Révélations d’Aziz Mouats : « J-P Lledo a fait le choix de couvrir les massacres des populations indigènes »

Révélations d’Aziz Mouats : « J-P Lledo a fait le choix de couvrir les massacres des populations indigènes »

Ceux qui doutaient de la capacité de J-P Lledo à accepter le moindre zeste de débat contradictoire auront été copieusement servis. Merci pour eux. Pour le reste, la lettre ouverte parue dans le Soir d’Algérie du 21 février dernier appelle de ma part quelques remarques. Il apparaît clairement que son auteur prend des raccourcis non pas pour apporter la contradiction mais pour dérouter le lecteur. Lorsqu’il s’arroge le droit de ne parler que des séquences qu’il a retenues dans son film, il reconduit naturellement l’impasse sur le reste. Hors, ce sont justement les séquences élaguées qui m’ont interpellé et motivé ma réaction. La première remarque de principe est de savoir si j’ai encore le droit de parler de mon histoire, 53 ans après les faits et 46 ans après l’Indépendance. J’avoue être un peu interloqué par l’aplomb de J-P Lledo qui me dénie le droit de dire et surtout de contredire. Son texte me donne l’impression d’avoir seulement servi de lièvre, comme il en existe encore dans les galas d’athlétisme, accusant les coups et bien content d’avoir été invité. Que J-P Lledo sache que cette histoire est celle de ma famille et par extension de tous les Algériens mais aussi des pieds-noirs et des Français, qui ont clairement affiché leur rejet définitif et inconditionnel du colonialisme. Ils l’ont fait par la parole et par les actes. Nombreux sont ceux qui l’auront payé de leur vie. Il appartenait aux survivants de raconter leur histoire afin que nul n’oublie et qu’aucune loi scélérate sur «les bienfaits du colonialisme » ne vienne ternir ce combat de justes. Car la tentation d’une vie apaisée sous le joug de la colonisation, qui n’en a pas rêvé ? La cruelle réalité de la condition faite aux autochtones en fera déchanter les plus endurcis partisans. Ceci étant dit, je rétorquerai que le minutage de la sortie de mon texte n’a aucun lien temporel avec la chronique de Mohamed Benchicou. Je l’avais envoyé à un quotidien national qui devait, selon mes recommandations, le publier le 12 janvier, c'est-à-dire le lendemain de la projection organisée par le club Chrysalide d’Alger. Malheureusement, la projection et la sortie auront été contrariées, à mon grand désappointement. Les preuves de cet envoi existent chez des journalistes et des intellectuels auxquels une copie avait été envoyée par mes soins. Face à ce contretemps fâcheux, j’ai proposé le texte au Soir d’Algérie qui l’a publié dans son intégralité (intertitres y compris). Pourquoi si tard ? Quand J-P Lledo se demande pourquoi ma réaction si tardive, a-t-il conscience d’attenter à ma liberté de penser ? Feint-il d’ignorer que dans mon mail de juillet qu’il se plaît à rappeler, il y avait une réserve de taille. Je disais en substance qu’«hormis quelques détails d'importance, le reste est à peu de choses près conforme à l'idée que je m'en faisais durant le tournage». A moins de ne pas parler la même langue, je pense qu’on ne peut être plus clair. Les «détails d’importance» étaient ma réponse à la pressante demande du réalisateur qui cherchait à me faire signer une autorisation de diffusion. A l’époque, après des projections privées, le personnage clé de Constantine avait engagé une procédure de censure des images le concernant. N’étant pas du tout dans la même optique, puisque racontant ma propre et véridique histoire, je n’ai pas jugé utile d’obtempérer. Ce qui ne m’a pas empêché de rappeler ma position sur la diffusion publique du film. J’ouvre une parenthèse pour souligner avec force que les images retenues dans le montage et relatives aux massacres de Béni Mélek et à l’organisation de l’insurrection constituent une contribution majeure et déterminante à l’éclatement d’une vérité jusque-là tue. J’ajouterai qu’à ce titre, l’œuvre de J-P Lledo aura réhabilité la justesse du combat libérateur et la courageuse option anticolonialiste et humanitaire de Roger Balestriéri. Face à son humanisme militant, il y avait celui non moins courageux de mon oncle Lyazid. Sous-entendre par la suite que toute l’Algérie coloniale vivait une parfaite harmonie entre les trois communautés et en déduire que ce sont quelques égarés qui auront commis l’irréparable séparation et l’insoutenable exode de 1962, c’est faire un peu court. Autrement, ça se serait su. Mais je le concède volontiers, J-P Lledo est tout à fait libre de défendre une telle