DANS LA BOÎTE DU MATIN : Un film à zapper et à ignorer

DANS LA BOÎTE DU MATIN : Un film à zapper et à ignorer

Je suis très en colère et je n'ai pu contenir le fort battement de mon cœur dans la salle de projection ce jour de 27 février 2008 à Paris, du film de Jean-Pierre Lledo « Algérie, histoires à ne pas dire... »

En voyant attentivement ce film, ma première impression était que l'Algérie était arabe, juive et chrétienne » mais pas un mot sur sa civilisation berbère millénaire !

Pendant près 2h40 monsieur Jean-Pierre Lledo a étalé sa petite vérité, sortie de contexte historique et culturelle. -Une vérité sortie de son contexte n'est plus une vérité mais un fait que l'on manipulera-.

A mon point de vue ce film est une grande manipulation et une arnaque pour l'histoire de l'Algérie.

Je suis déçu que cela soit un cinéaste Algérien aguerri comme Jean-Pierre Lledo qui nous donne une telle leçon de cinéma documentaire. J'aime les cinéastes qui donnent des coups de maître mais pas des coups de traître !

Je respecte les opinions de tout un chacun, mais là je me sens complètement offensé, en tant que Algérien soif de vérité historique. Je me sens le devoir de dénoncer cette mauvaise caricature de la tragédie algérienne.

Etre cinéaste est un métier difficile respectable et surtout responsable. Pas une seule image, pas une seule réflexion sur les causes de la guerre, des soulèvements, de la déchirure de ce peuple, et surtout de la misère qu'endurait tout le peuple algérien, de son humiliation réduit à l'esclavage et je pense spécialement à la Kabylie -l'Algérie profonde- !

Pas un mot ou une image de cette Kabylie qui été la première à se soulever déclenchant la guerre de Libération Nationale, où les grandes décisions ont été prises, ni un mot sur les Aurès de l'Est algérien.

On dirait que l'Algérie d'avant 1962 c'était l'algérois des Européens.., Constantine des Juifs… et Oran des Espagnols…! C'est une insulte à l'histoire et au peuple Amazigh, c'est impardonnable!

Pas un mot en berbère ! Comment réduire 130 ans de colonialisme à un ou deux ans d'exaction, ou du départ forcé voire décidé de la grande partie de la population européenne!

Comment il a pu ignorer l'exode des pères et fils pousser par la misère inhumaine loin de leur famille pour venir travailler comme ouvrier en France !

J'appelle au boycottage de ce film. Sauf si un jour son auteur aura le courage et la capacité de le complétera de ses 90% manquant ! Parce qu'en 2h40 on peut raconter énormément de chose !

Saïd NANACHE cinéaste

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Commentaires (14) | Réagir ?

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Makani

Etre cinéaste est un métier difficile respectable et surtout responsable. Pas une seule image, pas une seule réflexion sur les causes de la guerre, des soulèvements, de la déchirure de ce peuple, et surtout de la misère qu'endurait tout le peuple algérien, de son humiliation réduit à l'esclavage et je pense spécialement à la Kabylie -l'Algérie profonde- !

je suis Algerois je ne peut etre que d'accord avec les remarques pertinetes de mon frere de Kabylie

a qui veut plaire JP Lledo?

à qui veut plaire Boualem Sansal'

faire le raccouci et l'amalgame entre nazi et moudjahid?

impardonable moralement et faux historiquement

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electron

La critique de Florent Boucheron

Un remue-méninges qui ne laisse pas indifférent.

C’est un terrain vierge et rocailleux que s’applique à défricher Jean-pierre Lledo, un terrain que les hommes ont préféré oublier et qu’ils ne se remémorent qu’au prix d’une insondable douleur. La douleur du 05 Juillet 1962, jour de l’Indépendance de l’Algérie. Le documentariste nous explique, deux heures et demi durant, ce qui s’est passé ce jour-là en Algérie, comme pour mieux remuer le couteau dans la plaie.

Sommairement découpé en quatre parties d’une égalité mécanique, le réalisateur présente quatre tableaux, quatre portraits d’hommes ou de femmes qui ont eu à subir un jour l’affront de ce que l’un d’eux appelle « le génocide ». C’est-à-dire, avec une objectivité plus approprié, le massacre de l’oppresseur : les européens pieds-noirs, par les oppressés, les algériens. Un premier coup de pioche aussi tranchant qu’injuste. Le réalisateur présente sa thèse en faisant le curieux choix de négliger le contexte antérieur aux événements soulignés. Il omet de préciser les 130 ans de colonialisme qui ont précédé la libération pour ne s’intéresser qu’à la réponse sanglante algérienne. Dirigé son propos d’une telle manière implique une énervante conséquence, cette violence devient infâme, religieuse et gratuite.

Les souvenirs de l’indépendance sont lointains, beaucoup trop lointains pour rendre compte de la réalité que voudrait nous montrer Jean-pierre Lledo. Le terrain de l’enquête est semé d’embûches… Les entretiens frôlent parfois une provocation auquel il est difficile d’adhérer. Point d’introduction, aucun repère ni aucune complaisance, on navigue alors dans mélange de vagues souvenirs, de faux témoignages, de sigles desquels il faut se dépatouiller sans aide, comme l’on peut. Qui est qui ? Qui faisait quoi ? Qui tuait qui ? Quelle est cette organisation ? De part le flou abondant, le film devient affaire de spécialistes.

Le montage ne s’autorise aucun coup de pioche pourtant bienvenue, et il faut attendre le dernier portrait rafraîchissant d’un jeune algérien, pour oublier une problématique douteuse. Vrai travail de recherche sur le passé de son pays, on suit avec plaisir cette démarche entraînante et si contrastée du reste du film. Une pincée d’espoir dans un embarras de propos terrifiant. Algérie, histoires à ne pas dire malmène, perturbe, déroute mais ne laisse jamais indifférent.

http://www. commeaucinema. com/film=algerie-histoires-a-ne-pas-dire, 102810. html

Florent Boucheron

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