Hollande à Tlemcen, la "claque" du clan d’Oujda aux Algériens

Bouteflika et Hollande seront à Tlemcen.
Bouteflika et Hollande seront à Tlemcen.

Devant l’exacerbation du pouvoir algérien, par l’insistance du peuple à lui contester sa légitimité, le qualifiant de pouvoir despotique répondant au nom du clan d’Oujda, celui-ci, saisissant l’occasion de la visite d’Hollande en Algérie, l’invite à Tlemcen, bastion de ce clan, comme pour adresser "un bras d’honneur" au peuple algérien, suite à son insistance dans la contestation de sa légitimité.

La visite du président François Hollande en Algérie intervient à un moment critique, où le processus de verrouillage définitif de la société et du champ politique en Algérie a été mené à terme, en complète contradiction avec la promesse de consolidation du processus démocratique annoncé par le président Abdelaziz Bouteflika lors de son discours à la nation le 15 avril 2011. La société algérienne a pu constater lors de l’échéance électorale du 10 mai 2012 pour les législatives, que l’adoption des nouvelles lois était en réalité pour le pouvoir algérien une occasion de plus pour maîtriser davantage la société civile et l’opposition politique, soit un moyen de renforcement supplémentaire du contrôle de la société algérienne dans son ensemble. 

Les conséquences de cette contradiction entre les réformes politiques annoncées et les textes des nouvelles lois adoptées depuis janvier 2012 ont contribué à aggraver la béance qui sépare la société et le pouvoir. La manifestation du mécontentement des électeurs devant ce mensonge cynique n’a pas tardé à s’exprimer par un boycott massif des élections législatives du 10 mai 2012. Comme si ce mensonge ne suffisait pas, le pouvoir n’a pas hésité à renchérir de cynisme, en réaction à la résistance du peuple algérien, par une fraude spectaculaire et de faire élire le parti du pouvoir, - la pâle copie du glorieux FLN qui a restitué la souveraineté nationale de l’emprise coloniale et qui a été confisqué et détourné de sa mission de construction de l’Algérie indépendante – par la concentration de la représentativité de la façade démocratique autour de lui.

À ce stade de perversion du pouvoir algérien, personne ne pouvait encore douter du degré d’enfoncement de sa fuite en avant vers plus de cynisme envers le peuple, de mépris de la chose publique, de l’abandon de la souveraineté nationale au profit des puissances étrangères, qui lui assurent protection et maintien au pouvoir en échange de leur bradage de l’Algérie à vil prix. 

Personne encore en ces moments troubles n’osait traduire sa rhétorique, déployée en la circonstance, à sa juste signification. On s’efforçait naïvement et affectueusement à en minimiser la portée en qualifiant ses termes de dérives langagières attribuées à un personnage sénile et irresponsable en la personne d’Abdelaziz bouteflika, sans mesurer la gravité de ces termes lourds de signification qu’il employait. Pourtant, on ne pouvait douter de sa mauvaise foi par des insinuations aussi paradoxales que la référence au 1er novembre 1954 et le laconique défi "tab j’nanna", une métaphore potagère qui signifie littéralement : notre jardin est mûr (le temps de notre domination de la société est révolu). Une rhétorique en somme de défi et de menace adressée au peuple s’il oserait lui contester sa légitimité à travers un soulèvement populaire à l’image du jour du déclenchement de la guerre de libération nationale. Une rhétorique qu’il emprunte au peuple et qu’il la lui renvoie sous forme pervertie de défi et de menace. Car le peuple algérien, excédé par la perpétuation du statu quo, ne cesse de faire pression sur le pouvoir par la menace d’un soulèvement populaire à l’image du 1er novembre 1954, pour dit-il, en finir avec la gérontocratie au pouvoir. Venez donc déloger la gérontocratie que nous sommes par un soulèvement populaire à l’image du 1° novembre 1954, semble défier le pouvoir algérien son peuple, à travers sa rhétorique cynique et perverse, comme une fuite en avant par la menace de la répression et du chaos.