opinion. Remarquons qu’entre les rares enclaves d’apparente sérénité, que le cinéaste met en exergue, et l’ensemble des méfaits du colonialisme, il y a un grand écart que la morale ne peut taire. Malheureusement, par moments, le cinéaste s’abritant derrière le très beau livre de Jean Péligri tente une généralisation hasardeuse. J’ai jugé logique de dire une certaine distanciation. Les coups de griffes incisifs du réalisateur auront malheureusement donné une inclinaison qui ne correspond pas à la réalité. Ceci pouvant autoriser des lectures tendancieuses chez le public algérien ou autre, notamment lorsque dans le film, je retrouve, 50 ans après, les trois cailloux de la tombe de Lyazid, moment de très forte tension émotionnelle à la découverte de la première tombe d’un membre de ma famille, complètement perdue dans une jungle, loin de tout. Je libère ma conscience en une longue tirade que le montage aura minutieusement disséquée ; l’amputation de quelques mots lui donnant un tout autre sens. J’ose encore croire à une précipitation que le réalisateur réfute, alors y a-t-il volonté délibérée de déformer le sens de mes propos ? Afin de me fâcher avec «la famille révolutionnaire» ou avec mes convictions ? N’ayant jamais été en harmonie avec le système en place, je n’éprouve que de la fierté à afficher mes convictions qui sont celles d’une pupille de la nation qui se souvient avoir bénéficié d’une pension de 50 DA/mois. Quand j’apprends les montants faramineux, les crédits bancaires illimités et souvent non remboursables, les prises en charge et autres licences d’exploitation, distribués sans compter, je ne peux qu’être fier d’avoir échappé à tant de déviations. A côté, mon malingre salaire de professeur, largement sous-évalué, m’obligeant à faire des extras dans des projets d’accompagnement des fellah, me permet d’élever mes enfants dans la dignité conquise par le sang de leurs grandsparents. Autant, j’ai une estime et un respect insondables pour les vrais combattants, autant j’ai le plus grand mépris pour tous les fossoyeurs et autres requins pour qui l’Algérie n’est qu’une bonne vache à lait. Élucubrations diaboliques Concernant les hommages unanimes à l’égard des Balestrieri, j’ajouterai qu’après le départ de sa famille, il avait été proposé à Roger de garder un des trois domaines familiaux. Il me confirmera cela à Grenoble, en 1988. Même lorsqu’on l’accuse de tous les maux, le FLN a eu de formidables moments de lucidité. Ce qui m’amène à relever une pique très «amicale» de J-P Lledo suggérant, toute honte bue, que j’aurais été délégué par on ne sait quel pouvoir «pour embrocher les artistes récalcitrants». Que J-P Lledo se calme, car je ne suis pas Brutus. Pour avoir connu ma famille, il devrait se ressaisir de cette dérive malsaine qui semble l’emporter en s’érigeant en donneur de leçons. Chercher à créer l’amalgame entre mes cousins et moi participe encore une fois de cet esprit mal tourné qui consiste à semer la zizanie, afin de se dérober au débat. Il sait que ce que la soldatesque coloniale et son corollaire, le système colonial, ne sont pas parvenus à réaliser, ce ne sont pas ses élucubrations diaboliques qui le feront. Où est passée ma complainte finale ? Faire semblant de ne pas comprendre mes allusions ne le disculpe pas de ses agissements. Toute l’équipe de tournage savait que Daïboun ne viendrait pas, sauf J-P Lledo. Pourtant, il avait préparé une scène que nous avions presque répétée à l’avance afin de conclure par les questions qui ponctuent le film. Seulement, cette chute n’était pas la dernière puisque dans le prolongement de cette séquenceplan (on apprend à tout âge à l’université), j’enchaînais par une longue et douloureuse litanie dans laquelle je réclamais justice pour les miens. Me tromperai-je si j’affirmais ici que dès la fin de cette scène, le réalisateur s’approcha de moi pour m’annoncer sentencieusement que seule la séquence des questions à Daïboun sera retenue au montage ? Que pouvais-je dire à mon vis-à-vis, alors que je séchais mes larmes et tentais de reprendre mes esprits ? Pourquoi ne pas avoir montré cette scène si au départ il n’y avait pas une idée précise chez le réalisateur ? Pourquoi noyer dans une très longue réponse ce qui me paraît essentiel, à savoir graver et commercialiser toutes les interviews en quoi et pour qui est-ce gênant ? La modernité aidant, ça ne coûtera que quelques dinars par opposition aux sommes importantes que l’auteur a dû mobiliser pour faire son film. Ben M’hidi et la phrase qui «choque» Les états d’âme du réalisateur en