Coups de filet des forces de sécurité algériennes : actions sporadiques ?

Les coups de filets de ces derniers jours attestent de la mobilité des terroristes.
Les coups de filets de ces derniers jours attestent de la mobilité des terroristes.

A Jijel et à Ghardaïa, les forces de sécurité algériennes ont réussi à déjouer des attentats terroristes en neutralisant deux groupes d'Aqmi. Mais ces actions "spectaculaires" interviennent de manière sporadique. Ces récentes opérations contre les "maquis" urbains d'Al Qaïda attestent d'un redéploiement de cette organisation tant au Mali qu'en Algérie...

Les coups de filet tendus aux groupes islamistes d'Al Qaïda au Maghreb islamique durant ces dix derniers jours renseignent moins sur la volonté de mener une lutte antiterroriste sur le long terme et de manière qui ne prête à une aucune allégeance politique avec l'idéologie islamiste que sur une présence accrue des groupes terroristes dans différentes régions du pays.

En effet, ces coups "spectaculaires" donnés dans la fourmilière terroriste à Jijel samedi dernier, au centre ville d'El Milia et avant-hier à Ghardaïa, attestent de la mobilité des groupes terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique, de la facilité avec laquelle ils s'infiltrent dans les grandes agglomérations et de leur capacité logistique à préparer des attentats dans différentes régions du pays en un temps record comme pour disperser les forces de sécurité sur plusieurs "fronts".

Tant à Jijel, qu'à Ghardaïa, les groupes terroristes semblent être suréquipés en matériels de convoi qu'en armes. Les deux groupes, éliminés à Jijel, appréhendés à Ghardaia, circulaient à bord de voitures, de 4X4 pour les terroristes de Ghardaïa. Des armes de combat ont été récupérées.

Par ailleurs, les terroristes arrêtés à Ghardaïa, présentés comme "importants" et des "plus dangereux" comme Necib Tayeb, alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, chef de la commission juridique d'Aqmi, recherchés depuis 1995, ne sont que la partie immergée de l'iceberg El Qaïda Les "têtes" algériennes d'Al Qaïda, comme Hassan Hatab, Mokhtar Belmokhtar, Abdmalek Droukdel, Abderezzak El Para et tant d'autres, condamnés par contumace par la justice algérienne, sont toujours opérationnels et se partagent de larges territoires du Sahel. Cette élimination de deux groupes terroristes intervient dans deux redéploiements d'Al Qaïda de grande envergure annoncés l'un par Abdelamlek Droukdel qui a instruit ses lieutenants pour une meilleure coordination au Sahel et celui qu'attestent ces "prises" des forces de sécurité dans les régions du pays, situées aux extrêmes l'une de l'autre.

A ces souricières tendues par les forces de sécurité, il faut ajouter celle du mois dernier, aux frontières algéro-maliennes, l'élimination d'un important groupe d'Al Qaïda. Mais force est de constater que ces opérations réussies n'interviennent que de manière sporadique et qu'elles s'essoufflent dans le temps. Pour plusieurs raisons. La principale étant de l'ordre politique. La "Charte pour la paix et la réconciliation nationale" a, dès sa promulgation, privilégiée le "dialogue" avec les "armées" de l'ex-GSPC attendu d'elles la livraison de "repentis". Mais, dans le même temps, la naissance d'Al Qaïda au Maghreb Islamique en 2006, au moment même du lancement de cette politique d'Abdelaziz Bouteflika, a changé la donne.

Présentement, Al Qaïda au Maghreb islamique occupe deux fronts en Algérie: celui de "l'intérieur" qui n'est pas harcelé par les forces de sécurité qui semblent, quand elles le veulent, pouvoir, sur la base de renseignements, réussir le démantèlement de groupes terroristes en préparation d'un attentat. Le front extérieur, quant à lui, aux portes de l'Algérie, est, pour l'instant, hors de portée de l'ANP qui a été visée au coeur de ses fiefs, à Tamanrasset et à Ouargla, par des attentats kamikazes sanglants, par le groupe terroriste du "Mujao" qui a revendiqué les deux attaques. Il est remarquable de constater que dans ces zones militaires stratégiques, le renseignement et la vigilance semblent n'avoir pas fonctionné. Il n'est pas inutile de relever le même constat pour l'autre attentat suicide contre l'Académie interarmes de Cherchell.

Dès lors, la neutralisation des deux groupes, de Jijel et Ghardaïa, interviennent-ils dans ce contexte d'une "africanisation" d'El Qaïda au Maghreb islamique qui occupe le Nord du Mali, se déploie aux frontières et dans plusieurs régions d'Algérie? Ou est-elle une réponse énergique des services de renseignement et des élites du corps sécuritaire aux tractations secrètes menées par Abdelaziz Bouteflika avec le groupe terroriste Ansar Eddine qui a semé la terreur à Tombouctou et Gao et qui est en majorité composé de terroristes "émirs" algériens de l'ex-GSPC? Dans ce cas, l'armée algérienne qui redoute plus que tout l'effet boomerang des "Révolutions arabes" qui ont vu la naissance d'une "armée libre" en Libye et en Syrie dans un contexte politique qui a favorisé les partis islamistes aux premières élections post-"Révolutions arabes", reprendre le terrain "politique" en nettoyant d'abord les "obstructions" favorisées sur le terrain sécuritaire par l'abandon de la lutte antiterroriste par le chef suprême des armées.

R.N

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Commentaires (5) | Réagir ?

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yiwen dhegsen

Azul

Que penser ? Soutien à El Qaida au Mali (réception du murjajo et d'ansar dain par le président algérien), promotion du lit du terrorisme et de l'obscurantisme à l'école, appui logistique et soutien humain aux terroristes en Kabylie, de l'autre coté, soi-disant, lutte contre Aqmi à Taghardayt et à Jijel. C'est pas cohérent tout ça.

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Aghioul Amchoum

On crée la peste, ensuite on abat un ou deux rats pour que les naïfs croiraient à notre gilet par balles. Ourthaâkil Fatma argazis, ahlil !

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