Syrie : les rebelles de l'ASL encerclent Damas

Un enfant jouant sur un char de l'armée. Le régime plus que jamais en déroute.
Un enfant jouant sur un char de l'armée. Le régime plus que jamais en déroute.

Une vaste opération a été lancée par le régime syrien autour de sa capitale, alors que les moyens de communication ont été coupés dans le pays. En vrai, c'est le contraire : les forces du régime sont encerclées dans Damas.

Le régime perd chaque jour un peu plus le contrôle de l'arrière-pays. Ses forces se replient sur Damas où elles comptent se bunkériser en attendant la lutte finale. La preuve : l’armée syrienne a lancé jeudi une vaste offensive à l’est de Damas notamment le long de la route de l’aéroport, qu’elle a affirmé avoir«sécurisée» en soirée, les compagnies qui desservaient encore la capitale syrienne ayant toutefois annoncé l’interruption de leurs vols. Au même moment, une grande partie du pays était coupée du monde,sans téléphone ni internet, les militants accusant le régime de préparer un «massacre» tandis que selon les autorités, des «travaux de maintenance» expliquent cette panne.

Les Etats-Unis ont accusé le gouvernement syrien d’avoir, en désespoir de cause, coupé les réseaux de communication, et l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty a estimé que cela «pourrait annoncer l’intention des autorités syriennes de dissimuler aux yeux du monde la vérité de ce qui se passe dans le pays». Washington envisage également de venir davantage en aide aux rebelles syriens, a annoncé la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton. Les Etats-Unis s’en tiennent depuis des mois à une assistance humanitaire et à une aide«non létale» pour l’opposition syrienne, refusant officiellement toute livraison d’armes à la rébellion. Les opérations miliaires et les coupures du téléphone et d’internet interviennent au moment où l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi affirmait au Conseil de sécurité de l’ONU qu’une «nouvelle Syrie» devrait émerger du conflit qui fait rage dans le pays depuis vingt mois.

Alors que les combats se sont récemment concentrés aux abords de Damas, ceux lancés dans la matinée ont été les plus violents enregistrés dans la région depuis mi-mars 2011, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’armée a mobilisé d’importants renforts pour tenter de maintenir son contrôle de la capitale et de reprendre totalement ses alentours sur un rayon de huit kilomètres, selon une source de sécurité. Les médias officiels ont affirmé que l’armée avait tué de nombreux «terroristes», terme par lequel Damas désigne les rebelles.

Deux soldats autrichiens, membres de la mission de maintien de la paix de l’ONU sur le plateau du Golan, ont été blessé par balle alors qu’ils se dirigeaient avec un convoi vers l’aéroport de Damas, a indiqué Vienne. Les autorités ont fermé la route reliant Damas à l’aéroport en raison des violences, selon l’OSDH, tandis que l’aviation bombardait les vergers bordant Damas, où la rébellion a ses bases-arrière. La compagnie Emirates de Dubaï a annoncé la suspension «jusqu'à nouvel ordre» de ses lignes vers Damas, et EgyptAir a suspendu un vol vendredi à destination de Damas.

Brahimi devant l’ONU

Dans le nord-ouest du pays, où les rebelles ont attaqué l’une des dernières bases encore aux mains de l’armée, l’aviation menait des raids meurtriers, après avoir perdu deux appareils en moins de 24 heures, abattus pour la première fois par des missiles. Les insurgés disposeraient de 40 missiles sol-air, selon le quotidien américain Washington Post, qui cite des responsables du renseignement occidentaux et proche-orientaux affirmant que ces armes, qui pourraient changer la donne en Syrie, ont été récemment livrées par le Qatar. Les rebelles disent avoir saisi des missiles dans des bases de l’armée qu’ils ont conquises.

Jeudi, 69 personnes dont 34 civils ont péri en Syrie selon l’OSDH qui a recensé plus de 40 000 morts depuis le début en mars 2011 d’une révolte populaire qui s’est militarisée face à la répression brutale du régime. Alors que les violences ne faiblissent pas, Lakhdar Brahimi a laissé entendre que le président syrien devra renoncer en fin de compte au pouvoir. Evoquant «l’urgence absolue» d’un cessez-le-feu dans le pays, il a souligné qu’il devrait alors être surveillé par une mission d’observation très importante. «Un cessez-le-feu ne pourra pas tenir s’il n’est pas surveillé de manière intensive, ce qui, je crois, nécessitera une mission de maintien de la paix», a-t-il déclaré.

Au Caire, la nouvelle Coalition de l’opposition syrienne tente mettre en place ses structures internes et de se doter d’un statut, un peu plus de deux semaines après sa création à Doha. Madrid a reconnu mercredi cette coalition comme «le représentant légitime du peuple syrien», rejoignant Londres, Paris, Ankara et les Etats du Golfe. L’ONG Campagne internationale pour l’interdiction des mines (ICBL) a accusé Damas d'être le seul gouvernement au monde à avoir posé des mines antipersonnel en 2012, tandis que Human Rights Watch (HRW) dénonçait l’utilisation par les rebelles d’enfants pour transporter des armes, faire le guet où même combattre.

Par ailleurs, dans une nouvelle vidéo, la journaliste ukrainienne Ankhar Kochneva, enlevée début octobre par des rebelles, a affirmé avoir été envoyée en Syrie par les renseignements russes, des propos vraisemblablement tenus sous la contrainte. En outre, un médecin britannique, Abbas Khan, qui opérait dans les hôpitaux de campagne des rebelles dans le nord, a été arrêté par les forces du régime, selon l’OSDH qui insiste sur le fait qu’il n'était «ni un combattant rebelle, ni un jihadiste».

Avec AFP

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