Algérie, à quand les états généraux de la Pensée ?

Le Matin 16-10-2017 86816

Algérie, à quand les états généraux de la Pensée ?

En 1962, les vrais combattants de la libération ont été démobilisés et les opportunistes, les néo-harkis ont infiltré tout l’appareil de l’Etat depuis la base, où ils ont promu leurs cousins la veille encore bergers incultes dans la montagne au rang de chaouchs tout puissants dans les ministères, et jusqu’au sommet de la haute administration.

Nous sommes passés pour la plupart et sans préparation du moyen âge au 20 ème siècle, toute notre infrastructure culturelle étant inexistante et notre identité malmenée ou incertaine Livrés à nous-mêmes, immatures et avec une mentalité de rentiers nous avons jeté le bébé avec l’eau du bain, abandonnant l'Islam de nos ancêtres, nos valeurs et le nif. Et notre pays est devenu une maison ouverte à tous les vents engendrant la mal gouvernance, la corruption, l’affairisme, le suivisme aveugle des modèles étrangers obsolètes et nous gaspillons allègrement les richesses du pays sans nous soucier des nouvelles générations. Notre peuple est composite avec 3 catégories de gens : les classiques, les modernes et les invisibles. Les classiques et les moderne sont depuis longtemps en attente d’embarquement pour un paradis qu’ils n’ont pas construit ou voulu édifier en Algérie, l’herbe est toujours plus verte ailleurs ! Les classiques pas encore réveillés et arabophones pour la majorité d’entre eux rêvent de l’Au-Delà et multiplient les Omra et les Hadj à La Mecque alimentant au passage la cassette déjà bien garnie des Ibn Saoud, leur identité ayant été malmenée par la colonisation.

Les modernes bien sous tous rapports laïcs, universalistes, libérés, francophones pour la plupart et avec quelques harragas repêchés in extrémis rêvent d’un El dorado et ses délices à Paris, Londres, New York, Montréal … avec 2 ou 3 passeports à la clé, leur identité algérienne est incertaine. Les invisibles en vrais hommes et femmes libres d’Algérie n’ont ni complexes, ni mémoire sélective ni enflure de l’Ego. Ils sont fidèles à notre histoire, à nos valeurs, le nif ayant chez eux le sens de l’honneur. Ces invisibles sont des patriotes, ils ont à l’esprit le devoir ayant reçu l’Algérie en héritage par le sacrifice de millions d’aïeux depuis 1830, héritage qu’il faut préserver des nombreux dangers extérieurs et intérieurs et le faire fructifier au bénéfice des nouvelles générations. Les invisibles vivant à l’étranger et ayant plusieurs nationalités se font un devoir de voyager avec le seul passeport algérien signe de leur identité retrouvée et en hommage à nos martyrs. En Algérie, les écrits actuels tournent toujours autour du terrorisme mais sans se poser vraiment la question : comment des algériens en sont-ils arrivés à tuer avec tant de sauvagerie d’autres algériens au nom de l’Islam ?

Au dire de certains experts, il faut distinguer d’un côté l’Islam autochtone pacifique et de l’autre le Islam importé de l’est d’où viendraient tous nos maux. Analyse superficielle ou du moins incomplète, imputable à une virulente allergie orientale. Pour se faire une idée il suffit de regarder où se cachent les résidus terroristes et des complicités dont ils bénéficient, les montagnes du Nord où l’Islam autochtone en terreau fertile donne lieu à des alliances réunissant tous les ennemis de l’Algérie.

Un peuple a en règle générale les dirigeants, les élites et les médias à son image. Pour ce qui nous concerne, le constat est accablant, nos dirigeants et nos élites se caractérisent par leur inculture historique, religieuse, civique et politique abyssale. Ces mauvais pasteurs et ces tristes passeurs ont rendu notre peuple désemparé et insomniaque subissant depuis 1962 le socialisme, le wahabbisme /Islamisme en 1991 et maintenant on lui présente la marchandise frelatée et avariée de l’Euro Med dont le triptyque liberté, démocratie et laïcité est synonyme en Occident de licence, de ploutocratie et de lobbies et de matérialisme débridé sous l’œil bienveillant du Big Brother aux ordres des Oncles Sam et Picsou.

Le ridicule ne tuant plus, l’un de ces docteurs très versé dans la laïcité a même découvert un Voltaire algérien ! Un autre a demandé très sérieusement, qu’à l’instar de Kateb Yacine reçu par François Mitterrand, un de nos écrivains très en vogue soit invité à l’Elysée pour réciter des psaumes. Les esprits faibles recherchent toujours l’adoubement par l’étranger à défaut de reconnaissance par leur douar. Ces intellectomanes ont oublié l’adage Comparaison n’est pas raison. La colonisabilité est encore à l’œuvre et la boussole de l’inculture égare toujours le pays. Il est grand temps que se tiennent en Algérie les Etats Généraux de la Pensée pour dépoussiérer les mentalités.

Madani Bouadbellah

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