Algérie : les yeux braqués au large de la Méditerranée

Violence, corruption à tous les étages de la société, l'esprit tag al men tag est devenu la règle dans l'Algérie de Bouteflika.

Neufs personnes sont vitriolées à Guelma, un véhicule est volé toutes les quatre heures en Algérie, des agressions de citoyens sont commises quotidiennement sur des citoyens paisibles dans toutes les villes du pays, des harragas par barques pleines, des parents désemparés n’arrivent pas à faire face aux besoins de leurs progénitures en cette rentrée sociale, etc. Des faits comme ceux-là sont rapportés quasi-quotidiennement dans la presse. Voila ce à quoi font face des Algériens, en plus des bousculades et du mépris qu’ils subissent dans certaines administrations où ils ont affaire. Ces violences sont même devenues un sport national et sont comme dirait un jeune Algérien : Normales…

En face de ces violences subies, il y a l’Etat souvent impuissant et des "redresseurs de tords" qui usent d’un langage lénifiant pour amadouer le citoyen moyen à travers des cours et des discours de caves (sans jeu de mots) et sous sols, orientés vers un certain internationalisme-salafiste, de nouveau genre, guidé par l’Orient. D’un autre côté, une étude publiée  indique que l’Algérie doit faire une croissance de plus de 7.5% pour pouvoir  s’en sortir de ce marasme, sinon c’est le chaos assuré d’ici à 2020. Peut-on arriver à ce taux sachant qu’actuellement le taux de croissance est de l’ordre de 2.5% ?

Dans le contexte actuel, avec des investissements orientés vers le développement des infrastructures de base et sociales (bien nécessaires), le pari ne sera pas atteint car nous avons plus besoin d’investissements productifs de bien qui induiront une dynamique de développement que d’autre chose : Production de bien alimentaires, d’habillements, industriels pour les PME qui vont soutenir les industries d’autres  bien importés aujourd’hui. Ce sont ce genre d’industries (avec effet taches d’huile) qui guideraient le destin du pays vers l’autosuffisance et l’épanouissement.

Manger par exemple, besoin vital mais basique, constitue un paradoxe aujourd’hui car on est alimenté par bateaux entiers pour qu’on s’alimente par cuillères et ce n’est pas assez. Nous avons toujours les yeux braqués vers le large de la Méditerranée, les bouches ouvertes, les yeux hagards et angoissés car s’il n’y a pas de bateaux à l’horizon, on risque de se retrouver avec une toile d’araignée sur la bouche. Le paradoxe encore c’est que l’on a perdu l’habitude de travailler et l’intelligence de transformer les choses, par exemple les toiles d’araignées en fils nécessaires à notre bien être immédiat et futur. Nous avons aussi perdu l’habitude de se comparer aux grands pour avancer. Le classement des universités de tous les pays ne nous plaisant pas, les responsables du secteur ont solennellement décidé de confectionner un système de notation qui va tenir compte de notre spécificité (encore une), de notre environnement (sclérosé) et de celui de certains pays non encore identifiés. C’est cela le géni que nous avons développé pour mieux se faire plaisir comme celui qui masse une blessure qui le ronge. Au début, le massage soulage  mais à la longue la blessure se creuse et les conséquences sont bien sûr désastreuses.

Le présent immédiat peut paraître clément, avec les doses de populisme injectées quotidiennement, mais l’avenir s’avèrera catastrophique à moins qu’il n’y ait entretemps un sursaut salvateur, que l’on souhaite de tout cœur, pour mieux prendre en charge notre pays, avec raison,  sans populisme mais avec réalisme. Ce n’est qu’avec cela que toutes les violences seront éradiquées et que l’Algérie de nos rêves sera guérie de ses maux dont tout le monde a conscience et que tout le monde accepte (encore un paradoxe) par résignation ou par esprit "tag ala man Tag". C’est à ce niveau qu’il faut agir par une révolution de  l’esprit et de la conscience pour asseoir une justice qui consiste (au sens de Platon) à ce que chaque fonction remplisse le rôle qui lui est propre, que le désir soit soumis au courage et le courage et le désir à la Raison.

Arezki Zerrouki

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Commentaires (3) | Réagir ?

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khelaf hellal

C'est aussi l'impression que donne la grande statue du centre ville de Béjaia qui montre un grand guerrier fatigué, les yeux hagards et le doigt braqués vers le large de la méditerranée avec la bouche grande ouverte comme pour dire que les provisions alimentaires arrivent de là-bas, au loin. Quelqu'un, un jour est monté sur le haut de la statue pour enfoncer une boule de mie de pain dans sa bouche pour insinuer la portée de ce geste pour ceux qui ne l'auraient pas compris. Une façon d'exprimer aussi que l'avenir et le bonheur sont sur l'autre rive de la méditerranée, cours-y vite, cours-y vite !

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khelaf hellal

C'est la rançon du cynisme et des errements politiques de nos gouvernants successifs. C'est la rançon des fanfaronnades déplacées et du populisme crasse de nos tarés de gouvernants et bourgeois Mamamouchis qui subissent la mondialisation économique comme des "pigeons" et des boubagras que l'on fait chanter et sautiller pour leur soutirer leur argent.

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