Je crois que c'est fichu pour le football / 2è PARTIE : Le Messie de la FAF

Je crois que c'est fichu pour le football / 2è PARTIE : Le Messie de la FAF

PAR FARID TALBI

En ce qui concerne la FAF, les grandes vadrouilles internationales qui président désormais à la prospection de joueurs, partout ailleurs qu‘en Algérie, les tractations gagnant/gagnant avec la FIFA (les mandarins de Genève ne prêtent gratis qu‘à leurs bons amis à perspective électorale ), les tractations avec les sponsors étrangers pleins de civilité , confèrent à la fédération un rôle d’acteur essentiel hautement apprécié dans un halo national sensible à toute notoriété internationale, surévaluée par la presse servile qui se contenterait, au passage, de quelques reconnaissances. Cette agitation spectaculaire constitue le sésame providentiel, si le besoin se présentait, de postuler à un emploi auprès des institutions internationales ou continentales du football. La planque idéale de pantouflards gratifiée « pour services rendus ». Ce qui explique le peu d’intérêt consacré au redressement de la gestion de la compétition nationale par la Faf, ou la presse, au regard de championnats d’une insipidité flagrante. Pas de temps à perdre. Une faf qui s’acquitte, à ce sujet comme dit plus haut, cependant merveilleusement bien de sa mission nationale cardinale, s’il en demeure une seule : remplir les gradins des stades, quelque soit le niveau des confrontations, comme seule recours au défoulement pacifique du trop plein d’un monde qui s‘ennuie. Aujourd’hui, cet exploit de mobilisation publique constitue activité de divertissement majeur qui vous hisserait sur les devants de la scène officielle, avec tous les honneurs et plus s’il en fallait. Donc, en consécration, les sorties mêmes hasardeuses ou bricolées de la sélection nationale, représentent une bénédiction pour les réjouissances en question dont est chargé l’institution dans sa mission de diversion populaire « culturelle ». Il faut savoir se rendre utile, là où il le faut, et comme les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit….Ce seront les médias sportifs qui s’en chargeront admirablement, avec la même ferveur d’affabulation et de démagogie que celle déployée pour la mise en branle de la réforme suicidaire de 1977.
Donc les autres bénéficiaires, chargés de la mise en scène ridicule et grandiloquente d’une sélection claudicante et sans intérêt pour la pratique nationale, auront été les médias revendiquant le label « journalistes sportifs ». Du pain béni, pour une gent sinon marginale, trop souvent en mal de maîtriser le moindre sujet concernant ne serait-ce que le foot, ou montrer de l’intérêt quelconque aux thèmes d’investigations relevant pourtant de ses compétences théoriques. Bref une profession sérieusement sinistrée, qui va s’égarer dans les intarissables à-côtés extra sportifs d’une sélection nationale prodigue en anecdotes accessoires du genre « radio-trottoir ». A cet effet, la sélection nationale aura été transformée en un mythe porteur, dans les temps actuels de disette culturelle pitoyable, des plus grandes aspirations illusoires populaires de fierté et de grandeur refoulées. Les rencontres banales de qualifications ont été transformées en véritables confrontations historiques épiques, les joueurs en héros invincibles de bandes dessinées, l’entraîneur en superman prestidigitateur, le président de la FAF en messie ! Officiellement nul ne s’oppose à l’hypnose collective procurée par un tel cinéma de série b, d’ autant plus qu’il s’accompagne d’une mise en état jubilatoire festif qui n’épargne personne par contagion pandémique. Même les cuisantes défaites, et leurs après-coups normalement tristounets, sont devenues des motifs de fierté et de liesse populaires fantastiques ! Incroyable, le miracle de la communication !! Le règne de l’absurde. Dommage qu’il n’y ait pas, dans le genre, de coupe du monde…
Autres bénéficiaires de n’importe quelle prestation surestimée artificiellement de la sélection nationale : les joueurs. Non seulement leurs prestations officielles meublent, jusqu’à l’indigestion, le trou béant constitué par l’absence ou la nullité flagrante d’autres activités culturelles populaires, mais toutes leurs manifestations publiques ou privées, liées à leur existence personnelle sociale, sont livrées au public avide, crédule et voyeur à force de privations d‘information, du genre comme on dit « peoples ». A défaut de grives…
C’est là pour les joueurs momentanément, une manne inouïe de popularité cette sélection qui ouvre grandes les portes des publicistes, dans un pays particulièrement porté à la consommation des produits gadgets inutiles reflètent la réussite personnelle factice. Il y à boire et à manger, jusqu’à l’indigestion en cette opportunité, à jouer aux figures de proues publicitaires ….D’autre part, comme partout ailleurs mais plus facilement par là, la notoriété quelle qu’elle soit, permet de disposer facilement de sésames permettant de saisir, aux endroits où tout se concrétisent toutes les opportunités, celles de faire des affaires sûres et profitables, sous le sceau de la légalité. Pas immoral du tout, puisque y souscrire c’est faire plaisir à ceux qui sont disposés à vous faire bon plaisir. Ainsi va le monde !
Quant aux derniers bénéficiaires de la mise en compétition scénique de la sélection nationale à n’importe quel prix que constituent les entraîneurs nationaux (et souvent leurs suites), ceux-ci manifestent toujours un grand talent dans le rôle d’Atlas, ce héros de la mythologie qui portait le monde sur ses épaules. Soutenus par des écrivaillons en mal d’exister autrement. Merci Atlas, donc désormais capable de tous les autres exploits, partout dans l’univers du foot, à tous les niveaux ! Dorénavant, simplement un peu plus cher qu’au tarif syndical…..
En conclusion, le profit indu que procure le football algérien depuis 1977 au déroulement des carrières personnelles de la gent de technocrates et autres opportunistes survenus de nulle part, et qui s’en réclame professionnellement ( ou intellectuellement ) propriétaire , plus à tort ou qu’à raison , est tel que la discipline parait avoir été prise en otage définitif par des corporations prédatrices aux intérêts interdépendants solidaires, mais ô combien néfastes . Et, forcément imposant des objectifs et réalisations limitées à la vision et compétences bien étriquées des proprios des lieux. Ainsi, pour boucler la boucle, ce beau monde vivra lui aussi dans la cour des grands, là où l’on imagine le football comme un instrument, un joujou, de diversion culturelle et de propagande…Là où, oui mon cher, les rêves les plus fous de réussite sociale se situeraient à proximité du bouche à oreille des uns aux autres, à moins qu‘il ne s‘agisse de bouche-à-bouche……...

