DANS LA BOÎTE DU MATIN : Libre arbitre

Des commentateurs outre Méditerranée, outre Manche, outre Atlantique…s’égarent et donc ne peuvent que conjecturer comme beaucoup d’autres sur la capacité d’une « institution » que peu de gens, en fait, connaissent . Une « institution » qui a toujours su s’adapter à la dure réalité d’un terrain mouvant et souvent hostile. Ainsi donc « le prestigieux journal Le Monde » parle « d’un poulain » comme certains « d’un canasson. ». Veut-on signifier par là que le pouvoir algérien est devenu une écurie ? Disons alors tout de suite que L’Elysée s’est transformé en mairie où l’on célèbre divorce et mariage et que les intrigues à la Maison Blanche n’ont rien à envier aux secrets d’alcôve du palais de Buckingham !!! Je me suis donc plongé dans une lecture instructive. Les insinuations que l’on peut entendre ici et là servent incontestablement d’autres intérêts que ceux de l’Algérie. Ou bien on dénigre et on apporte de l’eau au moulin des adversaires, ou bien, exercice difficile et hors de portée du simple quidam, on dit la réalité des faits et là on éclaire sur la quintessence du pouvoir. Dans les deux cas, on ouvre une brèche. Est ce ainsi qu’il faut interpréter le sabordage de « l’Hebdo Libéré » par le regretté Abderrahmane Mahmoudi ou le torpillage en règle du « Matin »? . Un internaute, candide, disait : « La SM a une liste inépuisable de poulains(tiens le même mot !)…le choix des potentiels présidentiables est large ». Pas si large que ça et cela devrait donner à réfléchir quand on sait qu’il a fallu faire appel à Boudiaf en exil, à Zerroual en retraite, à Bouteflika aux émirats pour occuper la magistrature suprême. Eh Non ; ce réservoir n’est pas inépuisable et justement, la répartition du pouvoir pose problème car personne, ça parait incroyable, ne se sent assez capable de l’assumer. Le général Nezzar (idem pour Kasdi Merbah) n’a même pas osé s’en emparer et lorsqu’il a commis son ouvrage fustigeant le Président Bouteflika, il s’est étonné de ne plus être invité aux réceptions, étant devenu « personna non grata ». Et chacun argumente en disant : nous voulons rester dans la légalité,( quitte à changer la constitution, ou bien la suspendre comme en 1965). Etrange, n’est ce pas ? Principe de Peter, Complexe de l’Imposteur, abnégation… à chacun de comprendre à sa manière. Une autre réflexion , toujours sur ce site, pousse à réagir : « Le véritable problème n'est pas le choix par la SM de son poulain (encore), mais le fait que cette "institution" ait survécu avec autant de pouvoirs ». D’abord a-t-elle autant de pouvoirs ? Comme on ne prête qu’aux riches ce fut d’ailleurs, et c’est normal, l’objectif numéro 1 de la guerre psychologique. La bleuïtte a fait suffisamment de dégâts en son temps. Il conviendrait d’être vigilant et de ne pas tomber dans le piège du « Monde qui ne nous veut que du bien ! »et pour qui l’Indépendance de l’Algérie est restée en travers de la gorge.

