Insécurité, vendetta et absence de l’Etat

Bien que l'Etat se soit doté d'une importante force policière, l'insécurité règne dans plusieurs régions.
Bien que l'Etat se soit doté d'une importante force policière, l'insécurité règne dans plusieurs régions.

Là où la justice recule, où la sécurité des citoyens est absente, c'est inévitablement l'Etat qui se dérobe devant ses missions.

La vendetta menée par des villageois à Bou Yilef, un lieudit de Oued Aïssi (Tizi Ouzou), pour venger l’assassinat d’un des leurs illustre tragiquement l’absence flagrante de l’Etat. Les immeubles incendiés étaient squattés par des familles depuis une décennie au vu et au su de tout le monde, sans que personne ne trouve à redire. Vols et agressions se sont multipliés, selon les dernières informations dans ce coin devenu dangereux de Oued Aïssi. La mort de ce jeune homme a en fait été la goutte qui a fait déborder le vase de l’insécurité. L’irréparable a été commis et poussé les gens à se prendre en charge, devant la défaillance des services de l’Etat. Ni la justice, ni la police ne semblent en mesure d’enrayer cette gangrène de l’insécurité qui ronge les quatre coins du pays.

A Oued Aïssi comme ailleurs, les Algériens sont réduits à se faire justice eux-mêmes en l’absence d’une force publique capable d’assurer la sérénité et le respect des lois. 

Paradoxal, diront certains. Au moment où le pays a recruté par milliers dans les corps de la police, la gendarmerie, les Algériens se sentent plus que jamais menacés, peu rassurés et à la merci des délinquants de tous acabit. On se souvient que pendant le ramadan, on a rapporté ici même des cas d’agressions un peu partout en Algérie. Dans certains quartiers de la capitale, les voyous font régner leur loi, agressant, volant et menaçant sans que la police bronche. Dans l’autre capitale, celle de l’ouest, les femmes sont agressées dans la rue, dépouillées de leurs sacs et bijoux sans qu’aucune main courageuse ne leur porte secours.

Que deviennent finalement ces milliers de policiers, CRS et autres gendarmes que le pouvoir déploie prestement à la moindre manifestation citoyenne ? A quoi servent toutes ces forces si les citoyens ne se sentent nulle part en sécurité ? A croire que tous ces contingents de forces de police, rémunérés et entretenus avec l’argent public, ne sont là que pour assurer la pérennité (la sérénité aussi) des tenants du pouvoir. Autrement dit, une force privatisée, au service et au seul bénéfice d’une classe d’Algériens seulement. 

Devant cette absence de l’Etat devenue de plus en plus flagrante, l’Algérien, lui, est réduit à trouver par lui-même ses moyens de défense. L’un d’eux semble être la solidarité villageoise dans certains lieux, comme en Kabylie, ou la solidarité de quartier dans les villes comme à Alger ou Oran.

L’autre paradoxe de cette Algérie qui se cherche une voie, un modèle : le pouvoir demeure fort, non par une justice exemplaire et impartiale mais par son bras répressif, prêt à agir contre toute opposition. Pendant ce temps les Algériens assistent au recul de l’Etat qui devient manifeste.

Yacine K.

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Commentaires (13) | Réagir ?

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Khalida targui

Maintenant on s'attaque aux enfants, dans mon quartier il y a deux jours on a essayé de kidnapper une fillette pour voler ses organes, maintenant c'est au tour des toubibs de nous terroriser. Quand un président dit qu'il a échoué il démissionne

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Tes commentaires sont concis, mais très justes.

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madjid ali

Ils sont là pour matter le peuple

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