rapport à la célèbre phrase de Ben M’hidi «donnez-nous vos chars et nous vous donnerons nos couffins» laissent effectivement songeur. Notamment quand J-P Lledo affirme ne pas comprendre le sens de cette phrase ni connaître l’état d’âme de Ben M’hidi lorsqu’il la prononça, ajoutant qu’aujourd’hui le fait que cette phrase soit reprise (par moi, mais également par Louisette Ighilahriz et Katiba Hocine) le choquait. Je rappelle à J-P Lledo qui dit ne pas connaître le contexte dans lequel Ben M’hidi avait dit cette phrase, qu’en face de lui, se tenaient ses fiers tortionnaires mandatés par la République, en tenue d’exécuteurs comblés. Renvoi de l’ascenseur ? «Si j’ai accepté de t’accompagner, et donc de partager les risques avec toi, c’était, bien sûr, parce que je pensais que ce serait réciproque. Maâlich, de mon côté, je continue d’assumer. » Elle est terrible cette phrase, lâchée dans un pavé de justificatifs inconsistants parce qu’elle dénote chez le cinéaste de la volonté affichée et clairement affirmée d’un marché auquel je me serais soudain dérobé. Quel culot de chercher à troquer la douloureuse histoire de ma famille contre le confort du réalisateur. Qui, la main sur le cœur, s’en ira montrer son film en toute sérénité, sans se soucier le moins du monde de l’avis de son interlocuteur. De quel contrat parle alors JP Lledo ? Il ne s’agit plus d’un contrat moral mais d’un véritable marché de dupes dans lequel le témoin que je suis accepterai sans sourciller — en a-t-il le droit ? — que ses propos soient chirurgicalement transformés pour construire une thèse que la vérité historique se plaît tous les jours à démanteler. J’ai apprécié avec sérénité les prises de position de trois éminents historiens — Mohamed Harbi, Daho Djerbal et Benjamin Stora in «entretien avec Florence Beaugé» du Monde du 27 février dernier —, qui sont une réponse cinglante et unanime à mes questionnements. Si le renvoi d’ascenseur que réclame J-P Lledo consiste à renier mes convictions d’universitaire et en un renoncement à ma liberté d’expression, à faire l’amalgame entre ma perception des avatars de «la famille révolutionnaire » et à la gestion de l’indépendance par le FLN et les convictions dont j’hérite de mes aïeux non sans fierté, qu’il se rassure à jamais : il n’y a aucun amalgame dans mon esprit. Ayant ma vie durant lutté contre toutes les adversités et toutes les injustices, il me plaît de léguer aux miens un parcours irréprochable de probité et de sincérité. C’est pourquoi, je fais la part des choses dans une grande quiétude. N’ayant pas été élevé dans les intrigues et la trahison, c’est de ma propre initiative que j’ai été le premier et probablement le seul des Mouats à rendre visite aux Balestriéri, 25 ans après leur départ d’Algérie. Le djihad dans l’insurrection Décidément, le réalisateur a un sérieux problème avec l’Islam — oubliant qu’avant, pendant et après la colonisation, cette religion aura été celle de l’écrasante majorité du peuple algérien — et son rôle dans la libération du pays. Il le rappelle fort bien en focalisant sur mes propos quant au rôle de la religion dans la mobilisation des masses, me reprochant de les rappeler pour l’époque puis ajoutant à la hussarde que ce discours est repris aujourd’hui par les islamistes. Bien vu Monsieur le réalisateur sans peur et sans reproche ! Mais voilà, lors du colloque d’Oran du 31 janvier dernier sur l’œuvre de Mohamed Harbi — dont le réalisateur semble posséder les minutes —, l’universitaire algérien que je suis avait proposé une seule et unique question pour le débat. Elle se résumait à savoir si le concept de Djihad durant la guerre de libération pouvait être transposé à la situation récente vécue par notre pays. Preuve qu’on peut encore poser des questions à l’université algérienne. Sans gégène et sans détours. Le différend Ziroud Youcef/ Lyazid Mouats Effectivement, il y avait une approche différente entre Ziroud Youcef et Lyazid Mouats. Ce qui aura incité le second à enfreindre les ordres — de tuer sans discernement — du premier. C’est aussi la preuve que parmi les insurgés, il n’y avait pas que des «illuminés». A contrario, c’est l’humaniste Lyazid et sa famille qui seront sacrifiés par l’œuvre civilisatrice de la colonisation. Merci de rappeler que c’est la famille de colons épargnée par Lyazid qui dénoncera les Mouats, leurs voisins. Un geste d’une grande probité intellectuelle et d’une profonde amitié dont il faudrait probablement gratifier non seulement Messina mais également la IVe République. La répression qu’endurera la population