Nabile Farès : La tyrannie impossible et la démocratie

Nabile Farès : La tyrannie impossible et  la démocratie

Il n’est pas de peuple, malgré ses errances tyranniques, qui ne soit insensible à la démocratie.

Enfin apparaît, dans notre monde d’aujourd’hui, ce que l’on pourrait nommer, dans un langage quelque peu réaménagé, la contradiction principale, qui ne tient pas à ces déterminations trop ethnocentristes de "choc des civilisations", "disparités culturelles", "différences de cultures", mais bien à l’affrontement de plus en plus explicite entre le pouvoir politique d’un seul et d’une oligarchie, la tyrannie, et les pouvoirs de plusieurs répartis dans des sociétés d’alliances et de reconnaissances, et, non plus de mépris, la démocratie. Et, cet affrontement pourrait ressembler à certaines intrigues, propos, de fables de La Fontaine, de Kalimna ou Dimna, ou bien des Mille et une nuits dont les morales, les pointes pourraient avoir l’allure, l’écriture de celles-ci : "Les Ministres et le Roi ayant eu connaissance des rumeurs qui annonçaient que des manifestations allaient encore, sans doute, se produire, et, se reproduire, dans le pays de leur souveraine gouvernance, ceci, à cause d’un manque devenu trop intolérable de liberté, de trop grandes différences injustifiées entre les personnes, familles citoyennes, citoyens, vivant dans le même pays et non un autre, des manifestations que l’on disait, aujourd’hui, à cause d’un raz le bol de terrorisme d’état ou autres, de guerres, de surveillances, disparitions, enlèvements, tortures, souvent, "pacifiques" - ce qui voulait dire "non armées" – que croyez-vous qu’ils firent, après que différents types de rapports les aient assurés de la réalité et vérité de ces rumeurs de manifestations immédiates et futures, que croyez-vous qu’ils firent, au lieu d’accueillir ces manifestations que l’on disait "minoritaires" et "pacifiques", au lieu des les accompagner et de les reconnaître dans leurs droits et opportunités de manifestations, au lieu de faire en sorte que les revendications portées par les manifestantes et manifestants soient acceptées, comprises, entendues, au lieu de venir à leur rencontre et leur proposer de construire de façon nouvelle, constitutionnellement s’entend, un pays où des manifestantes, des manifestants, nés, "en majorité", cette fois il y a à peine trente années, réclamaient de plus favorables, nécessaires, participations aux biens, activités, valeurs, fruits, richesses, pensées, droits, de ce qui s’appelait encore aujourd’hui, un état – non pas un empire – une nation où, elles-mêmes et eux-mêmes, les manifestantes et les manifestants encore, malgré toutes sortes de répressions, précautions, vivaient…

Eh bien que croyez-vous qu’ils firent, au lieu d’anticiper, accepter, les différents changements annoncés, de ne plus s’en tenir à ce qu’ils avaient toujours fait depuis ces trente dernières années, si peu glorieuses en leur gouvernance, sans vergogne aucune, sans envisager d’autres pensées que celles qu’ils avaient connu durant tout ce temps : "Un peu de répression, toujours plus de répression" qui, par son développement finissait par couvrir l’ensemble des lieux habités, les routes, aussi bien nationales que communales, les petits chemins de campagne, et, au-delà, les grands axes routiers qui, tous, s’ils menaient aux entrées de la grande ville, la capitale, pouvaient, aussi bien, en interdire l’accès… Selon d’autres rumeurs, plus gouvernementales, cette fois, qu’ issues des manifestations de rue, il paraîtrait que les trains, aussi, seraient interdits de circulation ; ce qui, tout de même, peut paraître assez étrange…

Il n’est pas de peuple, malgré ses errances tyranniques, qui ne soit insensible à la démocratie.

Par Nabile Farès, écrivain, psychanalyste : Dernier livre paru « Il était une fois, l’Algérie », conte roman fantastique (Janvier 2011, ed Achab, Tizi-Ouzou, Algérie.)

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Afifa Ismail

Les mots de Nabile Farès donnent sens aux maux de tous les traumatisés d'Algérie et d'ailleurs.