Le sourire du crémier

Le colonel à la retraite Ahmed Bencherif
Le colonel à la retraite Ahmed Bencherif

Il fut un temps témoin de notre jeunesse où il aurait été préférable d’avoir affaire à une patrouille de flics dans un jour sans que de tomber entre les mains d’un gendarme bien luné pour une quelconque histoire de droit commun.

Avoir un simple gendarme dans sa famille était mieux indiqué sur le plan de la sécurité des proches que d’être apparenté à un commissaire de police ou un maire. Celui qui commandait alors la Gendarmerie nationale, comme s’il avait été destiné pour cela par un article de la Constitution, s’appelait Ahmed Bencherif – que déjà au lycée nous l’appelions Poncho Villa. On répète souvent qu’il est de Djelfa, il aurait pu être de n’importe où dans la vaste étendue de notre pays mais si vous dites à cette époque que vous êtes de cette région vous avez d’office un ticket pour agir à votre guise, pour une cause vous concernant.

Ahmed Bencherif, membre du Conseil de la Révolution autant par la gloire de menotter le jeune colonel Chaâbani avant son exécution par la paire Ben Bella-Boumediene que pour avoir participé ensuite au coup d’Etat de 1965, était vécu par les Algériens comme Luckner Cambronne, le patron des Tontons-macoutes au service des Duvalier qui régentaient la misérable existence des Haïtiens durant presque une trentaine d’années.

On s’en fout qu’il ait été issu d’une lignée du caïdat djelfaoui, plusieurs familles algériennes l’on été durant la longue période de l’occupation française mais qui sont restées "tranquille" par la suite à l’indépendance, on s’en fiche aussi qu’il élargit l’aura de son poste sur les alliances parentales d’où surgit un neveu énarque, énarque comme tous les énarques à l’exception qu’en trente ans dans les mailles du pouvoir, de wali à ministre gouverneur de la capitale – première mondiale dans le genre de l’administration publique sur le globe terrestre – ministre de quelque chose ici puis ministre d’une autre ailleurs, enfin ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire au dernier lot – le deuxième chapitre à lui seul normalement département attribuable à un scientifique rompu dans les affaires de la géographie technique. Ahmed Bencherif le lui aurait paraît-il conseillé parce qu’il en connaissait les enjeux quand on se souvient qu’il a été responsable un temps après son remerciement de la gendarmerie, d’un ministère de l’Environnement, de la bonification des terres et de l’hydraulique et l’on n’oublie pas la saga bencherifienne du parc de Ben Aknoun.

Et je me rappelle aussi, il n’y a pas longtemps bossant un reportage sur le sachet pastique où Cherif Rahmani, eh, oui, le neveu de Ahmed Bencherif, mobilisant pas moins de trois ministères de tutelle pour garantir l’élimination du sachet noir en plastique qu’il vérifia avec ses experts contenant de l’arsenic, il jura devant Dieu et les hommes de l’éliminer de la surface domestique de l’Algérie au plus vite.

Trois années plus tard, il part représenter à Copenhague notre pays pour un sommet extraordinaire sur l’Environnement et les grands risques écologiques mondiaux, enjambant sur son chemin vers l’aéroport Houari Boumediene une panoplie de variantes de sachet noir contenant le même poison. Toutefois, sur un autre registre, il lui a été d’une facilité déconcertante, qui aurait laisser pantois, entre autres grands commis de l’Etat, le wali de Béjaïa dont tonton Ahmed accuse aujourd’hui de maffioso du foncier, de mobiliser une immense assiette en banlieue algéroise pour offrir à un groupe d’investisseurs émiratis (pour la moitié de l’enveloppe de 20 milliards de dollars allouée à l’investissement du groupe Project Emirati EIIC en Algérie) l’occasion de bâtir le parc des "Grands Vents" sur une étendue de 800 hectares dont 200 uniquement pour les réalisations immobilières.

Oui, le troisième millénaire, avec la mondialisation, confirme la réalité de la corruption du monde et ses ramifications gangréneuses dans notre pays. Mais qu’à cela ne tienne ! Nous avons cru au moins que les vieilles imbécillités du discours dirigeant resteraient enterrées le temps d’un renouvellement de génération moins dépressive, épargnée des fantasmes indicibles des anciens du pouvoir qui tentent des retours incongrus sur la scène politique pour empoisonner l’esprit de la jeunesse algérienne dont, par leur faute, nous sommes donc obligés de leur raconter leur connerie et par la même occasion les crimes de leurs protégés dans les affaires de la nation.

