Quand le dollar plonge, l’Algérie boit la tasse ! par Ghania Hammadou

Quand le dollar plonge, l’Algérie boit la tasse !   par Ghania Hammadou

Quand le dollar plonge, le monde boit la tasse ! La vieille règle s’est confirmée une fois encore, mais cette fois-ci à nos dépens. Le dollar a plongé et l’Algérie a bu la tasse, jusqu’à l’asphyxie… La politique financière mise en place par des ânes savants (pardon pour l’oxymore !), singeant jusqu’au suicide la démarche des pétro-monarchies du Golfe, imitant jusqu’à l’absurde leur modèle économique et répétant en boucle les articles de foi d’un marché financier conçu sur mesure par et pour les puissances économiques capitalistes, cette stratégie vient de nous placer devant un terrible verdict arithmétique : l’érosion des capacités financières de l’Algérie induite par la dépréciation du billet vert par rapport à la monnaie unique européenne. Désormais, les 110 milliards $ US de réserve de change algérienne représentent, en terme de pouvoir d’achat, l’équivalent de 55 milliards $ US. En économie, le ridicule ne tue pas mais il peut entraîner la ruine, la banqueroute ; il peut hypothéquer l’avenir et enterrer l’espoir d’un futur meilleur.

La culbute du dollar entraînant celle de l’ensemble de nos avoirs libellés dans cette monnaie, le scénario le moins pessimiste serait que seule la valeur des 43 milliards de dollars placés aux Etats-Unis, essentiellement en emprunts obligataires d’Etat, ait fondue comme neige au soleil ; le plus sombre − et le plus plausible puisque de l'aveu du gouverneur de la banque d'Algérie le dollar reste la monnaie de réserves dominante −, serait que ce soit tout le matelas de réserves de change qui se serait dégonflé, perdant près de la moitié de sa valeur sous l’effet de la dernière dépréciation de la monnaie américaine face à l’euro ! Et d’ailleurs, ne faudrait-il pas interpréter le silence du ministre des Finances, si prompt à communiquer quand il s’agit de dorer la pilule – il n’a même pas pris la peine de contester les calculs des experts algériens −, comme une confirmation de ces chiffres ?

De l’avis de nombre d’économistes, quel que soit le montant des pertes subies par notre pays, la stratégie financière appliquée par le pouvoir algérien depuis l’embellie des cours pétroliers et l’envolée des rentrées de devises n’en constitue pas moins une aberration. Observant d’un œil critique la chute du marché obligataires américain mis sous pression par l’instabilité de la devise US et plombé par un désintérêt croissant des investisseurs étrangers, ces analystes constatent que les pays en développement cherchent de plus en plus à acheter des actifs autres que les obligations pour diversifier leurs vastes réserves de changes et gonfler leurs retours sur investissement et que, même revalorisés afin d’attirer les placeurs, le taux de rendement du marché obligataire reste à un niveau historiquement bas. Cette désaffection est telle que l'émission de 8 milliards $ US de bons à 10 ans par le Trésor américain en juin 2007 avait attiré moins de banques centrales étrangères qu'à l'accoutumée. Or, font-ils observer, paradoxalement, l’Algérie, qui a des besoins immenses au niveau interne et qui continue à solliciter des investissements étrangers quand elle a les moyens de les réaliser elle-même, navigue à contre-courant de la tendance actuelle privilégiée par des pays en développement. Pour user d’une métaphore commune, on peut dire qu’au lieu de mettre leurs précieux oeufs à couver afin de développer leur poulailler et gagner ainsi en autonomie, les Algériens continuent de les placer tous dans un même panier pour se précipiter à les céder au premier acheteur venu ; autrement dit, au lieu d’injecter nos pétro-devises dans l’économie nationale, des « décideurs » irresponsables, optant pour une solution insensée, choisissent de déposer une bonne partie des fabuleuses recettes pétrolières dans des banques américaines, en placements obligataires garanties par le gouvernement, des placements qui…, dans le meilleur des cas, ne nous rapporteront rien et, dans le pire, peuvent tout simplement nous dépouiller.

Cette politique financière calamiteuse, dont une des perversités est de détourner l’argent, devant légitimement aller au développement et à l’investissement national, vers le soutien à la croissance états-unienne, et dans une moindre mesure nipponne ou européenne, a fait l’objet d’un éloge par Karim Djoudi en personne, quelques jours avant l’effondrement que l’on sait.

