Le 1er Novembre à l'heure de l'amnistie de Bouteflika

Une image pervertie des commémorations de Novembre.
Une image pervertie des commémorations de Novembre.

Les discours tenus par le pouvoir de Bouteflika en cette commémoration du 58e anniversaire du déclenchement de la lutte armée opèrent un dangereux amalgame entre le l'"esprit unificateur" du 1er Novembre" et la politique de la "paix" et "réconciliation" avec l'islamisme armé.

Depuis l'avènement du pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika, deux termes ont constitué un raz-de-marée dans le discours officiel et ils sont utilisés, invoqués, à toute occasion, dans les réformes, les commémorations, les menaces à l'endroit de la société civile. Il s'agit bien évidemment de "paix" et de "réconciliation" qui sont le fait du terrorisme islamiste, de la décennie noire et, plus encore, de l'antagonisme entre deux projets de société irréconciliable. En effet, dans tous les discours d'Abdelaziz Bouteflika, "paix" et "réconciliation" n'ont jamais évoqué d'autres situations de conflits que celles ayant mis en demeure le pouvoir algérien de pactiser avec l'islamisme politique et ses bras armés. L'historien, le sociologue et le linguiste relèveront certainement que, dans l'Algérie de la postindépendance, ces deux entités n'ont jamais référé à la guérilla de 1963 et à toutes les révoltes de la société civile qui, réprimées dans le sang, n'ont suscité ni "paix", ni "réconciliation" dans l'attirail discursif du pouvoir mais toujours de la haine et de la répression.

Il ne s'agit plus de se demander avec qui et à quelles fins cette "paix" et "réconciliation" seront scellés car d'évidence, ceux qui en sont concernés et qui suscitent toutes les attentions appuyées pour ce faire, sont le terrorisme islamiste et le règne de la maffia politico-financière. De fait le mot "paix" n'est pas synonyme de "liberté" et semble même contraster avec "l'indépendance" du pays. Ainsi, à l'offre de "paix" et de "réconciliation" faite aux maquis du terrorisme islamiste, à ses chefs politiques, à son soubassement idéologique lors même où ils mettaient à feu et à sang le pays, contraste l'exigence de "repentance" signifiée à la France sur les crimes de son lointain passé colonial. Même si les crimes des uns ne justifient pas les crimes des autres, il n'en demeure pas moins que cette politique de "paix et de réconciliation" ne peut être sujette à deux poids, deux mesures, s'agissant de mêmes crimes, du même projet de société exogène et meurtrier et de la même idéologie, sachant que colonialisme, fascisme et islamisme ont les mêmes germes.

Et ce n'est pas un hasard de discours si le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé mercredi soir à Alger que l’Algérie était un "Etat référence en matière de paix et de réconciliation grâce à l’esprit positif véhiculé par la révolution" et que l’Algérie "est aujourd’hui un modèle pour les autres est prête à partager son expérience pour qu’ils puissent en profiter et s’en imprégner", ajoutant que "notre responsabilité envers les autres est aujourd’hui plus grande que jamais" associant la commémoration du 58è anniversaire du déclenchement du 1er Novembre à celle du 7eme anniversaire de la "Charte pour la paix et la réconciliation nationale" en affirmant que "Aujourd’hui nous avons grand besoin de paix et nous devons œuvrer à travers notre expérience pionnière à la consécration de la culture de la paix et de la réconciliation". Pour Mourad Medelci, la "flamme de Novembre" est à l'origine de la politique de l'amnistie générale accordée aux maquis des GIA, GSPC, Al Qaïda au Maghreb islamique. La date du 1er Novembre est ainsi corrompue, soustraite de sa modernité historique pour servir d'alibi à la réconciliation nationale. Le sacrifice, le patriotisme, le champ d'honneur, les maquis de la libération du pays, ses hommes, ses stèles doivent ainsi revenir, dans les mêmes termes honorifiques, à l'islamisme politique comme projet de société et ses "combattants" perçus comme les continuateurs des hommes de Novembre.  Sinon, comment expliquer cette association que fait le pouvoir de Bouteflika entre l'"esprit" de Novembre et ce à quoi réfèrent "paix" et "réconciliation".

