Pakistan : un ministre tué dans un attentat sanglant contre un parti politique

L'attentat a fait  9 morts et 17 blessés.
L'attentat a fait 9 morts et 17 blessés.

Le numéro deux de la province instable pakistanaise du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest) a été tué samedi soir dans un attentat suicide des talibans ayant fait au moins neuf morts lors d'un meeting de sa formation politique, ont indiqué des responsables.

Un kamikaze a pénétré samedi en fin de journée dans une résidence de Peshawar, grande ville du nord-ouest pakistanais, où se déroulait un meeting du parti national Awami (ANP) auquel participaient une centaine de personnes dont des ministres, d'après ces sources policières.

Bashir Bilour, 69 ans, un opposant farouche aux insurgés talibans, qui avait le titre de "ministre senior" de la province, ce qui lui conférait le rôle de numéro 2 du gouvernement provincial, a été grièvement blessé dans cet attentat puis transféré à l'hôpital Lady Reading où son décès a été constaté. "Nous avons tout fait pour lui sauver la vie, mais il est mort de ses blessures sur la table d'opération", a dit à l'AFP Arshad Javed, médecin en chef de cet hôpital. Des membres du gouvernement provincial ont aussi annoncé son décès.

L'attentat contre l'ANP a fait neuf morts, dont M. Bilour, et 17 blessés, a indiqué Arshad Javed, revoyant en hausse le bilan de cet attentat après la mort d'un des blessés.

Le Premier ministre Raja Pervez Ashraf a déclaré une journée de deuil national et indiqué que les drapeaux seraient en berne dimanche. Le gouvernement de la province de Khyber Pakhtunkhwa a proclamé trois jours de deuil dans cette région.

Bashir Bilour est le frère de Ghulam Ahmed Bilour qui avait défrayé la chronique cet automne en promettant une récompense de 100.000 dollars à quiconque tuerait le réalisateur du film anti-islam "Innocence des musulmans", dont la diffusion sur internet avait mené à des manifestations violentes dans certains pays musulmans, notamment au Pakistan.

"Nous revendiquons cette attaque contre Bashir Bilour. Nous voulions tuer Bashir et non Ghulam Ahmed Bilour car nous lui avons donné le pardon", après son appel au meurtre du réalisateur du film dénigrant le prophète Mahomet, a dit à l'AFP Ehsannulah Ehsan, porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, mouvement des talibans du Pakistan).

Cet attentat est un "acte de revanche" contre le meurtre de cheikh Naseeb Khan, un enseignant à la Darul Uloom Haqqania, une des madrassas (école coranique) les plus influentes chez les insurgés, a ajouté le porte-parole du TTP.

Le parti national Awami (ANP) est une formation laïque dotée d'appuis historiques au sein de l'ethnie pachtoune, majoritaire dans le nord-ouest du Pakistan et au sein même des talibans. L'ANP est membre de la coalition au pouvoir à Islamabad et dirige le gouvernement de la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest) située à la porte de l'Afghanistan et de zones tribales considérées comme un sanctuaire des insurgés talibans et de groupes liés à Al-Qaïda.

Le TTP multiplie depuis sa création en 2007 les attentats contre les forces pakistanaises et la minorité chiite. Les talibans pakistanais avaient procédé le week-end dernier à une attaque sans précédent contre l'aéroport de Peshawar qui compte aussi une base de l'armée de l'air pakistanaise.

L'attentat contre l'ANP intervient par ailleurs à l'approche d'élections nationales prévues au printemps.

Ces élections pourraient être les premières depuis la création du Pakistan en 1947 à avoir lieu après qu'un gouvernement civil eut achevé son mandat de cinq ans, d'où leur importance pour la consolidation de la démocratie dans ce pays qui a vu trois gouvernements civils être renversés par des coups d'Etat. Des observateurs craignent toutefois que l'insécurité dans certaines régions du pays ne conduise à un report de cette échéance électorale.

AFP

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