"M. Benchicou, vous m'avez déçu..."

"M. Benchicou, vous m'avez déçu..."

Message d'un lecteur qui a assisté à la conférence-débat à Lyon.

J'avais attendu ce moment avec impatience, est ce fût une journée mémorable, en me dédicaçant le livre « Notre ami Bouteflika » vous m'avez apporté une grande joie, nous avons longuement patienté avant de pouvoir enfin dialoguer avec vous, sur un thème disons le qui concerne tous ALGÉRIENS ou à défaut tout les KABYLES. Vous ne vous êtes pas dérobé, pas de faux fuyant, vos réponses sincères , franches et directes sonnent la justesse de votre combat, mais hélas il aurait fallu d'un lapsus, d'une erreur de votre part pour gâcher tout le bonheur que j'avais a vous écouter. Je savais que vous ne partagez pas le combat que mènent le MAK et GPK , mais je n'ai jamais cru que vous seriez capable de désinformation. A la réponse a ma question concernant l'autonomie de la KABYLIE et son apport dans la démocratisation du reste de l'Algérie, tout en soutenant le fait de l'ancrage de la démocratie dans la culture Kabyle,vous lui déniez le droit à l'autodétermination, en soutenant haut et fort que l'autonomie DE LA kabylie c'est la séparation avec le reste de l'Algérie, à ce que je sache Monsieur BENCHICOU autonomiste ne vaut pas dire séparatiste

J'espère que je me trompe dans mon analyse, et que vous n'aviez jamais voulu dire cela, dans ce cas sachez que son effet négatif s'est ressenti sur les présents, puisqu'à ma deuxième tentative de vous interpeller, et toujours sur le même sujet , une dame dans le public m'avait fait remarquer qu'elle n'accepte pas de séparer l'Algérie DE LA KABYLIE,et qu'un autre se pose la question a savoir si les Kabyles ne sont pas nés pour protester, Vous voyez, Monsieur BENCHICOU, ce qu'engendrent les erreurs de communication. Me concernant je reste convaincu que personne, je dis bien personne, ni dans le MAK , ni au GPK n'a cette ambition de séparatiste que vous vouliez leurs coller. Nous aimons tant l'Algérie POUR lui vouloir du mal.Ne me méprisez pas, je parle en mon non propre, ma douleur est vive, l'exil me pèse, si je vous ai offusqué, veuillez me pardonner. PS/ Je reste un de vos fidèle lecteur.

Zahir A.

Réponse :

Cher monsieur,

Voyez-vous, j’ai toujours pensé que l’autonomie de la Kabylie est quelque chose de trop sérieux pour être confiée à nos émotions…et à nos oreilles. Sur cette question, chacun pense avoir entendu ce qu’il redoute ou ce qu’il espère, de bouches amies. Ainsi, vous concluez que « je ne partage pas le combat que mènent le MAK et GPK » et que cela m’a entraîné à user de « désinformation » mais permettez-moi de vous raconter ceci. Il y a une semaine, des amis qui venaient d'assister à une conférence de Ferhat Mehenni à Montpellier, m’avaient sévèrement réprimandé parce que Ferhat avait commencé sa conférence par cette phrase : « Mon ami Mohamed Benchicou qui partage notre combat … », ce qui a fait dire à mes amis que j’étais un cachottier et que j’ai pris le risque de décevoir pas mal de monde. Autonomiste à Montpellier, anti-autonomiste, une semaine plus tard, à Lyon…Avouez que la situation dérouterait plus d’un !

Je me rappelle exactement de vous et je vous remercie de votre franchise mais je n’ai jamais tenu les propos que vous me prêtez (je comprends, il y avait une telle foule et une telle passion dans le débat, que les malentendus sont inévitables). J’ai même croisé, à la fin de la conférence, des autonomistes convaincus qui se disaient satisfaits du débat. Sans doute avez-vous interprété à votre manière la dernière partie de la conférence : « Si Matoub était encore vivant, qu’aurait-il pensé du débat sur l’autonomie ? » J’avais juste cité ce passage de son livre « Rebelle » : « Quoi qu’il en soit, une force nouvelle m’habite. Il y a encore peu de temps, je limitais mon combat à la Kabylie. Je dois apprendre à me battre pour la société algérienne dans son ensemble. Les témoignages venus de partout, de Tlemcen, d’Annaba, d’Oran, la chaleur qu’ils dégageaient, les encouragements qu’ils contenaient m’ont fait profondément réfléchir. Ce n’est pas suffisant de se battre pour soi lorsque le destin d’une nation est en jeu. »

