L'Azawad : sauver les populations avant la guerre

Attaquer les narco-islamistes est une chose, protéger la population est une autre.
Attaquer les narco-islamistes est une chose, protéger la population est une autre.

Le tapage qui entoure la situation au nord-Mali, appelé l'Azawad par sa population, entretient une totale confusion.

La France bat les tambours d’une guerre qu’elle ne fera pas. Tête de pont d’un interventionnisme militaire dont elle peine à définir un concept opérationnel qui serait recevable par les instances internationales. L’Algérie, chantre d’une solution politique sans perspectives. Elle leste obstinément sa démarche d’un dialogue insistant avec un ancien partenaire qui a tourné le dos aux siens et s’est définitivement converti au wahhabisme.

Les États-Unis d’Amérique, en faux arbitres, entendent engranger des dividendes, quelles que soient les évolutions de la situation. Partisans de la guerre et du dialogue, ils laissent faire en attendant l’épilogue. Sans s’impliquer directement, ils ne s’excluent pas pour autant.

Des États de la Cédéao qui ambitionnent un rôle hors de leur portée. Leurs 3000 hommes doivent à la fois "sécuriser la transition" et partir à la  "reconquête" du Nord. À Bamako les différents centres de pouvoirs éclatés, concurrents et rivaux, font semblant de s’entendre. Ils n’ont qu’un accord, faire le dos rond le temps que puisse s’établir le fait accomplit de l’intervention dans l’Azawad. Le vice-secrétaire général de l’ONU recadre les ambitions sans démasquer les prétentions ni départager les options. Il appelle à s’abstenir "d'exacerber les tensions existantes ni d'aggraver une situation humanitaire déjà précaire".

Le MNLA, rejoint par des élus touaregs de Tamanrasset, se prononce contre toute ingérence dans l’Azawad. Il préserve les populations civiles par son refus de combattre dans les villes ; mais risque, par son refus de l’intervention internationale, de se retrouver dans la même tranchée que les islamistes. 

La situation semble inextricable ! Sauf que peut-être il suffirait d’aborder l’écheveau par le bon bout ?

La priorité des priorités doit être de déjouer les plans du GSPC et de ses acolytes – Iyad Ag Ghali y compris -. Les islamistes incrustés dans les villes de l’Azawad ne sont qu’une poignée. Leur force tient dans la tactique qu’ils déploient. Enkystés dans les villes, ils font des populations leur meilleur rempart : un bouclier humain. Le fait n’échappe à personne, et les faux semblants sur cette question rendent toutes les positions suspectes.

Les militaires comparent le désert à la mer. Alors, comparons Kidal, Tombouctou et Gao à des paquebots qui seraient tombés entre les mains de pirates. La comparaison est utile parce qu’elle montre l’inanité qu’il y a à laisser ces navires se ravitailler de la manière la plus ordinaire. L’enjeu dans une prise d’otage est toujours de retourner la situation en défaveur des ravisseurs. Elle est ensuite d’imposer la négociation afin de soustraire les captifs sans céder aux exigences des kidnappeurs. Or, depuis des mois, ces villes prisons continuent d’avoir les rapports "normaux" avec le reste du monde ! Ce seul fait montre que les projections d’opérations de "reconquête du Nord" ou de "dialogue politique" ne sont que des balivernes !

S’il existe une réelle volonté de faire de l’Azawad le tombeau du GSPC et de ses compères la démarche est à l’évidence d’encourager les populations à quitter les villes investies par les islamistes. Cela suppose la création de structures conséquentes pour assurer l’accueil des populations soustraites aux villes. De la sorte, l’aide aux populations cessera d’alimenter des villes prisons qui ne peuvent connaitre une vie normale.

C’est la mise en place, le financement et la gestion de ce volet humanitaire qui devrait accaparer l’attention de la communauté internationale. De sa bonne conduite dépendront l’engagement et le sort du volet militaire. Sans opération humanitaire, toute intervention dans l’Azawad sera un sauvetage et un renforcement des groupes islamistes.

