Le fiasco postindépendance ne peut ternir l’œuvre de Novembre

Le fiasco postindépendance ne peut ternir l’œuvre de Novembre

Depuis les événements de mai 1945, des militants nationalistes ne croient plus – et c’est le moins que l’on puisse dire – aux solutions médianes.

En effet, dès lors que toute manifestation publique des Algériens est systématiquement réprimée dans le sang, il va de soi que ce moyen, selon eux, n’aboutira jamais. Cela dit, bien que leur parti, le PPA-MTLD (Parti du peuple algérien - Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), ait dès sa naissance fixé l’objectif de l’indépendance, les animateurs, au sein même du parti, ne sont pas tous d’accord sur les moyens à employer en vue de parvenir au recouvrement de la souveraineté.

D’une façon générale, l’afflux des évolués vers le parti, et ce, depuis le transfert de son siège de Paris à Alger, a freiné quelque peu l’élan des activistes. Peu à peu, le principal parti nationaliste, sous la houlette du comité central [le président étant soit en résidence surveillée, soit en prison], bifurque vers la voie réformiste. Du coup, la relation entre le président Messali et des membres du comité central sont la plupart du temps tumultueuses. "En décembre 1952, Messali Hadj, assigné à résidence à Niort, ouvre l’affrontement avec la majorité des membres du comité central. Il les accuse de n’avoir pas protégé les militants clandestins de l’OS (Organisation spéciale), branche paramilitaire créée en 1947", écrit Benjamin Stora dans un de ses nombreux livres, Histoire de l’Algérie coloniale.

De toute évidence, bien que Messali n’agite le spectre de l’action armée que pour inciter les autorités coloniales à engager des négociations avec les indépendantistes, le comité central, quant à lui, abandonne tout bonnement cette voie. Pour ne pas paraitre pusillanimes, ils exigent que toutes les conditions doivent être réunies afin d’engager l’action armée. Pour étayer cette thèse, l’exclusion des membres de l’OS au congrès d’avril 1953, un congrès dominé, faut-il le rappeler, par le comité central, prouve, si besoin est, le changement de cap du parti.

Cependant, malgré la mise en sourdine de l’organisation spéciale, imposée par la direction, les activistes ne se départissent pas. En effet, selon certains historiens, il existe même une relation de solidarité latente entre ces durs du parti. En tout état de cause, ces derniers, quand les conditions le permettront, se réuniront dans un même mouvement pour permettre à l’Algérie de se soustraire du joug colonial.

En tout cas, pour ces durs, le constat a été fait depuis longtemps. Que la prise de conscience du peuple algérien soit précoce ou retardée, vivre sous la sujétion des autorités coloniales était impossible. En 1954, profitant de la bisbille entre les deux courants du parti, ils proposent une autre voie aux militants du PPA-MTLD, dans un premier temps, et au peuple algérien en général, à partir de novembre 1954.

En fin de compte, bien que leur mouvement soit le fruit d’une scission, l’antagonisme des deux tendances du parti, messaliste et centraliste, fournit aux anciens de l’OS le prétexte de prendre le destin de l’Algérie en main. Et à partir d’aout 1954, l’union des activistes se réalise à l’échelle nationale. S’opposant aux messalistes, qui veulent trancher les divergences politiques avant de s’engager dans l’action armée, et aux centralistes, qui estiment l’insurrection prématurée, leur programme est d’agir d’abord", résume l’éminent historien, Mohamed Harbi, la stratégie des activistes de l’OS.

En somme, malgré les insuffisances de leur mouvement, grâce au stoïcisme des allumeurs de la mèche, l’indépendance de l’Algérie n’est plus une chimère. Et quoi qu’on puisse épiloguer sur les dérives postindépendances, la révolution algérienne restera la meilleure œuvre que le peuple algérien ait accomplie. Cela dit, le prolongement de la guerre va faire émerger des personnalités qui n’ont rien avoir avec l’esprit de novembre. Et ce sont elles qui régneront en maitre après l’indépendance, et ce, sans qu’ils aient en tête l’esprit qui a animé, en novembre 1954, les Didouche, Ben M'hidi, Boudiaf, Krim, Ait Ahmed, Khider, Ben Boulaid, etc.

Animés par la volonté de satisfaire, en premier lieu, leur égo, ils ont choisi une autre voie que celle rêvée par les hommes de novembre 1954. Car si ces derniers ont pris les armes pour que le peuple algérien vive librement, ceux qui se sont succédé à la tête de l’État algérien pensent d’abord à leur situation, notamment sur comment faire pour s’accrocher longtemps au pouvoir, et ce, au détriment des souffrances du peuple algérien. Sinon, comment expliquer qu’à près de quatre-vingts ans on s’accroche encore au pouvoir ?

Ait Benali Boubekeur

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Commentaires (5) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Ben Omar

comment 22 Hommes Algeriens j'usqu'aux tripes ont put mettre derriere eux tout le peuple algeriens pour vaincre une grande nation qu'est la france'et Dieu seul sait quels etes les moyens. Voilà qu'un groupe de crimminels et fils de... nous en divises pour ne plus connaitre le bonheur dans notre chere Algerie. Algeriens il est temps de nous indignes car pour eux nous sommes de la vermine. les quataris dans notre pays'Quel desespoir.

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