La tension monte entre la France et la Syrie

Lamia Shakkour (à droite), ambassadrice du régime de Bachar el-Assad (à gauche), a été convoquée au Quai d'Orsay après des dégradations commises à l'ambassade de France à Damas.
Lamia Shakkour (à droite), ambassadrice du régime de Bachar el-Assad (à gauche), a été convoquée au Quai d'Orsay après des dégradations commises à l'ambassade de France à Damas.

Paris hausse le ton après des dégradations de son ambassade à Damas. L'ambassadrice syrienne en France a été convoquée au Quai d'Orsay.

La France a "vigoureusement" protesté dimanche auprès de la Syrie après des dégradations faites à son ambassade et à un consulat au lendemain d'une visite de son ambassadeur dans la ville rebelle de Hama (nord), assiégée par les forces syriennes. L'ambassadrice syrienne en France Lamia Shakkour a été convoquée au Quai d'Orsay en raison de "nombreuses dégradations", lors de manifestations samedi, ciblant l'ambassade française à Damas et le consulat d'Alep, a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Des "outrages contre les emblèmes de la République" française ont été commis, a-t-il précisé dans un communiqué : "drapeaux français brûlés et nombreuses dégradations (jets de projectiles dans l'enceinte, destruction de véhicules) sans que les forces de l'ordre et de sécurité syriennes se soient le moins du monde mobilisées pour empêcher ces actes inqualifiables". Ces évènements sont "en totale violation des obligations qui incombent à la République arabe syrienne au titre de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques" et "nous tenons les autorités syriennes responsables de la sécurité de nos agents et de nos emprises diplomatiques", a souligné le porte-parole.

Ces manifestations faisaient suite à un déplacement jeudi de l'ambassadeur français en Syrie, Éric Chevallier, à Hama. L'ambassadeur américain Robert Ford s'était, lui aussi, rendu en fin de semaine dans cette ville afin de témoigner du soutien des États-Unis à la population. Les deux diplomates ont été convoqués dimanche à Damas par le ministère syrien des Affaires étrangères, qui a dénoncé une "ingérence flagrante dans les affaires intérieures syriennes". Comme Paris, Washington a aussi signalé des incidents devant son ambassade liés à des jets de tomates, d'oeufs, de morceaux de verre et de pierres.

Des faits inacceptables

"Nous avons appris avec stupéfaction que l'ambassadeur de France à Damas s'était vu notifier une protestation contre le fait qu'il se soit rendu à Hama sans autorisation préalable", a ajouté Bernard Valero. "La convention de Vienne sur les relations diplomatiques stipule la totale liberté de déplacement des chefs de mission diplomatique dans leur pays d'accréditation, a fait valoir le porte-parole. C'est dans ce cadre que notre ambassadeur circule à travers la Syrie, comme le fait du reste l'ambassadrice de Syrie en France. Il serait vain de reprocher à l'ambassadeur de France des motifs inavoués : il est dans le plein exercice de ses fonctions."

Paris a profité de la convocation de l'ambassadrice syrienne pour "redire de la manière la plus solennelle que ce qui s'est produit au cours des derniers mois en Syrie n'est pas acceptable", a aussi affirmé Bernard Valero. "Il n'est pas acceptable qu'un gouvernement déchaîne l'usage des armes contre sa population" et "n'entende pas l'appel de son peuple pour des réformes. Il n'est pas acceptable que la communauté internationale ne se mobilise pas pour que ces appels soient entendus, pour protéger la population civile et aussi au nom de la paix et de la sécurité dans la région", a-t-il aussi dit, en allusion à l'échec jusqu'à présent des Occidentaux à obtenir à l'ONU un soutien de la Russie et de la Chine pour dénoncer la répression en Syrie.

LEPOINT.FR

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