Mohand Bakir

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Commentaires (4) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

La France et le pouvoir algérien sont sur la même longueur d'ondes, quand il s'agit de s'opposer à tout ce qui s'articule autour de la démocratie, la laïcité, état de droit, autonomie ou indépendance des peuples qui veulent s'affranchir des tutelles des pouvoirs arabo islamistes d'Alger et de Bamako, ennemis de lAmazighité, si non comment expliquer, comme par enchantements la présence de groupes islamistes fabriqués par le pouvoir algérien, en l’occurrence Ansar Eddine dans le pays des Touaregs, acquis à la démocratie, et et tous ses corollaires, presque la même chose se passe en Kabylie, surtout depuis l'arrivée de ce lui qui ne veut pas être un 3/4 de président, et comme par pur hasard, avec la montée du MAK, les kidnappings, banditisme et tous les fléaux, surgissent en Kabylie, dans la seule région démocratique, laïque du pays, et cerise sur le gâteau, la France, pour faire plaisir à ses serviteurs corrompus d'Alger ne veut pas reconnaître le GPK ;comme elle fait l'impasse sur le mouvement touareg de L'Azawad.

Au peuple touareg et au peuple kabyle, dont le combat est similaire et surtout noble, tachez de persévérer dans vos choix qui vous feront garder votre identité plusieurs fois millénaires et que vos ennemis lâches de Bamako et d'Alger veulent décimer et sachez que les combats justes finiront toujours par triompher!

Chrétiennement!

Amen!

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Saad Lounes

Quand on écrit ce genre de choses, il faut savoir de quoi on parle.

Les habitants des trois villes ont quitté les lieux depuis belle lurette. Soit ils sont réfugiées chez les pays voisins, soit ils sont partis en brousse dans leurs campements près de leur bétail.

Les rebelles du MNLA ont quitté ces villes et stationnent à des km aux alentours. Même les terroristes n'y paradent que de temps en temps pour s'approvisionner. Ils préfèrent se disperser en lisière des villes.

Kidal, Gao et Tombouctou sont pratiquement des villes désertes, abandonnées. N'y demeurent que des leaders avec leurs gardes prétoriennes, ou des bougres et des vieillards qui n'ont pas où aller.

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farid hamid

"Ni la France, ni les USA, ni la CEDEAO, ni l’ONU n’ont d’autre choix, que de laisser l’Algérie jouer son rôle de pièce maîtresse dans l’échiquier des négociations, comme elle l’a toujours fait depuis 50 ans. "

Il ne sait peut être pas de quoi il parle mais, vous aussi, on ne comprend pas vraiment vos contradictions!

Vous demandez que l'Algérie gère seule ce dossier sensible de la même façon qu'elle a géré celui du Polisario. Avant c'était Boumediene et le général Oufkir assassiné par Hassane et aujourd'hui c'est Bouteflika et le chef d'Ansar eddine. L'Algérie n'a rien à foutre ni du Mali, encore moins d'un MNLA laïc! Elle ne veux pas d'un nouvel Etat ni d'une autonomie avec une idéologie qui ne soit pas d'inspiration arabo musulmane exactement pareille à celle du Sahara Occidentale. Si c'était Ansar Eddine qui avait proclamé l'indépendance de l'Azawade, l'Algérie se serait sans aucun doute précipité pour lui reconnaître la légitimité de sa revendication, exactement comme le Polisario.

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Mr Saad Lounes doit avoir des sources qui ne sont pas à ma porté.

Pour ma part, je me fait mon opinion à partir de ce que la presse rapporte, comme exactions dans ces villes, flagellations, mains coupées, lapidations, etc... Et aussi à partir de l'écho de la résistance de la jeunesse et des femmes. A ma connaissance, le ravitaillement envoyé il n'y a pas si longtemps par le croissant rouge algérien a bien été livré dans ces villes?

Juste pour illustrer, si la situation était bien celle que décrit Mr Saad Lounes, le MNLA se serait empressé d'engager les combat et d'investir les villes. C'est le bouclier humain constituée par les populations urbaines, qui ne sont pas toutes Touarègues, qui tient en échec les combattants du MNLA.

En conclusion, rien de ce que dit Mr Saad lounes ne contredit l'idée centrale de mon papier; le traitement qde la crise dans l'Azawad passe d'abord et avant tout par une opération humanitaire (l'humanitaire militaire) sans cela ceux qui "interviendront" porteront la responsabilité d'un carnage annoncé.