Un colloque sur l'arrêt du processus électoral

Chadli Bendjedid et Khaled Nezzar
Chadli Bendjedid et Khaled Nezzar

Agir pour le changement et la démocratie en Algérie organise dans le cadre de ses rencontres un colloque avec pour thème : "Arrêt du processus électoral de janvier 1992, vingt ans après".

Ce séminaire organisé par le collectif algérien en France ACDA aura lieu

Vendredi 20 janvier 2012, 18 h-22 h

Bourse du travail, 10, rue du Château-d'Eau,

75003 Paris (Métro : République)

Pour s'inscrire, veuillez réserver par mail : [email protected]

Aux origines du "coup d’Etat constitutionnel" du 11 janvier 1992. Les intervenants :

"Analyses et bilans", par Madjid Benchikh, professeur de droit, auteur de Algérie : un système politique militarisé (L'Harmattan).

"Les associations de femmes dans la période post-1991. Les enjeux et la singularité de la question des femmes dans la société algérienne et dans les soulèvements actuels dans le monde arabe", par Feriel Fatès-Lalami, militante féministe.

Etat des lieux, vingt ans après : réflexions et perspectives

"Présentation des "réformes" 2011-2012 : les défis lancés aux associations et aux syndicats autonomes", par Ramzi Larkem, juriste.

"Présentation des luttes pour les droits de l'homme, aujourd'hui", par Aïssa Rahmoune, membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH).

"Situation économique et libertés syndicales", par Kaddour Chouicha, syndicaliste, membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie-Oran (CNCD-Oran).

Modérateur des débats : Mouloud Boumghar, membre de l'ACDA

Qui n’a entendu, de la part d'amis et camarades de pays du monde arabe en révolution, ce rappel en forme de mise en garde : "Attention ! N'oublions pas l'expérience algérienne !". En effet, quelques trois années après le soulèvement d’octobre 1988 – et l'espoir démocratique qu'il fit naître –, les premières élections législatives pluralistes qu'a connues notre pays ont été annulées par les militaires, le faisant basculer dans une guerre civile d’une violence inouïe.

Pourquoi est-il important pour nous, Algériennes et Algériens, d'interroger ce moment, vingt ans après, alors que les peuples du monde arabe sont en train de défaire les dictatures l’une après l’autre ? Notre pari : revenir à cet événement dramatique de notre histoire, non pour le célébrer – il n'y a rien à célébrer –, mais pour sortir du labyrinthe des malentendus qui le recouvre, en restituant d'une manière objective les antagonismes politiques et idéologiques d'alors.

Un fait historique avéré : l’arrêt du processus électoral a ouvert une période de guerre civile, qui a causé des centaines de milliers de victimes et un traumatisme considérable dans notre société. Une partie de la classe politique a approuvé ce coup de force, considérant que l’armée et l’organisation autoritaire du pouvoir étaient un moindre mal face à la menace d’une dictature théocratique ; une autre partie, par contre, estimait qu’il était possible de gagner le FIS à la démocratie – "impie" au regard de la plupart des cadres importants de ce parti. Ce clivage tranché, sans merci, est probablement l’une des causes premières de l’échec de l’opposition démocratique au régime.

Une nécessité s'impose à nous aujourd'hui : dépasser ce clivage après vingt ans de guerre civile, de violences politiques et sociales en tous genres. La meilleure façon est de recommencer à nous parler, avec sérénité, en invitant chacun des protagonistes à faire son propre bilan, publiquement. Ceux qui voulaient l'annulation des élections invoquaient la "défense de la République" : l’arrêt du processus électoral par un "coup d'Etat constitutionnel" l'a-t-il réellement permis ? L'Etat de droit, les libertés collectives et individuelles, sont-ils aujourd'hui garantis ? Qu’en est-t-il de la décision de contester le pouvoir par les armes comme l’a fait le mouvement islamiste ?

Pour le collectif ACDA, revenir sur cette période cruciale, d’une façon objective, en évitant les procès et les anathèmes, c’est prendre le parti de l’avenir : faire émerger une parole consensuelle, aujourd'hui éclatée ; reconstruire une conscience politique en faveur du changement démocratique ; permettre à notre peuple de se débarrasser, sans violence, de la dictature, qui sévit depuis l'indépendance, et de s’inscrire dans la dynamique de démocratisation de l’Etat et de la nation. Un parti pris de l'avenir que nous vous invitons à partager, en participant à ce séminaire, qui en annonce d'autres.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Guel Dring

Tout arrive à point pour qui sait attendre. L'attente se fait langoureusement, sciemment, calculée. Il faut une bonne dose de conviction qui fait naître la confiance et de la patience et ainsi l'assurance. On se demande qui est-ce qui fait bouger l'autre, le corps ou l'esprit ? Il y a une symbiose entre les deux. Tous les deux se perfectionnent pour se réunir en un corps/esprit qui ne recule devant rien. Le Peuple a appris. Bien qu'il subsiste quelques doutes qui lui font calculer son saut, mais viendra le moment où l'instinct de survie prendra le dessus. Ce ne sont ni les Libyens, ni les Algériens, ni les Tunisiens, ni aucun peuple au monde qui ait des capacités intrinsèques qui sont identifiables, c'est le milieu environnant qui les diffère. L'injustice est partout la même. Le ressentiment devant un représentant de l'autorité qui abuse de ses pouvoirs est la même partout dans le monde. Quand il y a une confiscation d'un acquis par la voie des urnes, la version du chef du gouvernement est différente de celle du ministre de la défense. Ce dernier avance que le FIS a abusé de son contrôle des APC et des mosquées, ces dernières sont toujours utilisées à des fins politiciennes, comme lors de la campagne présidentielle de 2009. Le chef du gouvernement a par contre avancé que le ok du 1er tour a été accordé pour empâter le FIS avec la dette du pays. Enfin, il reste un point qui est loin d'être insignifiant, qu'on récuse au 2ème plan mais qui est en réalité l'essence et le sens de la vie : la fatalité.

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khelaf hellal

Je préfère qu'on parle plutôt de l'arrêt du hold-up électoral de 1991, de sa préparation, des vils et malhonnêtes procédés mis en œuvre pour y parvenir de l’obnubilation et des détournements de consciences opérés par les nouveaux prophètes charlatans et marchands d'illusions qui ont joué sur le sentiment religieux de notre peuple pour arriver à leur fin. Des faux-dévots canailles qui ont bien préparé leur coup pour briguer les élections législatives de 1991 par la ruse, l'aliénation sectaire et l'exploitation du combustible idéologique disponible à profusion dans le pays.

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