Mali : le Premier ministre "ne travaillait pas pour l'intérêt du pays"

Va-en-guerre, le capitaine Sanogo nie vouloir mener un coup d'Etat.
Va-en-guerre, le capitaine Sanogo nie vouloir mener un coup d'Etat.

Les militaires qui l'avaient arrêté dans la nuit de lundi l'accuse de bloquer les institutions.

"Moi, Cheick Modibo Diarra, annonce par la présente la démission de la totalité de mon gouvernement ce mardi 11 décembre 2012", a-t-il dit, apparemment nerveux, dans une courte déclaration diffusée par la télévision malienne. Cet incident politique risque de compliquer les efforts actuellement menés pour rétablir la stabilité dans le pays dont le nord est passé sous le contrôle de groupes islamistes armés après un coup d'Etat militaire le 22 mars à Bamako.

Les anciens putschistes nient vouloir mener un autre coup d'Etat. Bakary Mariko, porte-parole des militaires qui ont participé au putsch fomenté par le capitaine Amadou Haya Sanogo, a justifié son arrestation quelques heures plus tôt en déclarant qu'il "ne travaillait plus dans l'intérêt du pays". "Il a été arrêté alors qu'il essayait de partir pour la France. Le pays est en crise et il bloquait les institutions. Il ne s'agit pas d'un coup d'Etat. Le président est toujours en place mais le Premier ministre ne travaillait plus dans l'intérêt du pays", a déclaré Bakary Mariko.

Le différend entre le Premier ministre les militaires se situe dans l'intervention militaire qui se prépare. Diarra s'est prononcé à plusieurs reprises en faveur de l'intervention d'une force internationale dans le nord du Mali et ses relations avec l'armée se sont dégradées, le capitaine Sanogo étant opposé à cette option. La majorité des militaires estiment avoir seulement besoin d'un soutien financier et logistique pour mener eux-mêmes une opération de reconquête du nord du pays. Pourtant selon les spécialistes, l'armée malienne est dans l'état actuelle incapable d'affronter les groupes de narco-djihadistes qui tiennent le nord. 

Influences françaises

Le chef du gouvernement a été conduit à Kati, ville de garnison située à l'extérieur de Bamako, qui sert encore de quartier général à l'ancienne junte. Les militaires maliens, qui avaient renversé en mars le président Amadou Toumani Touré, ont restitué la direction de l'Etat aux civils mais demeurent influents dans la gestion des affaires. Ces jours-ci le capitaine Sanogo a déclaré que dès réception des armes, l'armée malienne allait passé à l'attaque des groupes islamistes et du MNLA. Mais cette démission risque de compliquer les efforts visant à stabiliser le Mali dont la partie septentrionale est contrôlée par des rebelles touaregs et des groupes islamistes dont certains liés à Al Qaïda entendent y appliquer la loi coranique.

Cette région enclavée et semi-désertique en bordure du Sahara est désormais considérée par les Nations unies comme "l'une des contrées potentiellement les plus explosives au monde". "L'insécurité devient préoccupante, avec des informations généralisées sur de graves violations des droits de l'homme comme des violences sexuelles, le recrutement d'enfants, la lapidation et la mutilation de suspects", a déclaré le Haut Commissaire des Nations unies aux Réfugiés, Antonio Guterres, devant le Conseil de sécurité. Selon des habitants de Bamako, la capitale était calme aux premières heures de la journée, mardi.

Ancien ingénieur de la NASA et dirigeant de Microsoft pour l'Afrique, Diarra assurait l'intérim en tant que chef du gouvernement depuis avril lorsque les militaires avaient officiellement restitué le pouvoir. Gendre de Moussa Traoré, ancien chef putschiste et président de 1968 à 1991, Diarra semblait entretenir de bonnes relations avec les militaires. Mais, selon les observateurs, des tensions sont apparues au cours des dernières semaines lorsque Diarra, relativement peu expérimenté en politique, a paru vouloir se constituer une base électorale en vue de futurs scrutins. Des divergences sont également apparues depuis plusieurs mois avec le président intérimaire Dioucounda Traoré.

Avec Reuters

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