France (littérature) : Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012

Jérôme Ferrari.
Jérôme Ferrari.

Jérôme Ferrari a été couronné, mercredi 7 novembre, par le prestigieux prix Goncourt pour son roman Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l'inéluctable fugacité des mondes. Le lauréat, en lice pour la plupart des prix littéraires cette année, a été choisi au deuxième tour.

Né en 1968 à Paris, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie et conseiller pédagogique au Lycée français d'Abou Dhabi depuis la rentrée, après avoir enseigné au lycée international d'Alger puis au lycée Fesch d'Ajaccio. Ce quadragénaire à la silhouette juvénile et au regard intense, qui refuse de se dire philosophe, a bâti en six romans une œuvre d'une grande puissance poétique, où alternent la spiritualité, le cocasse et le drame.

Plus encore que dans ses précédents romans, Dans le secret (2007), Balco Atlantico (2008), Un dieu un animal (2009) ou encore Où j'ai laissé mon âme (2010), Prix roman France Télévisions, l'auteur envoûte par la beauté de son écriture, à la fois imprégnée du souffle des sermons antiques et terriblement moderne. Le fameux sermon de saint Augustin a été prononcé en 410, dans la cathédrale disparue d'Hippone, devant des fidèles désemparés après le sac de Rome. Augustin les rassure : "Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt." Ce seul passage et les têtes de chapitre du roman sont extraits du Sermon.

Le livre emporte le lecteur dans la montagne corse. Un vieil habitant, Marcel Antonetti, est rentré au village ruminer ses échecs. A la surprise générale, son petit-fils Matthieu renonce à de brillantes études de philo pour y devenir patron du bar du village, avec son ami d'enfance, Libero. Leur ambition ? Transformer ce modeste troquet en "meilleur des mondes possibles". Les débuts sont prometteurs. Mais bientôt l'utopie vire au cauchemar. Les ex-apprentis philosophes sont frappés par la malédiction qui condamne les hommes à voir s'effondrer les mondes qu'ils édifient. Paris Match écrivait ceci sur le roman : "Jérôme Ferrari écrit en virtuose cette apocalypse corse, cette fin d’un monde occidental où chacun s’est cru éternellement l’empereur des destins. Pour ces raisons, « Le sermon sur la chute de Rome » est ce qu’il y a de plus abouti, de plus beau, de plus universel en cette rentrée littéraire. Il décrit la finitude et l’impermanence des choses pour laisser à saint Augustin le devoir d’en expliquer la chute inexorable".

Avec AFP

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