La rébellion libyenne réclame reconnaissance et armes à la coalition

Le groupe de contact qui assure le pilotage politique de l'opération internationale se réunit au Qatar.

Les rebelles libyens vont demander une plus ample reconnaissance, mais aussi des armes et de l'argent, pour défaire le colonel Muammar Kadhafi, lors de la réunion mercredi à Doha du groupe de contact sur la Libye. Une vingtaine de pays et d'organisations, dont l'ONU et l'Otan, ont rendez-vous pour cette réunion du groupe chargé de piloter le volet politique de l'intervention multinationale autorisée le 17 mars par l'ONU. Entre-temps, les forces rebelles ont repris la ville d'Ajdabiya (est) - à 160 kilomètres au sud de Benghazi, fief des insurgés -, noeud routier stratégique théâtre de combats meurtriers ces derniers jours, mais les unités pro-Kadhafi y maintenaient leur pression par des tirs d'artillerie sporadiques.

À Misrata, enclave rebelle, à 200 kilomètres à l'est de Tripoli, la situation était critique pour les 300 000 habitants, assiégés et bombardés depuis sept semaines. L'UE envisage l'ouverture d'un couloir humanitaire maritime sous protection militaire pour aider la population. À Doha, la rébellion libyenne représentée par une délégation du Conseil national de transition (CNT) est attendue en séance plénière, ce qui ne fut pas le cas lors de la conférence ministérielle de Londres, le 29 mars, qui a décidé de la création du groupe de contact.

Critiques contre l'Otan

La délégation du CNT est conduite par son représentant international Mahmoud Jibril qui a rencontré mardi les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE), réunis à Luxembourg. Son porte-parole Mahmoud Chammam a indiqué à l'AFP que le CNT attendait "une assistance militaire", et "une protection des civils libyens bombardés" par les forces loyalistes. La réunion de Doha intervient alors que des divergences sont apparues au sein de la coalition alliée, avec Londres et Paris voulant une intervention plus musclée de l'Otan, et les États-Unis défendant l'action de l'Alliance qui a pris le commandement des opérations le 31 mars.

Mardi, le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague a plaidé pour "intensifier nos efforts au sein de l'Otan", et son homologue français Alain Juppé a estimé que l'Otan ne jouait "pas suffisamment" son rôle. Hague et Juppé sont présents à Doha. "Avec les moyens dont nous disposons, nous faisons un bon travail", a assuré de son côté le général Mark van Uhm, chef des opérations conjointes de l'Alliance. À Washington, un porte-parole du département d'État, Mark Toner, a réaffirmé que les États-Unis avaient "toute confiance dans la capacité de l'Otan à assumer la tâche de faire respecter l'embargo sur les armes, la zone d'exclusion aérienne et la protection des civils en Libye". Les États-Unis, après avoir été en pointe dans les opérations déclenchées contre le régime du colonel Kadhafi le 19 mars, se sont mis délibérément en retrait la semaine dernière.

Unique interlocuteur légitime

Cette controverse prend place sur fond d'impasse militaire entre les forces de la rébellion, qui tiennent l'est du pays, et les unités loyales au colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Elle reflète aussi la crainte de partenaires de l'Otan, notamment en Europe, de voir le conflit s'enliser si le colonel Kadhafi n'est pas évincé par la force, mais les réticences d'autres à sortir du cadre de la résolution 1973 qui limite l'action armée à la défense des populations civiles. Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé que près de 500 000 personnes avaient fui les violences en Libye, le CNT a affirmé que les combats avaient fait 10 000 morts, 30 000 blessés et 20 000 disparus.

Chammam a également insisté sur la libération de fonds libyens, notamment quelque 30 milliards gelés aux États-Unis dans le cadre des sanctions internationales prises contre le régime du colonel Kadhafi. Ce soutien plus actif de la communauté internationale dépend de l'élargissement de la reconnaissance du CNT comme unique interlocuteur légitime, alors que seuls trois pays, la France, l'Italie et le Qatar, ont pour le moment pris cette décision. Chammam a insisté sur la reconnaissance du CNT par les États-Unis qui ne se font représenter à Doha que par William Burns, secrétaire d'État adjoint pour les Affaires politiques. "Nous voulons une reconnaissance claire et officielle" de la part de Washington, a-t-il souligné, ajoutant que le CNT espérait obtenir de la réunion "un passage d'une reconnaissance de facto à une reconnaissance légitime internationale". Il a réitéré que la rébellion rejetait toute proposition - comme elle l'a fait avec une "feuille de route" de l'Union africaine - qui ne prévoyait pas en préalable le départ du colonel Kadhafi et de ses fils de Libye.

AFP

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