Plan parfait, les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire.
Dany Boon obtient 3,5 millions d'euros pour le Plan parfait, les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire.

Dans une tribune assassine intitulée "Les acteurs français sont trop payés !", parue dans Le Monde, le producteur Vincent Maraval lamine l'exception française.

Dans une tribune parue dans Le Monde le 28 décembre et intitulée "Les acteurs français sont trop payés !", Vincent Maraval, un des producteurs de "The Artist", lamine l'exception française. "Pendant que Gérard Depardieu fait l'actualité, il y a un vrai scandale d'ordre plus général", estime le directeur des ventes internationales du groupe Wild Bunch. "Tous les films français de 2012 se sont plantés, perdant des millions d'euros; Les Seigneurs, Astérix, Pamela Rose, Le Marsupilami, Stars 80, Bowling, Populaire, La vérité si je mens 3, etc".

Pourquoi ? Parce qu'après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d'euros. Pourquoi ? A cause du cachet des acteurs français, assure Maraval, cachets qui permettent d'obtenir l'obligatoire financement des télévisions. "Ainsi, Dany Boon, ce chantre de la France profonde qui vit à Los Angeles, obtient 3,5 millions d'euros pour Le Plan parfait, dont les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire". 

Cachets surévalués

"Pourquoi est-ce qu'un acteur français de renom, qu'il se nomme Vincent Cassel, Jean Reno, Marion Cotillard, Gad Elmaleh, Guillaume Canet, Audrey Tautou, Léa Seydoux, touche pour un film français des cachets allant de 500 000 à 2 millions d'euros, alors que, dès qu'il tourne dans un film américain il se contente de 50 000 à 200 000 euros ? L'explication, jamais le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) ni la ministre ne l'ont fournie : la subvention directe dont jouit le cinéma français - chaînes publiques, avances sur recettes, aides régionales -, mais surtout la subvention indirecte : l'obligation d'investissement des chaînes privées", assure le producteur. 

"Astérix, à 60 millions d'euros, a le même budget qu'un film de Tim Burton. Black Swan se finance sur le marché. Il n'y a dans son financement aucune obligation, aucune subvention, l'acteur est donc payé pour ce qu'il vaut, 226 000 euros. Mesrine, en revanche, a besoin de ce financement pour exister", déplore ainsi Maraval...

Puis le producteur s'interrorge : "Est-ce à l'individu qu'il revient de "réguler" le système sous peine d'être jeté à la vindicte publique comme Gérard Depardieu ou est-ce au CNC et à son ministère de tutelle de le faire ?". Ajoutant encore :"Est-il normal qu'un Daniel Auteuil, dont les quatre derniers films représentent des échecs financiers de taille, continue à toucher des cachets de 1,5 million d'euros sur des films coproduits par France Télévisions ? Le fameux système d'aide du cinéma français ne profite qu'à une minorité de parvenus. Mais jamais cela ne provoquera un scandale aussi retentissant que l'exil fiscal de Gérard Depardieu. Les miettes que laisse ce système réduisent en effet au silence ceux dont le rôle serait de pousser l'analyse."

Proposition politique

"A l'heure où François Hollande veut que les patrons des grandes entreprises publiques limitent leurs salaires, laissera-t-on les hauts salaires du cinéma gagner plus qu'ils ne valent, et ce grâce à de l'argent public, à un système unique, exceptionnel de financement ?", s'interroge le producteur, qui propose une idée simple : "Limitons à 400 000 euros, assorti d'un intéressement obligatoire sur le succès du film, le montant des cachets qui qualifient un film dans les obligations légales d'investissement des chaînes de télévision". 

L.M./Sipa

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