locale sera à la hauteur de la réputation de ses auteurs. Puisqu’il rappelle la trahison de Messina dans sa lettre ouverte, pourquoi ne pas le souligner par la voix dans le film ? L’obsession du spectacle S’il est vrai que l’allusion que J-P Lledo rappelle à l’intention des spectateurs — une obsession chez lui avec en prime ce drôle de vocable pour un drame aussi poignant —, manquait ce petit bout de phrase que je réclame à cor et à cris depuis 54 ans ! Puisque nous étions sous le coup d’une grande œuvre civilisationnelle, pourquoi nous avoir appliqué la loi du talion ? Lorsque J-P Lledo évoque l’arrivée tardive des soldats à El Alia, pourquoi n’enchaîne- il pas en rappelant simplement que d’autres victimes seront sacrifiées trois années plus tard dans un procès inique ? Pourquoi ne pas dire que l’avocate Gisèle Halimi continue, dans une insoutenable indifférence, à réclamer la révision du procès d’El Alia ? S’il est vrai qu’il souligne le parallèle avec Béni Mélek, pourquoi, à aucun moment, le chiffre effarant de 12 000 victimes civiles n’est repris dans le commentaire ? Comme vient de le faire l’historien Robert Chantin et qui nous renvoie au Livre noir du colonialisme de Marc Ferro, qui retient le chiffre de 12 000 et s'exclame du rapport 1 à 100 entre victimes européennes et victimes algériennes. Sans doute obnubilé par son esthétique et son éthique, qu’il assure confondre pour les besoins de son documentaire, je plaide simplement pour l’implorer de ne pas me dissoudre dans son esthétique. A l’instar de mon ami Louis Arti d’El Alia, dont la douleur fut certainement aussi intense que la mienne, je voulais seulement rétablir une vérité. Pendant que J-P Lledo chipote sur ma participation ou non à une projection de son film — comme si j’allais lui soumettre la question — j’observe qu’il aura concentré son activité plus sur la problématique de la diffusion et ses retombées — pécuniaires et autres —, oubliant que pour ma part, je n’ai pas été engagé à la suite d’un casting. Que je n’ai signé aucun contrat et je persiste à soutenir que la censure ou l’interdiction de son film ne plairont qu’aux laudateurs et aux croque-morts de l’histoire. Face à son inquiétude manifeste, j’opposerai la même attitude d’un homme libre. Le seul engagement auquel je ne dérogerais sous aucune contrainte, c’est celui de veiller à transmettre la mémoire dans toute sa cruauté. En rappelant également le traitement infra-humain subit par des femmes et des enfants de chahid sous le règne des compagnons de leurs pères. En raison du sort fait à ces victimes de la guerre — nombre de jeunes veuves seront employées comme femmes de ménage, corvéables et malléables à merci —, par l’Algérie indépendante, il est naturel, chez cette catégorie de citoyens, d’être intraitables sur toutes les questions de dignité. Est-ce trop demander à J-P Lledo de respecter ce droit élémentaire à l’élégance ? Comment le spectateur pourrait- il comprendre mes reproches puisque J-P Lledo reconnaît lui-même avoir retiré des séquences au montage ? Il faut vraiment avoir un esprit aussi évolué pour assumer pareilles inepties. Oser ensuite donner des leçons sur l’épuration ethnique qu’il attribue à une partie du FLN tout en faisant l’impasse sur l’étendue des massacres des populations indigènes, puis s’offusquer qu’un universitaire de service ose enfreindre on ne sait quelle loi émanant du tout-puissant Docteur ès cinéma, sous le fallacieux prétexte que le documentaire n’appartient qu’à son auteur, c’est franchement faire peu de cas de la tragédie humaine dont mon pays fut le sanglant théâtre. Même lorsque je dis du bien du film, le réalisateur se laisse aller au dépit et à son péché mignon, la dérision. Oserais-je lui rappeler que l’affaire est grave ? Puis-je souligner que je n’ai manqué ni de courage ni de clairvoyance en l’accompagnant y compris dans les endroits où notre sécurité n’était nullement assurée. A ce titre, puisqu’il en parle, je maintiens mon invitation à Louis Arti pour un pèlerinage à Béni Mélek et à El Alia. J’espère seulement que d’ici là, la France nous aura enfin indiqué l’endroit où sont enfuis les 23 martyrs de Béni Mélek. Remettre un plan des mines disséminées sur les frontières, c’est bien, quoique tardif, mais remettre un plan des charniers où sont enfouis nos morts est de la plus grande importance pour notre deuil. Le dire dans le film nous aurait certainement aidé. Malheureusement, le réalisateur aura fait un autre choix. Apparemment, même pour un intellectuel, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.

