Algérie : au moins la repentance du Parti socialiste

Abdelaziz Bouteflika et François Hollande.
Abdelaziz Bouteflika et François Hollande.

"La politique est supposée être la seconde plus ancienne profession. J'ai réalisé qu'elle ressemble beaucoup à la première". Ronald Reagan

Vendredi, 21 décembre, jour du solstice d’hiver, il fait doux, le ciel est partiellement clair, il n’a pas fait, finalement, fin du monde et dans la rue on ne parle pas de la visite du président français, sauf des personnes ne trouvant rien à dire qui en veulent aux autorités locales d’avoir emmerdé riverains et passants en ravalant des façades, nettoyer des regards et, surtout, mettre partout plein de drapeaux et d’oriflammes, même dans les endroits de la rue où ne passent que les chats de gouttière et les rats d’égout. Comme si les plus huppés de la société politique française, invités, ne savent pas que l’Algérie parmi les anciennes colonies est la plus crado. 

En fait, tout s’est passé comme prévu lors de la visite officielle de François Hollande en Algérie. D’abord l’ensemble des populations s’en est complètement foutu. Les jeunes oisifs, qui venaient applaudir, il y a quelques années, le sénile Chirac pour le visa, ont grandi un peu, devenus plus lucides, mais ils ne savent pas faire la différence entre un président français "libéral" et un autre "socialiste", pour eux, un président français, c’est quelqu’un qui dirige un pays où on trouve du travail, du logement, où l’on bouffe avec moins de 20 pour cent de son salaire, où l’on s’habille décent à moindre coût, où l’on se marie facilement sans ruiner la famille, les amis et les voisins et où l’on n’économise pas durant une trentaine d’années de labeur pour se permettre une tire. Bref, le vainqueur de la rue de Solferino, pour parler clair, ne vient pas pour le peuple algérien, encore moins pour sa jeunesse. Il est venu pour corroborer la "correspondance" de son parti dans les Barbaresques, en l’occurrence le FLN qui jure depuis le Congrès de Tripoli de faire de l’Algérie indépendante un kyste collé  – je ne sais quoi dire - dans le corps de l’ancien colon.  

Ensuite il y a eu un avertissement de préalable que le visiteur ne viendra pas s’excuser sur l’horreur coloniale, qui peut faire, entre autres crimes contre l’humanité, par exemple, qu’un Sérère paisible peut devenir le défenseur farouche de la francophonie mondiale, dans le moins pire des cas, et qu’une brave jeune peule se dispute un coin de trottoir rentable dans les quartiers mal famés de Paris ou des grandes métropoles de province, dans le sens des "bienfaits du colonialisme" où dans un prestigieuse place parisienne est dressé la stèle d’un héros algérien, à jamais considéré comme un "ami de la France", pour les plus nostalgiques un collabo, sous l’effigie est écrit : "… héros national algérien", où, évidemment "national" réfère à la France. 

Pour le cas de l’Algérie, son hôte, le second président socialiste à se rendre officiellement dans ce pays, il dit devant les députés et les sénateurs : "Pendant cent trente deux ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal ; rien ne peut justifier les agressions commises contre la population algérienne, la négation de son identité et son aspiration à vivre libre, je reconnais ici les souffrances que le système colonial a infligé au peuple algérien. "

Privation de liberté, d’identité, de justice, avec assortiment de souffrance, eh bien, tout cela ne mérite pas un "traître" petit mot de désolation – l’Histoire retiendra, cependant, que durant l’explosion de "Mai 68", son géniteur, Algérie française à fond la caisse et proche de leaders OAS, a dû brader tout ses biens en Haute-Normandie avant de se rendre dans les Hauts-de-Seine pour s’y établir avec sa famille, où le jeune François avait juste quatorze ans ; il est mis au lycée Louis Pasteur jusqu’au bac à Neuilly-sur-Seine, avant les études de Droit, puis les HEC où il entame, si l’on veut, sa carrière politique, en président la section de l’Unef afin de défendre la candidature de François Mitterrand pour les élections présidentielles de 1974. Ce n’est pas alors les socialistes qui vont remplacer les gaullistes au pouvoir mais une droite pragmatique et protectionniste, voire, sociale, menée par un ancien inspecteur des finances, Valery Giscard d’Estaing. Et il sera le premier à se rendre officiellement en Algérie, porter le message de la coopération sur les affaires strictement dans l’économie et la sécurité des personnes et des biens.

Le discours en politique étant ce que peut être le langage de la science pour décrire le néant par divers paradigmes de leurres, d’aucuns ici, dans ce contexte de "revisite" de la mémoire, ont tout le loisir de penser qu’il ne dit pas ce qu’il pense. Dès lors une petite excuse sur un fait réel démontré par l’historiographie effacerait tous les doutes possibles, et à ce moment-là, ce serait un chef d’Etat d’ancien pays grand colonisateur, fort intéressant pour des relations honnêtes et sans complication avec l’Algérie.

L’Etat-FLN n’a pas demandé par écrit la repentance, les excuses officielles de la France car ce n’est pas le FLN de Larbi Ben M’hidi, Mustapha Ben Boulaïd, Abane, Krim ou Hassiba Benbouali, et de beaucoup de militants qui adorent ses initiales en silence et la formation du candidat président arrivé en tête le 6 mai dernier, n’est pas celle de Léon Blum, l’humaniste qui a fait pour le travailleur français en 5 ans ce que n’a pas fait sa version "totalitaire" représentée par la gauche du parti socialiste depuis l’avènement de PS. Il a été malmené par le Gouvernement de Vichy dans lequel François Mitterrand fait quand même un parcourt, mais plus tard dans celui de Guy Mollet en tant que ministre de la Justice et Garde des Sceaux, il fera adopté deux lois anticonstitutionnelles et quasi hitlérienne. Celle de condamner et faire exécuter les rebelles FLN, sans jugement.

François Hollande n’ignore pas que tout le monde, de part et d’autre de la Méditerranée, sait qu’il n’a pas le droit de demander des excuses, "c’est écrit" pour parodier le chanteur, ce n’est pas à lui de le faire, la pensée française des siècles ne donne pas la responsabilité à un président même élu à cent pour cent pour aller se rabaisser devant les "khmamsia" d’hier, au nom de la France, héritière du prestige universel de Versailles. Et ça fait banco dans les relations de prédation du FLN de l’homme qui met un costard trois pièces cravate le matin et l’habit salafiste au complet en fin d’après-midi, qui était inspecteur des finances à l’âge d’à peine dix-sept ans, sans fin de cursus scolaire et sans diplôme universitaire, dont la principale idéologie politique, aujourd’hui, est de jouer au prince oriental contrôlant, sans partage national, la distribution des postes clés dans les rouages de l’Etat en vue de propices redistribution de la rente pétrolière. S’il est permis de se l’imaginer.

Mais la tâche qui nous aurait peut-être fait un peu oublier cette formation qui ne peut exister que dans la trame du pouvoir, celui de l’argent, de l’administration et des moyens de sécurité, il aurait été judicieux de lier la visite de ce président socialiste au crime contre l’humanité commis par François Mitterrand du temps où il était ministre de l’Intérieur, mais surtout dans sa période de ministre de la Justice, ce serait déjà un pas vers la crevaison de l’abcès, du point de vue de la France et de la "véracité" du FLN, si cette formation croient encore qu’il y a en Algérie ou ailleurs des crédules qui lui font confiance.

Nadir Bacha

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Commentaires (3) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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elvez Elbaz

Massillul amegazz joyeux noel à tous nos soeurs et freres kabyles chrétiens et autres peuples d'algerie de confession chrétienne

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