Le premier argentier du pays, cherchant sans doute à donner plus de crédibilité à ses déclarations, proclamait auprès d’une agence de presse étrangère : « les risques [des placements effectués auprès du Trésor américain] sont nuls parce que ce ne sont pas des risques de marché et que la Banque d'Algérie pratique une gestion sécurisée de ces réserves. ». D’autres « spécialistes », planqués dans les appareils de décisions − tel le gouverneur de la banque d’Algérie qui concède l’existence de quelques turbulences sur le marché −, nous assuraient avec un même aplomb que la crise financière internationale aurait peu d’impact sur nos placements financiers à l’étranger, et donc sur nos réserves de change… Bref, que ses effets s’arrêteraient à nos frontières comme le nuage radioactif de Tchernobyl aux portes de l’Hexagone ; tous ceux qui débitaient, sans peur d’être contredis, pareilles inepties n’ont pipé mot lorsque la nouvelle de la plongée de la devise américaine est venue leur apporter un cinglant démenti.

Heureusement, à quelque chose malheur est bon, puisque cette (énième) chute du dollar US aura eu un double effet : consacrer clairement la faillite de la stratégie financière du pays et dévoiler la propagande mensongère dont elle était l’objet. Car, comme le faisait remarquer un lecteur de notre site, « il n’y a jamais un placement sans risque ; quelque soit le marché où vous placez votre argent, vous récupérerez, cinq ans plus tard, la somme placée mais celle-ci n’aura pas la même valeur en terme de pouvoir d’achat, car entre-temps, l’inflation et les fluctuations du taux de change seront venues rogner le faible taux de placements ».

En attendant, nous sommes enferrés dans un marché de dupes dans lequel nous tenons le rôle de dindons de la farce et où les USA, maître du jeu, ramasse toute la mise. Si nous ne rompons pas avec cette politique, quand les vapeurs de l’ivresse suscitée par l’envol du prix du baril se seront dissipées, que les taux se seront tassés et les puits asséchés, il sera, sûrement, trop tard pour l’Algérie. Elle aura raté, une fois de plus, le train du développement …

Ghania Hammadou.

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Commentaires (14) | Réagir ?

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Saad Lounes

Le gouvernement ne pouvait pas dire qu'il ne savait pas. J'avais sonné l'alerte sur la dévaluation du dollar dans cet article publié simultanément par El Watan le 21/10/2004 et le Quotidien d'Oran le 13/11/2004.

Lire l'article sur ce lien: http://saadlounes. unblog. fr/files/2007/09/20041113laflambedubarilanticipeladvaluationdudollar. pdf

J'avais démontré le principe de la "cotatioon inversée". Ce n'est plus le dollar qui cote le baril, mais c'est le baril qui fixe la cotation réelle du dollar depuis 1999... c'est-à-dire le lancement de l'Euro.

Les lois économiques du marché sont plus fortes que les manipulations politico-financières.

Mais le drame le plus terrible qui va se produire, ce n'est pas la perte de quelques milliards. C'est le soutien que les arabes vont apporter aux USA quand ils décideront d'anéantir l'Iran lorsque ils auront élu leur nouveau président.

C'est le moyen classique de sauver le dollar... et les pétro-dollars.

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LYCIA1414

Pour tous les lecteurs et lectrices de notre cher MATIN D ALGERIE je vous offre en avant première le programme de compagne de boutef pour le 3°mondât. C’est a lire jusqu au bout une fois terminer le lire du bas vers le haut phrase par phrase

1-Dans notre stratégie politique, nous accomplissons ce que nous promettons

2- Seuls les imbéciles peuvent croire que

3-Nous ne lutterons pas contre la corruption

4-Parce que, il y a quelque chose de certain pour nous

5-L’honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos idéaux

6-Nous démontrons que c est une grande stupidité de croire que

7-Les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé

8-Nous assurons, sans l’ombre d’un doute, que

9-La justice social sera le but principal de notre mondât

10-Malgré cela, il y a des gens stupides qui s’imaginent que

11-L’on puisse continuer à gouverner

12-Avec les ruses de la vielle politique

13-Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que

14-Soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d’influences

15-Nous ne permettrons d’aucune façon que

16-Nos enfants meurent de faim

17-Nous accomplirons nos desseins mêmes si

18-Les réserves économiques se vident complètement

19-Nous exercerons le pouvoir jusqu'à ce que

20-Vous aurez compris qu’à partir de maintenant

21-Nous sommes avec ABDELAZIZ BOUTEFLIKA

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