Le RCD à la croisée des chemins

Saïd Sadi quitte la direction du parti
Saïd Sadi quitte la direction du parti

Que deviendra le RCD sans Saïd Sadi? Le leader historique quitte sa direction au moment des révolutions du monde arabe, d'un fort potentiel revendicatif qui secoue la rue algérienne et des signes de panique du pouvoir en place. Aveu d'échec ?

Après avoir dirigé d’une main de fer, en maître absolu le Rassemblement pour la culture et la démocratie durant près d’un quart de siècle, Saïd Sadi quitte la direction du parti à un moment historique des grands bouleversements intervenus dans le Maghreb et le monde arabe qui ont, en même temps qu’ils ont insufflé d’immenses espoirs de liberté aux peuples en matière des droits de l’Homme, révélé l’incapacité des partis politiques, toutes obédiences confondues, à conduire une révolution.

En décidant de quitter la direction du parti auquel il s’est identifié, Saïd Sadi exprime-t-il un aveu d’échec du parti face aux changements radicaux intervenus sur la scène maghrébine et arabe qui ont vu les dictatures tomber une à une, ouvrant une nouvelle ère pour les partis de l’opposition démocratique, notamment en Algérie de plus en plus éloignés des réalités sociétales.

Ainsi, en annonçant cette décision personnelle de son départ précipité de la présidence du parti, sans procéder à un bilan politique (le fera-t-il plus tard ?), sans motivations politiques hormis celle, pieuse, de devoir céder la place aux jeunes, Saïd Sadi laisse une mouvance à la croisée des chemins et ce dans des mutations idéologiques qui affectent la personnalité des chefs politiques, leur vision de la démocratie, leur présence sur le terrain des conflits, des luttes, leur capacité intellectuelle à imaginer un discours politique hardi, hors des ornières partisanes mêmes.

Durant toute son existence politique sous la direction de Saïd Sadi, le RCD, après une courte période de gloire, s’imposant alors comme un parti résolument laïc et républicain, n'a pas tardé à connaître des défections au sein de ses instances dirigeantes dont l’actuelle ministre de la Culture, Khalida Toumi, le président de l’ex-UDR, devenu MPA, Amara Benyounès et Ferhat Mehenni, leader actuel du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie. Ces pertes et les nouvelles familles politiques des dissidents attestent, s’il en est, des tiraillements idéologiques dans la militance du parti de Saïd Sadi, victime d'un isolement préjudiciable.

Certes, il eut à prendre et à vivre des décisions courageuses, comme le refus de participer aux élections de 91, la grève du cartable en Kabylie durant l’année 94/95 et le récent boycott des législatives du 10 mai prochain. Mais, ses jeux de ping-pong avec le pouvoir de Bouteflika l’ont amené à donner moult cautions au système, à ses pratiques et louvoiements: soutien de la politique de concorde nationale, participation aux élections, députation de "charme" au sein d’une assemblée acquise aux partis majoritaires de l’alliance présidentielle au côté des islamistes.

Oscillant entre un RCD "radical" et un RCD de "pouvoir", son leader partant, Saïd Sadi n’a pas su imprimer à sa mouvance une personnalité politique qui reste erratique, timide et molle dans son fief naturel, même, la Kabylie. Ses prises de position lors du Printemps noir de 2001, face à une "plate-forme d'El Kseur" qui a pour ainsi dire court-circuité la ligne politique de son parti (et du FFS d’Aït Ahmed) sont restées à la marge de l'insurrection, du moins attentiste, Saïd Sadi ayant déclaré à cette époque vouloir transformer la Protesta des aârouch en "projet".

N’ayant plus l’exclusivité de la revendication amazighe qui a cherché une légitimité politique en frappant aux portes du PAGS, du FFS, de l'Académie berbère de Paris de Bessaoud Mohand Arab, ancien officier de l'ALN, auprès d'anciens leaders du Printemps 80 sans filiaition partisane et du MAK, le parti de Saïd Sadi était ainsi mis en demeure de chercher d’autres voies originales et spécifiques à sa mouvance pour s’imposer sur ce terrain dont il n’a plus, depuis longtemps, la paternité qu’il s’est par ailleurs, chemin faisant, interdit de revendiquer implicitement, dans son désir inavoué de se placer au niveau "national", craignant de paraître "régionaliste" ou de n’être qu’une excroissance du mouvement autonomiste du MAK.

Ses luttes fratricides avec le FFS d’Aït Ahmed ont également porté un coup fatal à ses élus en Kabylie qui n’ont pas échappé aux méthodes du FLN, par des pressions et lourdeurs administratives et les guéguerres avec les élus du FFS sur des sujets qui n’intéressent pas du tout les citoyens ont jeté un certain discrédité dans la mise à l'épreuve de ses militants dans la gestion de proximité des problèmes des citoyens.

La dernière tentative de Saïd Sadi a été celle de janvier 2011 en voulant s’imposer comme le chef de file d’une onde de choc de la révolution du Jasmin en Tunisie. En vain. Ni le discours, ni la conviction, ni l’ardeur qui caractérise les hommes de foule n’étaient dans sa brève apparition de Saïd Sadi sur le balcon de son siège national rue Didouche Mourad.