Précédemment, et toujours à l'occasion du 58e anniversaire du déclenchement du 1er novembre, Farouk Ksentini, le président de l'Observatoire des droits de l'homme, Mohamed Cherif Abbas, le ministre des Moudjahidinnes, et tant d'autres qui se découvrent une ferveur nationalo-historique, n'ont pas manqué de faire de cette commémoration l'occasion idoine de renouer la "paix" avec les militants du FIS, de réitérer les appels désespérés à la réconciliation nationale avec les assassins de l'Algérie, et de se lancer, comme dépositaires, gardiens tutélaires de la mémoire de Novembre, contre l'ennemi d'hier, grand partenaire économique d'aujourd'hui, seconde patrie de générations d'Algériens, l'ancienne puissance coloniale, la France comme pour mieux légitimer le funeste dessein de la politique de réconciliation nationale qui consiste à "islamiser" au sens politique du terme, le déclenchement de la révolution et à faire de celle-ci la matrice féconde de ces deux mots "paix" et "réconciliation" qui recèlent les trahisons de Novembre.

Bouteflika qui se recueille à la mémoire des Martyrs n’est-il pas le même qui avait déclaré, convaincu de la teneur de ses propos, lors d’un conseil des ministres, au temps de la police politique de Zerhouni, à propos des terroristes du GSPC : "Si j’avais leur âge, j’aurais fait comme eux !". N’est-il pas le même que celui qui vole au secours du groupe terroriste d’Al Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Eddine, évitant un face-à-face avec "ses" terroristes en puissance de "repenti" Droukdel, Belmokhar et autres. Enfin, ces deux mots "paix" et "réconciliation" sont, pour cette commémoration du 1er novembre, l’extinction préméditée de ce qu'il reste de ses symboles.

R.N.

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Commentaires (10) | Réagir ?

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koceila ramdani

Une chose est sure, ces salopards nous ont pourris la vie, et ils sont entrés par la fenêtre dans l'histoire, mais maintenant à nous de foutre en l'air la vie de leurs descendances en leurs rappelons a vie de ce qu'ils étaient leurs parents, et en les affichant avec tous les moyens en notre possessions, et partout dans le monde, afin que jamais ils ne trouveront la paix. Faisons bousculer nos intelligences, et hâtons nous de sauver ce qui peut encore l'être avant qu'on se retrouvent dans les rangs des complices nous aussi, et pour que nos enfants ne nous le reprochent pas un jour, ou somme-nous dégueulasse au point de faire comme si tout allaient bien?

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amazigh zouvaligh

Ce qui me frappe dans sur cette photo, c'est la présence d'un ministre, quel ministre?Celui des moudjahidin, quoi que je n'aime pas ce terme qui est d'ailleurs arc hi faux, vu que la guerre d’Algérie est une guerre pour anéantir le colonialisme anarchique et non une guerre de religion;comme il a été bien stipulé noir sur blanc dans la plate forme de la Soummam, donc on doit parler de combattants ou de maquisards, ceci n'est qu'une parenthèse;mais, sachez que c'est comme cela qu'ils ont tout travesti depuis 1962!Mais revenant à notre cher ministre des combattants, lequel ministre a 2 de ses rejetons un garçon et une fille naturalisés français et qui sont étudiants chez Fafa!

et quand on écoute ses discours, pendant les anniversaires du premier Novembre ou autre occasions, il fait semblant d’être contre le pays de ses rejetons!Quel culot §Quelle hypocrisie!

Mais c'est bien fait pour les Angeriens qui continuent à les accepter au lieu de les renverser et leur demander des comptes!

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