Après le mensonge des réformes politiques, la fraude, la répression et la marginalisation de l'opposition au cours des législatives du 10 mai 2012, l’occasion des élections locales du 29 novembre 2012 vient confirmer le faîte accompli définitif de la confiscation de l'État par le pouvoir algérien et la précision de sa rhétorique de défi et de mépris envers la souveraineté populaire. L’expression du faîte accompli s’est traduite en une fraude massive et transparente au grand jour, par la falsification des listes électorales, la généralisation du bourrage des urnes, du vote multiple et massif des militaires et la falsification des procès-verbaux du vote. Pour couronner le tout, le pouvoir n’a pas hésité à transformer le processus électoral en un gigantesque marché, au mépris du fait politique et de la démocratie et de l’humiliation des acteurs politiques organiques, faisant d’eux des charognards, se disputant à coups de millions les sièges d’élus locaux, source de trafic de tous genres. Faisant de l’accès à la représentativité populaire un lieu de débauche, de perversion politique et de médiatisation honteuse de la corruption, alors qu’en parallèle, il interdit la tenue de manifestations d'associations anti-corruption et la neutralisation de la Cour des comptes. Plus qu’une provocation, il s’agit là d’un défi lancé à toute forme de contestation pour la normalisation politique.

Mais il reste un contentieux de taille que le pouvoir doit régler avec la population, qui lui conteste depuis toujours sa légitimité, en le qualifiant de clan d’Oujda, en référence à la prise du pouvoir par l’EMG des armées de l'extérieur, installé à l’époque de la guerre de libération à Oujda, par un coup de force contre le gouvernement légal installé à l’indépendance à Alger en été 1962.

Mû aveuglement par son cynisme et sa perversion dans sa fuite en avant délirante, il n’hésitera pas à saisir l’occasion de la visite d’un chef d’État important, en la personne du président de la République française, François Hollande, pour atteindre l’obscène dans sa rhétorique, qui prend des dimensions affreusement fascisantes. En choisissant la ville de Tlemcen comme point de chute pour Hollande, pour venir prononcer un discours à l’adresse des étudiants de cette ville. Le choix de Tlemcen présente en fait deux opportunités efficaces pour sa rhétorique, d’une part, c’est la région du président Bouteflika et d’où est issu un nombre important du sérail, d’autre part, elle se situe à la frontière marocaine à quelques encablures de la ville d’Oujda. L’origine du président et la proximité de cette ville avec la ville d’Oujda représentent en fait une symbolique forte pour une insinuation au clan d’Oujda, symbole contesté des origines du pouvoir despotique algérien. Le choix de cette ville ne présente par ailleurs aucune motivation sérieuse. Si le choix était porté par exemple sur Batna, capitale des Aurès, en tant que bastion de la rébellion à l’occupation coloniale, ou alors Constantine (l’antique Cirta), capitale de l’embryon de l'État algérien à l’époque numide, cela aurait eu un sens certain. En invitant Hollande dans cette ville, le pouvoir algérien semble accentuer sa rhétorique de déni de la souveraineté du peuple, en confirmant cyniquement le reproche populaire de la confiscation de l’État par le clan d’Oujda, comme par un passage à l’acte, à la différence que celui-ci est mûrement réfléchi et délibérément planifié. Un passage à l’acte, qui vient faire écho au bras d’honneur adressé aux Algériens par un homme politique français et soutenu par une partie importante de ses confrères, en réponse à leur demande de reconnaissance du tort colonial à l’ancienne colonie.

Par mimétisme ou par concours de circonstances, le clan d’Oujda s’apprête à adresser à son tour un bras d’honneur à ses propres compatriotes en cette circonstance. Mais au-delà de la comparaison de ces gestes obscènes et fascisants de la part des uns et des autres envers le peuple algérien, la nature du tort qui leur est causé par les uns et les autres est incomparable et ne saurait constituer un quelconque amalgame. Car, si l’on peut trouver des circonstances atténuantes au clan d’Oujda, pour les crimes commis contre son propre peuple, il ne saurait y avoir d’équivalent de traitement pour les crimes commis par la colonisation. Des crimes qualifiés d’extermination, de crimes de masse, de crimes contre l’humanité, d’ethnocide, de destruction du tissu social, économique et culturel et de pillage systématique des richesses du peuple algérien et son transfert en métropole. Mais ceci est une autre histoire. Elle sera prise en considération en temps voulu, lorsque le peuple algérien aura recouvré sa souveraineté et restitué son État, qui est à présent confisqué par ce cynique clan d’Oujda. Lorsque de véritables patriotes auraient pris en main les destinées de la nation algérienne. Car pour l’heure, on ne peut s’attendre de la part des hommes, qui ont bafoué la dignité de ce peuple, de la réclamer en leur nom à l’ancienne puissance coloniale. Il faudra pour cela qu’ils soient légitimes à les représenter, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Car le pouvoir du clan d’Oujda ne représente pas le peuple algérien, pour recevoir le tort fait à ce peuple, parce qu’un pouvoir qui ôte lui-même la dignité d'un peuple ne peut la revendiquer d'autrui pour lui, sauf si ce pouvoir est mafieux, et il est de coutume que la mafia conditionne la défense des intérêts de ses protégés par la confiscation de leur souveraineté et de leur racket. Sur ce registre, en temps voulu, lorsque les Algériens auront restitué leur souveraineté, et se sont dotés d’une diplomatie représentative de leurs intérêts, ils sauront conditionner leurs relations avec les auteurs du tort qui leur a été fait à juste raison pour restituer leur dignité.

