Tunisie : le chef salafiste Abou Iyadh met en garde le pouvoir

Abou Iyadh est rechercé par la police depuis le 14 septembre
Abou Iyadh est rechercé par la police depuis le 14 septembre

Le principal chef salafiste tunisien, Abou Iyadh, a lancé vendredi un appel au calme à ses partisans assorti d'une mise en garde au pouvoir après qu'un imam d'une banlieue de Tunis ensanglantée par des violences a appelé à faire la "guerre" au gouvernement.

De craintes de violences, la police et l'armée avaient déployé d'importants renforts pour la journée de la grande prière sur les axes menant à Douar Hicher, où deux militants salafistes ont été tués lors de heurts mardi avec les forces de l'ordre. Aucun incident n'avait été signalé en fin d'après-midi. "Peut-être que beaucoup de nos jeunes ne seront pas satisfaits par un appel au calme après les derniers événements de Douar Hicher (...) Je vous invite mes frères à vous référer aux paroles de Dieu et à compter sur la patience et la prière", a déclaré le chef salafiste Abou Iyadh dans une vidéo sur internet.

Le chef de Ansar al-charia (Partisans de la loi islamique) qui est recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre a néanmoins aussi mis en garde les autorités. "Un message adressé aux oppresseurs : nous avons été patients et nous serons encore patients mais attention à l'explosion de colère", a-t-il dit.

Cette vidéo intervient au lendemain d'un appel à la "guerre" contre le mouvement islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, lancé à la télévision par l'imam Nasreddine Aloui de Douar Hicher. "J'ai préparé mon linceul après la mort de deux martyrs et j'appelle les Jeunes du réveil islamique à faire de même car le mouvement Ennahda et d'autres partis politiques veulent des élections sur les ruines et les cadavres du mouvement salafiste", a-t-il proclamé. "Je vais faire la guerre à ces gens-là car le ministre de l'Intérieur et les dirigeants d'Ennahda ont choisi les Etats-Unis comme leur bon dieu", a-t-il martelé.

Nasreddine Aloui se présente comme le nouvel imam de la mosquée Ennour. Son prédécesseur est l'un des deux militants tués par les forces de l'ordre mardi en riposte à une attaque contre deux postes de la garde nationale. Le vendredi a été par le passé l'occasion pour les mouvements radicaux de rassembler leurs partisans et de mener des attaques, comme celle contre l'ambassade des Etats-Unis à Tunis.

"Tes mots sont comme des balles"

Parallèlement, le ministère de la Justice a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête contre Nasreddine Aloui pour incitation au crime et "à la haine entre les religions et les citoyens". Le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, qui était invité à l'émission télévisée où M. Aloui s'est exprimé en duplex, avait déjà vivement dénoncé les appels à la violence. "Ce genre de discours est en partie responsable du sang versé, tu ne réalises pas que tes mots sont comme des balles", a lancé jeudi M. Larayedh.

Le ministre des Droits de l'homme Samir Dilou a lui estimé vendredi à l'antenne de la radio Shems-FM que les salafistes avaient "commis une grave erreur en menaçant Ennahdha et en l'accusant de travailler pour le compte des Etats-Unis". Le ministère des Affaires religieuses a souligné que l'imam n'avait pas été nommé par ses services et qu'il était dès lors dans l'illégalité. Selon ce ministère, une centaine de mosquées sont sous le contrôle d'islamistes radicaux.

Ennahda a promis de serrer la vis face aux salafistes jihadistes après une série de violences orchestrées par cette mouvance rigoriste de l'islam sunnite, alors que l'opposition accuse le gouvernement de laxisme à leur égard. L'état d'urgence en vigueur en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011 a été prolongé mercredi pour trois mois.

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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mehgiz azouaou

C'est comme ça que ça a commencé chez nous. les tunisiens doivent étre très vigilant et surtout ne pas faire de concessions.