Ce continuum de déconvenues, d’échecs et de dispersions, d'attractions au pouvoir en place, a-t-il été pour quelque chose dans les raisons profondes qui ont conduit Saïd Sadi à jeter l’éponge de la direction du parti après avoir décidé du boycott des législatives non sans avoir fait miroiter sa participation, dans l’attentisme qui le caractérise, en exigeant des "garanties" et "la présence d’observateurs internationaux" pour finalement se prononcer pour le rejet.

On comprend mieux le nouveau langage de Saïd Sadi qui, bien souvent se révèle expert dans la formule, verse dans le cru, estimant que la prochaine assemblée sera élue sur "le mode du proxénétisme" De quelqu’un qui n’avait plus rien à perdre. Dans son livre Amirouche, une vie, deux morts, un testament, Saïd Sadi a comme recherché dans la figure emblématique du chef de la wilaya III historique, une légitimité testamentaire.

Saïd Sadi s'en va, Aït Ahmed revient. Mais c'est une autre question...

R.M

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Commentaires (7) | Réagir ?

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oziris dzeus

Mais tous les politiques algériens sont au service du pouvoir, de Zizi HAA à Amar Bouzouar, tous chefs les de partis, les chefs des fédérations sportifs, ceux des clubs de foot, ceux des associations culturelles, scientifiques ou autres, les chefs car se sont tous des capi chefs mafieux. tous les chefs des journalistes sont au service du pouvoir, tous les chefs des contrebandiers et trafiquants sont au service du pouvoir, les chefs des établissements scolaires du primaire au secondaire, les chefs de bureau et centre de vote, les chefs cuisiniers des grands hôtels, les chefs des universités, les capi algériens tous sont au service du clan de malheur. il n y a pas que sadi, il n'est pas le seul ni l'unique. tous les chefs de journaux indépendant (du peuple), privé (de libérté d'expression), ou public (publicitaire), ils sont tous au service de boutef sinon c'est la clé sous le paillasson et la prison. tous les chefs et les sous chefs algériens sont au service du clan de boutef. y a pas que Sadi. sympathisant d'aucun parti bourritique algérien, il est inadmissible de se cacher derrière sadi a chaque qu'il bouge ou dit un mot. les premiers serviteurs fidèles et zélés du clan de boutef sans les islamistes. et qui va dire que les chefs de la tendance islamiste sans des agents du pouvoir? personne. pourquoi? parce que c'est la vérité. Et la vérité est bien gardée comme un secret d'Etat. Quel journal va écrire que de Benhadj à Boujerra en passant par abbassi et djaballah et tous les autres, ce sont des agents du pouvoir, les vrais. aucun journal ne le fera car il est interdit de dire la vérité. les chefs intellos algériens ne sont que des serveuses du pouvoir. la mafia algérienne est bien structurée avec plusieurs branches : politique religieuse financière intellectuelle journalistique sportive etc... la liste étant trop longue. au lieu de demander aux autres de suivre sadi et partir, on lui trouve une tète d'agent alors que tous les autres ne sont aussi que des agents du pouvoir pourri qui gère l'Algérie.

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Amar Bouzouar

Dire Said Sadi qu'il ne fait qu’exécuter les directives de ses responsables, c'est honteux et cela ne peut contribuer a instaurer un débat serein dans un pays ou l’honnêteté, y compris celle intellectuelle est devenue un mot creux. Etre le porte drapeau de l'anti-islamisme pendant 23 ans, risquer sa vie pendant toute cette période, face aux terroristes islamistes et face au pouvoir, il faut être Sadi pour le faire et l'assumer.

Il a ses défauts, comme nous tous, mais de grâce il faut tout de même reconnaître des qualités exceptionnelles à ce grand homme digne descendant de Abane Ramdane et dont l'histoire algérienne retiendra certainement le nom.

Le nom de celui qui pendant les années 70 et 80, période ou il était interdit de parler, même en arabe pour dire que le FLN ''ca va pas''. il etait la, debout affrontant la redoutable SM. Ou étaient les ''opposants '' d'aujourd'hui quand cet Homme, et ses compagnons de lutte, bravaient l'interdit du parti inique? c'est bien beau de parler de démocratie aujourd'hui, et venir le claironner sur la chaîne algérienne certes d'un autre age.

Quand on est malhonnête, on l'est jusqu'au bout.

j'ai même lu sur el quotidien d'Oran d'aujourd'hui un article tendancieux qui attire ''notre attention'' (nous les agneaux, qui ne comprenons rien) sur le pourquoi n'y avait il qu'un seul candidat pour le remplacer ? et donner la parole a tous ceux qui ont quitte le parti pour lui tomber dessus. Quotidien d'Oran! région hautement révolutionnaire!!!!! L'Histoire retiendra que pendant que Sadi était a la tète de ce parti, l'opposition frontale a l'islamisme a été sans ambiguïté. Pendant que Sadi était a la tète du RCD, des ministres ont démissionné du gouvernement. Pendant que Sadi était a la tete du RCD, les députés de ce parti, les seuls avaient vote contre l'augmentation des indemnités des députés. les seuls a avoir vote contre la réélection de Bouteflika.

Venir aujourd'hui, après ce geste historique dans la pratique de la politique en Algérie, tout a l'honneur du Docteur Said Sadi, , lui trouver encore des poux, c'est honteux et abominable.

Vive l’Algérie éternelle.

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