Québec : mais que va faire Philippe Couillard en France ?

Philippe Couillard, premier ministre québèquois.
Philippe Couillard, premier ministre québèquois.

Comment comprendre que le premier ministre québécois amène en France du 2 au 6 mars une imposante délégation de députés et de spécialistes du monde des affaires ?

Ces rencontres alternées aux deux ans des premiers ministres français et québécois dont c’est la 18eédition ont été instaurées en 1977. Elles servent à déterminer les orientations et les priorités de la relation franco-québécoise et ont ceci de particulier que la partie qui reçoit paie les dépenses de logement et de transport terrestre de celle qui visite. Philippe Couillard profite de la manne et amène avec lui les ministres Jean D’Amour, David Heurtel, Hélène David et Jacques Daoust. Se déplaceront avec eux leurs personnels politiques, leurs fonctionnaires, leurs gardes du corps et une soixantaine de gens d’affaires. Son énorme et dispendieuse délégation contraste avec ce qu’il fait dans sa propre province ou il attaque directement ses services publics. Il y démantèle son réseau de la santé et ses services sociaux en réduisant les services à sa population.

L’excuse que se donne le premier ministre pour cette fastueuse tournée à Paris et Bordeaux est qu’il veut continuer à élargir la relation du Québec avec la France. Son discours unilingue anglophone en Islande il y a quelques mois montre pourtant son peu de respect pour la langue française. Ce gouvernement provincial qui a avoué avoir comme objectif ultime de faire signer la constitution canadienne au Québec a tout fait pour amoindrir le statut spécial de la France dans sa province. Sa dernière action en date, soit de se vanter publiquement d’être une sorte de pique-assiette des relations internationales au dépend des Français n’est pas la plus grave fronde qu’il leur a fait subir. Son gouvernement vient de dénoncer unilatéralement il y a quelques semaines une entente universitaire bilatérale datant de 1978. Philippe Couillard a modifié à la mi-février le traitement privilégié des Français inscrits dans les universités québécoises. Au lieu de bénéficier du tarif des étudiants québécois, ils auront ceux des étudiants canadiens, soit trois fois plus élevés.

Pourtant, face à ce que des médias français ont considéré comme un camouflet à François Hollande, Philippe Couillard affirme que la relation France-Québec est extrêmement précieuse pour son gouvernement et qu’il veut la faire progresser. Le premier ministre n’a cependant pas participé à la marche républicaine en hommage aux victimes des attentats terroristes survenus dans la capitale française comme l'ont fait une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement. Ses actions visent-elles alors à le rendre plus agréable à l’UMP ? On sait que le parti libéral du Québec bénéficie des faveurs des mêmes bailleurs de fonds canadiens que ce parti politique français. Sarkozy a beaucoup bénéficié de l’assistance de ces cousins d’Amérique. Philippe Couillard emmène-t-il cette immense délégation pour donner un coup de pouce à ce parti politique ?

La France est en pleine campagne pour les élections départementales des 22 et 29 mars prochains. Si elles s'annoncent difficiles pour le parti de la majorité, l’UMP pourrait s’y trouver victime du FN. Entre 30 et 40 départements sur 101 pourraient basculer à droite. Peut-on voir dans le fort potentiel du vote FN qui ira grignoter celui de l’UMP un problème suffisant pour nécessiter cette intervention massive des libéraux québécois ? Ils tiendront en France plusieurs entretiens politiques et participeront à des événements à caractère économique. François Hollande ferait bien d’effectuer le remaniement de son gouvernement le plus rapidement possible pour éviter la débâcle et doubler la droite Française.

Michel Gourd

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (0) | Réagir ?