A. M.

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Commentaires (3) | Réagir ?

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electron

Un remue-méninges qui ne laisse pas indifférent.

C’est un terrain vierge et rocailleux que s’applique à défricher Jean-pierre Lledo, un terrain que les hommes ont préféré oublier et qu’ils ne se remémorent qu’au prix d’une insondable douleur. La douleur du 05 Juillet 1962, jour de l’Indépendance de l’Algérie. Le documentariste nous explique, deux heures et demi durant, ce qui s’est passé ce jour-là en Algérie, comme pour mieux remuer le couteau dans la plaie.

Sommairement découpé en quatre parties d’une égalité mécanique, le réalisateur présente quatre tableaux, quatre portraits d’hommes ou de femmes qui ont eu à subir un jour l’affront de ce que l’un d’eux appelle « le génocide ». C’est-à-dire, avec une objectivité plus approprié, le massacre de l’oppresseur : les européens pieds-noirs, par les oppressés, les algériens. Un premier coup de pioche aussi tranchant qu’injuste. Le réalisateur présente sa thèse en faisant le curieux choix de négliger le contexte antérieur aux événements soulignés. Il omet de préciser les 130 ans de colonialisme qui ont précédé la libération pour ne s’intéresser qu’à la réponse sanglante algérienne. Dirigé son propos d’une telle manière implique une énervante conséquence, cette violence devient infâme, religieuse et gratuite.

Les souvenirs de l’indépendance sont lointains, beaucoup trop lointains pour rendre compte de la réalité que voudrait nous montrer Jean-pierre Lledo. Le terrain de l’enquête est semé d’embûches… Les entretiens frôlent parfois une provocation auquel il est difficile d’adhérer. Point d’introduction, aucun repère ni aucune complaisance, on navigue alors dans mélange de vagues souvenirs, de faux témoignages, de sigles desquels il faut se dépatouiller sans aide, comme l’on peut. Qui est qui ? Qui faisait quoi ? Qui tuait qui ? Quelle est cette organisation ? De part le flou abondant, le film devient affaire de spécialistes.

Le montage ne s’autorise aucun coup de pioche pourtant bienvenue, et il faut attendre le dernier portrait rafraîchissant d’un jeune algérien, pour oublier une problématique douteuse. Vrai travail de recherche sur le passé de son pays, on suit avec plaisir cette démarche entraînante et si contrastée du reste du film. Une pincée d’espoir dans un embarras de propos terrifiant. Algérie, histoires à ne pas dire malmène, perturbe, déroute mais ne laisse jamais indifférent.

Florent Boucheron

http://www. commeaucinema. com/film=algerie-histoires-a-ne-pas-dire, 102810. html

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mourad kadri

un dicton kabyle dit:" l'arbre s'est plaint de la hache qui l'abbat, celle-ci lui rétorque que son manche est fait de son bois!" nos anciens ont l'air moin malins six pieds sous terre sur leurs colline oubliée et dénuée de toute espérance. à chaque fois qu'un film sort l'histoire d'Algérie de l'oublié destestable dont les hautes sphéres algérienne l'ont plongée les esprits biens pensant se mettent en branle! messieurs de la polimique qui aviez appelé au boycotte et au scandale vous servez forcément la cause de ceux qui nous ont légué cette indigence morale et quand le chef d'oeuvre, l'opium et le bâton de feu Mouloud Mâameri est porté à l'écran c'est toute une pallette de vérité de l'ouvrage qui sont occulté au bénéfice de la "bien séance" au détriment de tout un peuple qui clamait sont aversion pour la langue de bois, M Lledo, M. rotman (l'ennemei intime) et tous ceux qui depoussiéreront cette histoire meconnu des siens subiront le même sort resevé au sorciére, laissez les artiste faire leur travail et exposer leurs version et amis Algériens exposez la vôtre et brandissez la sous forme de filme comme un crucifix à la face d'un vampire si vous préférez, mais de grâce cessez les ragouts comme pour le filme Rachida de Yamina Bachir que vous aviez trainé dans la boue.

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