D’autant plus, les hommes au pouvoir aujourd’hui ont plus besoin de l’ancienne colonie pour assurer leur survie en échange du bradage des richesses nationales que de les affronter sur ce terrain. C’est du moins, là où semble résider l’essentiel de la motivation de la visite d’Hollande en Algérie. Embourbé dans la crise économique qui menace son pays d'une dangereuse récession, il lui importe qui va-t-il visiter, l'essentiel réside pour lui de veiller à la bonne santé de son pays et de son peuple, en tant que patriote élu souverainement ; pour cela, il lui faut des contrats. François Hollande vient en Algérie faire le marché pour son pays. 

Quelle Algérie Hollande vient-il visiter en fait ? Est-ce celle qui est reniée par le peuple algérien, ou celle qui lui garantit l’embellissement de son pays, ce pour quoi il a été élu ? En s’adressant au peuple algérien, est-il en mesure de s’indigner de la confiscation de leur État par un pouvoir despotique, et penser un instant aux crimes commis contre ce peuple par ce pouvoir, alors que lui-même porte dans sa conscience des crimes plus horribles encore et commis cette fois contre ce peuple par son propre peuple ?

Que peut attendre le peuple algérien de la visite de Hollande ? Rien. Car l’histoire n’appartient pas au champ des sirènes que l’on entend par-ci, et par-là, aussi bien dans la presse organique que dans les discours officiels claniques, "la voix de la raison est basse, mais ne cesse d’être entendue", disait Sigmund Freud. La raison des peuples est au-dessus des intérêts et des compromis diplomatiques conjoncturels. Le temps de la réconciliation ne peut advenir, si les conditions pour l’accomplir ne sont pas réunies. Dans nos conditions actuelles, le bras d’honneur de Gérard Longuet est une insulte à la hauteur civilisationnelle de la France et à la mémoire des grands hommes qui l’ont construite, au même titre que les artisans de la barbarie coloniale qui l’ont conduite au nom de la France. Quant aux despotes algériens, leur destin est lié au temps, qui travaille contre eux, et n’auront de place dans l’histoire, qu’un petit paragraphe pour évoquer l’errance malheureuse d’une nation en reconstruction après un long cataclysme.

Youcef Benzatat

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Commentaires (11) | Réagir ?

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habib CHIALI

CES FILS DE HARKIS QUI PASSENT LEUR TEMPS A DESCENDRE L ALGERIE ONT VRAIMENT LA PEAU DURE

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oziris dzeus

Le clan se retrouve a Tlemcen pour fêter la victoire de la France sur le FLN en 1962 grâce a ce clan d'Oujda et qui n a rien à avoir avec Tlemcen la ville de lotfi et pas de boutef. Le vrai maitre de l'Algérie est là pour féliciter la bande de macaques qui a mené l'Algérie vers l'abime. Si boutef est un vrai nationaliste et que le FLN de belkhad est l'héritier du FLN de benmehidi alors boutef n'a qu'a ordonner à la télé algérienne de rediffuser ce soir ou demain soir le documentaire de azzedine medour 'combien je vous aime’ et qui est interdit par le clan boutefien depuis 1985. si vraiment vous, qui étes au pouvoir a Alger depuis 50 ans et que vous n'êtes pas soumis a la France alors diffusez "combien je vous aime" et montrez aux algériens que votre patrie c'est l'Algérie et pas la France. Vous n'êtes que des agents français au service de la France depuis 1956. Les harkis sont des gens qui ont choisit leurs camp mais vous êtes que des espions, des indicateurs et des sabotteurs.

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youcef benzatat

L’Harki est effectivement un nœud tragique de l'histoire politique de l'Algérie, qui vient s'ajouter au conservatisme patriarcal, source d'autoritarisme et de domination par la violence hiérarchique. Effectivement, le personnel politique que vous décrivez est une concrétisation du comportement sadique, sur le plan psychologique, du harki envers ses compatriotes, ou, ses ex-compatriotes - (car il s'est séparé de sa patrie et il s'est soumis à l'ennemi) - à l'échelle de la domination politique, incarnée par le pouvoir despotique aujourd’hui. Harki, Haggar, ou'zid 'azedj ! C'est quelque chose, un peu, comme un sous-traitant colonialiste.

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