Le corps d'un opposant à Kadhafi retrouvé 19 ans après

 Le corps de Mansour Al-Kikhia, disparu au Caire en 1993, retrouvé dans une villa des services de renseignement libyens.
Le corps de Mansour Al-Kikhia, disparu au Caire en 1993, retrouvé dans une villa des services de renseignement libyens.

Les sombres placards de Mouammar Kadhafi commencent à révéler l'insoupçonnable. Comme le sort de ses opposants disparus. Le corps de Mansour Al-Kikhia, disparu au Caire en 1993, a été découvert dans une villa des services de renseignement kadhafistes.

Le régime de Mouammar Kadhafi était terrifiant. Il n'avait pas de limites. Une année après sa chute, l'opinion découvre petit à petit ce que furent les pratiques de l'ancien tyran de Tripoli. Ainsi, la Libye rend hommage dimanche à un farouche opposant à Mouammar Kadhafi qui n'avait plus donné signe de vie depuis sa disparition au Caire, en 1993. Le corps de Mansour al-Kikhia a été retrouvé, 19 ans plus tard, dans une villa des services de renseignement kadhafistes. Kikhia doit être enterré lundi dans sa ville natale de Benghazi, dans l'est de la Libye, selon les autorités. "Le régime tyrannique (de Kadhafi) a enlevé l'opposant Mansour Rachid Al-Kikhia, l'a tué, a dissimulé son corps et ne l'a pas enterré, ce qui prouve qu'il avait plus peur de lui mort que vivant", a-t-on indiqué dans un communiqué du ministère libyen des Affaires étrangères.

Selon son frère Mahmoud, Mansour al-Kikhia avait été "enlevé au Caire en 1993 par l'ancien régime" avec sans doute la complicité du moins le silence des services de  sécurité de l'autre dictateur également déchu, Hosni Moubarak. La dépouille de l'opposant libyen a été découverte mi-octobre dans une morgue à l'intérieur d'une villa à Tripoli appartenant aux services de renseignement militaires kadhafistes. "L'analyse de l'ADN a prouvé que le corps retrouvé est compatible avec celui des frères et des fils de Mansour al-Kikhia", a-t-il affirmé.

Ancien ministre et ambassadeur à Alger

Il a précisé que c'est Abdallah al-Senoussi, ex-chef de renseignements sous Mouammar Kadhafi actuellement emprisonné par les nouvelles autorités, qui "a reconnu l'enlèvement de Mansour, a indiqué par la même occasion le lieu où se trouvait sa dépouille". Né en 1931 à Benghazi, al-Kikhia avait entamé une carrière de diplomate sous la monarchie. Ambassadeur à Paris puis à Alger, il était devenu le représentant de la Libye auprès des Nations unies en 1965.

Kadhafi le nomma ministre des Affaires étrangères en 1972. Huit ans plus tard, revenu à ses fonctions onusiennes, il quittait l'ancien Guide et passait à l'opposition. Durant les années 1990, Mouammar Kadhafi avait lancé une campagne visant à liquider plusieurs opposants dans des pays arabes et occidentaux, qui étaient qualifiés par l'ancien dictateur de "chiens errants". Après l'enlèvement de Mansour Al-Kikhia, les services de renseignement libyens avaient été pointés du doigt et une implication du régime égyptien fut évoquée, mais en l'absence de preuves, la disparition de cet opposant est restée un mystère

La peur de Kadhafi 

Mohamed al-Mufti, le beau-frère de Mansour al-Kikhia qui a participé à l'identification du corps, a affirmé avoir "reconnu Mansour au premier coup d'oeil bien que le long séjour dans la morgue ait modifié les traits du visage", a-t-il dit. Chirurgien et historien qui s'est présenté aux dernières élections de chef de gouvernement de transition, Mohamed al-Mufti a précisé qu'avant sa mort al-Kikhia avait été emprisonné durant quatre ans.

D'après des révélations faites aux autorités par Abdallah al-Senoussi, selon Mohamed al-Mufti, Kadhafi, très superstitieux, n'a pas cherché à enterrer le corps durant toutes ces années, après que des "charlatans lui ont conseillé de ne pas l'enterrer pour qu'il ne subisse pas le même sort". "Bien que la mort de Mansour semble naturelle étant donné qu'il était malade avant son emprisonnement (...), des doutes subsistent", a-t-il dit.

Mahmoud Al-Kikhia a écarté de son côté la thèse d'une mort naturelle. Selon lui, des traces de coups de couteau ont été constatées sur la poitrine du défunt. "Un nouveau rapport médico-légal sera établi pour expliquer les causes du décès", a-t-il dit.

Avec AFP

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (0) | Réagir ?