Comment pouvais-je réduire l’autonomie de la Kabylie à un séparatisme alors que l’essentiel de mon intervention était d’exhorter les esprits à s’installer dans la complexité, à propos de cette question ? Ni mépris, ni exubérance, ni ironie, ni chauvinisme…Seulement chercher à comprendre, comprendre avant qu’il ne soit trop tard…Trouver, dans les murs qui se dressent entre nous, des portes qui pourraient s’ouvrir…Rappelez-vous, j’avais fait le parallèle avec La peste de Camus et j’avais dit que cela m’avait inspiré une chronique que j’avais intitulée « L’année de la fièvre, de Camus et de la Coupe du monde »

Si vous le permettez, je vous en livre cet extrait qui tiendra lieu de réponse :

« Ce fut cette année-là, racontera-t-on plus tard, l’année de la corruption et de la Coupe du monde, ce fut cette année-là, une année froide et quelconque, qu’on découvrit l’ampleur de la fièvre et que la Kabylie bascula dans l’inimaginable. L’évènement, rupture malvenue avec l’ordre habituel des choses, boulot-bistrot-dodo, boulot-mosquée-télé, l’évènement avait été accueilli avec irritation et mépris, « un tintamarre » avait dit le Premier ministre de l’époque, « un tintamarre de clown rétroactif », précisa un chroniqueur d’Oran, pendant qu’un ministre fraîchement désigné, d’Oran lui aussi, se gaussait de ces zouaouas fantasques qui osaient faire de la politique, que le patriarche du Lac maudissait les aventuriers et que le docteur-écrivain S. rassurait l’opinion par une litote : « C’est une épidémie sans lendemain." Comme c’était aussi l’année du 50è anniversaire de la mort d’Albert Camus, quelqu’un observa que tout cela était écrit, déjà écrit, que cette façon puérile d’ignorer le chaos rappelait celle qui servit à ignorer la peste à Oran justement, et qu’une fois de plus, le fléau n’était pas à la mesure de l’homme. C’était l’année de la corruption et de la Coupe du monde, racontera-ton, une année froide et quelconque, l’année du 50è anniversaire de la mort d’Albert Camus et comme les livres sont faits pour fixer l’histoire, on déduisit que ces jeunes kabyles emportés par la fièvre descendaient sans doute de ces enfants qui côtoyaient les rats, des enfants en loques qui disputaient à des chiens le contenu d’une poubelle et que le journaliste Camus avait surpris un petit matin de 1939, à Tizi-Ouzou. Comment s’étonner alors de la peste ? La fièvre avait eu tout le temps de croître, soixante-dix ans à rôder autour du gourbi misérable, autour du même âne croûteux et décharné qui servait à transporter les fagots, comme au temps de la distribution de grains, des sœurs blanches et du pasteur Rolland, « mangez mon enfant et rappelez-vous du Seigneur… » Mais qui s’en rappellerait, puisque le fléau n’était pas à la mesure de l’homme ? »

Vous trouverez cette chronique dans lematindz (12 juin) ou sur mon site personnel (www.mohamedbenchicou.com).

Croyez-moi, faisons tout pour que la fièvre reste à la mesure de l’homme.

M.B.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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guiovillois

Merci kader fetahi

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kader fetahi

benchicou a raison de dire que la question de l'autonomie de la Kabylie est une question trop sérieuse pour qu'elle soit traitée dans une ambiance émotive. L'ALGERIE est notre GRANDE KABYLIE et toutes les régions algériennes sont authentique. Notre pays ne renferme que des autochtones. Donc point d'arabes dans ce pays mais une partie de la population a été arabisée et maintenant en voie d'etre SALAFISEE par des harkis baatistes vendus corps et âme à la mafia égyptienne et qui pour rester au pouvoir et pomper le pétrole sans vergogne sont prêts à tout pour nous maintenir dans cet état. Alors rassemblons nous autours d'un projet social émancipateur car l'Algérie, pour moi est un pays colonisé.

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