Jusqu’à ce qu’il nous reste s’il le faut un neurone et un centimètre carré pour écrire, eh bien, il y a à dire sur ce qu’"ils" ont fait à l’Algérie, ce qui a été pris sur l’Algérie par leur faute, ce qui n’a pas été remis à sa place dans leur gigotement autour de la course vers le pouvoir et l’argent en pourrissant le pays.

La liberté de la parole est surtout le droit à la jeunesse de dire ses perspectives, de déclarer ses besoins urgents, de frapper sur la table pour aller vers les tribunes et faire savoir que c’est désormais son tour de prendre à sa charge le destin de l’Algérie.

Mais non, ya elkhaoua, ça ne lâche pas le mocassin. Tahar Zbiri et Mohamed Salah Yahiaoui reviennent pour nous réempoisonnaer avec l’histoire du coup d’Etat de juin 1965, Ghozali rempile pour nous dire une nouvelle manière de penser un comportement national, Ahmed Benbitour fait des cours magistraux régulièrement dans des journaux afin de nous enseigner la meilleure économie politique pour sauver l’Algérie. Et j’en passe de tous les incapables qui ont eu à tripoter dans la marmite de la gouvernance depuis le 5 juillet 1962 à minuit, qui traquent des pauvres scribes pour leur écrire leurs mémoires ludiques.

Mais le plus drôle up to date c’est la sortie de celui qui a voulu s’approprier un hippopotame importé pour le compte du parc d’attraction mais qu’il a dû remettre dans son bassin boueux parce que, selon des témoignages, son cri ne lui plaisait pas finalement, quand il annonce dans un journal à grand tirage qu’il a mené une rigoureuse enquête – vous remarquez qu’officiellement Ahmed Bencherif est citoyen sans quelconque mandat – pour dire aux citoyens algériens et les observateurs étrangers qui n’achètent pas chez le buraliste mais qui lisent en ligne que le wali de Béjaïa est un bandit de grande envergure. En tout cas, cette estocade sent un jalousement sur un investissement privé d’importance dans la wilaya du genre Cevital...

Qui va-t-il se présenter encore, parmi ces pauvres diables qui ont malmené l’Algérie de fond en comble dans son corps et dans son esprit, avant le cinquantenaire, comme ancien cacique oublié, biodégradé, pour nous emmerder de "quelque chose" de nouveau ? Qu'est-ce que veulent-ils, au final, des ressortissant en sus de tous les malheurs engendrés pour leurs bons plaisirs personnels ? Ceux-là qui ont réussi à avoir le beurre et l’argent du beurre ?

Je crois qu’ils cherchent maintenant, avant de crever ou de rencontrer Alzheimer, le sourire du crémier.

Nadir Bacha

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Farid Hassan

Dahmane Ramesses II,

Il n'y a pas de justice en Algérie, si ce n'est celle du fait de prince, du parti-pris, de la magouille, du trafic, des malversations etc... Vous avez vu comment la Constitution a été violée par ceux là mêmes qui étaient censés la protéger juste pour reconduire à la tête de l'État Abdelkader El Mali, lui qui n'a jamais foulé le territoire algérien depuis le début de la révolution à l'instar de Boumediene, de Ben Bella et qui ne sont rentrés au pays qu'une fois l'indépendance acquise. Pour ce qui est de la liste des anciens moudjahidine. Il n'y avait en tout pour tout que 25. 000 membres de l'ALN EN 1962. Tous les 500. 000 qui portent ce titre sont des usurpateurs et des faux moudjahidine. Ce sont ces gens là que Mellouk a tenté de dénoncer et ceux sont ces gens là qui l'ont mis en prison.

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R A M E S S E S II

@Farid Hassan:

Je ne prends pas la défense de Bacha ou autre, je vous demande juste une petite chose, donnez nous la définition de la justice en Algérie.

Je ne roule pour personne sauf pour ma conscience, d'essayer d'aider par nos petites misères a voir plus clair, je vous mis au défi, vous et Monsieur Le colonel de l'ALN de la wilaya IV, avec ses 80 piges de rendre publique la liste qu'il détient sur les faux moudjahidines, informations reprises du site Djelfa. org et la trahison de Mellouk.

http://www. djelfa. org/hommes/Ahmed_Bencherif. htm

Dahmane

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