Lorsque un intervenant, après avoir tenté de nous ligoter par un lien internet revient, en disant ingénument: « Je suis étonné de voir qu’un message banal, un simple coup de gueule mis en évidence par Le Matin, suscite autant de réactions », il nous prend soit pour des imbéciles ou alors il serait le Candide de Voltaire comme d’autres se prennent pour le Mehdi de Lettres Persanes inspiré de Versets équivoques qu’un juif-ALGERIEN menace de brandir en guise de révélations fracassantes. Ce qui donne à réfléchir c’est cette ponctualisation , ce tir groupé qui est fait sur la personne de Abdelaziz Bouteflika. Serait-il l’arbre qui cache la forêt ? Il aurait pu, s’il l’avait voulu, être lui aussi Général, comme de Gaulle, mais il a suivi un autre itinéraire . Doit-on aussi le lui reprocher ?. La dialectique est évidemment plus complexe car elle nous propose un choix vicieux : Bouteflika/les généraux/les islamistes. Bien sûr, on pourra dire, vous oubliez la société civile, un mot-valise qui dans les faits ne signifie pas grand chose quand on a à l’esprit certaines positions sécessionnistes. Il serait avisé de ne pas se tromper de cible, comme l’insinue cyniquement Khalida Toumi ( qu’il est inutile de comparer à Malraux ou Jack Lang) et de nous méfier de ces douces et envoûtantes mélopées qui savent nous séduire en chantant…que c’est la faute à Voltaire ou que tout est de notre faute . En filigrane de toute cette controverse il y a une immense et sordide manipulation dont chacun croit être le maître. Nous sommes à un tournant de la vie politique Algérienne, dans ce que nous devons considérer comme une fin de règne que de très habiles stratèges présentent subtilement comme un départ vers un potentat à vie. Devant un Président affaibli par la maladie, c’est une lutte de pouvoir qui se joue sous nos yeux et nombreuses sont les velléités d’aspirants au titre prestigieux de Président de la République. Mais il y a un problème. Le rôle que doit incarner le Chef de l’Etat n’a pas encore été compris et se résume pour beaucoup à un rôle de composition qui fait ménager la chèvre et le choux. Certains veulent d’ailleurs manger et la chèvre et le choux. Le Chef de l’Etat doit être au service de l’Intérêt National et il doit avoir la capacité et la volonté de se poser en arbitre libre, objectif et neutre. Il doit rassurer , fédérer et avoir pour souci la cohésion nationale dans toute sa diversité culturelle, linguistique, religieuse, ethnique ; sinon c’est la peur qui s’installe ; une brèche dans laquelle s’est engouffré l’islamisme intégriste. Le Général Zeroual après son élection aurait éventuellement pu jouer ce rôle qui longtemps fut dévolu à l’Armée. Boudiaf l’a tenté en vain bien que coopté. Alors ? Une question se pose : l’Armée a-t-elle été piégée et s’est elle disqualifiée en intervenant, on a tendance à l’oublier sous la pression de la Rue, pour que soit suspendu le processus électoral ?. Le choix est clair à présent. Il est enfin entre les mains des Algériens et des Algériennes qui sont les véritables arbitres d’un jeu dont ils ont été exclus.

elMenfi

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Commentaires (18) | Réagir ?

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said radjef

Je partage entierement l'avis de Zem Zem. Sincérement, je n'ai rien compris à la littérature de mr El Menfi. Cela dit, et les choses étant ce qu'elles sont, les ésprits affranchis ne peuvent en aucun cas trouver des circonstances atténuantes au systeme né du Congrés de Tripoli qui à confisqué la souveraineté du peuple à ce jour. Il est le creuset naturel de l'ignorance, de l'imposture, de l'usurpation, du karchisme, du mépris, des inégalites, de l'exclusion et des crimes impunis. A la limite, pour faire dans l'élégance intelléctuelle, on peut dire que le renouvellement du 3eme mandat de bouteflika ne changera rien à la situation dramatique des millions d'algeriennes et d'algeriens qui sont en attente depuis 1962. Son départ ne resoudra pas les problemes du pays. A ce sujet, la gesticulation de bouteflika et de ses soutiens fabriqués par l'entv via le drs, est comme l'histoire du moucheron qui croyait pouvoir sortir à la place du cocher le carosse de la boue. De meme la fin des généraux sans celle du systeme qui les produit, ne signifie rien, absolument rien.

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groupe elmenfi

Je me doutais bien que cet article (écrit il y a plusieurs semaines) allait susciter de telles réactions et j’ai bien compris l’hésitation du Matin avant de le publier. Je remercie la rédaction et Monsieur Benchicou pour son courage, son honnêteté et son souci d’ouvrir un véritable dialogue. Je dois dire que j’ai également fait parvenir ce texte au site Bakchich qui l’a immédiatement publié et j’en espère des réactions tout aussi enflammées. Ce site avait présenté, au propre et au figuré, une caricature d’une situation qui l’intrigue. C’est un peu la réponse du berger à la bergère. En tout cas sur le site du Matin les langues se délient, enfin ! Merci à tous les internautes d’accepter d’échanger des points de vues souvent divergents et qui permettent de se faire sa propre idée. J’accepte, pour ma part, tous les commentaires et même s’ils sont souvent péremptoires et sans appel ils sont toujours plus brillants que les miens. Je souhaite que chacun trouve, en lui d’abord, les ressources pour comprendre une problématique particulièrement complexe et parfois ésotérique. La politique est un monde toujours en mouvement et s’y aventurer implique d’en connaître la cartographie. Ensuite, tout est question de réflexion et d’intuition. Cela doit être Votre liberté. Cordialement. elMenfi

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