Voilà donc une bien modeste réflexion, dédiée à des compagnons de route aux temps héroïques, (Khabatou, feu Balamane, feu Dr Hassani, feu Dr Bencharif, Me Bouabdellah, Khemissa, Si Omar, Abdedaim, Aissiou Mahmoud, Bouda Nourredine, ….) Pour dire que c’est apparemment aujourd ‘hui fichu pour le football. Une sélection nationale qui occupe l’actualité essentiellement par des comptes-rendus laudateurs de complaisance outrancière ou des prévisions utopiques manifestes, un encadrement qui assume la responsabilité consciente d’un fiasco en matière de formation de talents locaux, une actualité sportive bidouillée consacrée aux faits divers bidonnés et racontars piteux concernant le quotidien d’une prétendue élite , les célébrations tapageuses folkloriques des défaites cuisantes au son des refrains de derboukas festives, le squat de l’espace de l’information bien plus utile à d’autres choses que des histoires d’émotion exagérée au football dans un concours national d’un trop plein de sentiments romanesques à dormir debout , totalement à côté de la plaque …….
Dernière arnaque, cette histoire de professionnalisme qui intervient juste comme une légalisation fiscale tardive ( non pénalisante) des flux financiers considérables circulant dans le giron du football algérien pourtant depuis …1977. Et affermir d’avantage les liens de subordination des clubs vis à vis de leurs puissants fournisseurs de fonds (sponsors/État). Un truc qui ne changera strictement rien à la destruction consommée de la trame du football, par ailleurs reconnue et respectée dans le monde entier : le foot amateur. Cette base vitale aujourd‘hui anéantie , qui devrait occuper si un jour réhabilitée, légitimement en proportion, la majorité écrasante des postes fédéraux, pas moins ….Et redéfinir donc une politique singulièrement éducative au service d’un football éminemment populaire et productif de joueurs talentueux, d’ entraîneurs aux compétences éprouvées autrement que par le khorti de la théorie, et de dirigeants véritables chevilles ouvrières agissant surtout en militants bénévoles du renouveau du football juvénile. Dans la grande tradition algérienne, (le tas et terrain), détruite malheureusement par les ambitions inappropriées d’ignorants incultes, dépourvus de compétence et de conscience. Et d’une avidité de charognards féroces, insatiables. Sans oublier qu’il faille procéder à la reconsidération totale, au dessus du palier de l‘amateurisme réhabilité et en lien de subordination avec lui, de l’organisation opérante de la pratique élitiste. Les grandes nations du foot n’ont rien trouvé de mieux pour s‘imposer. On en est loin.
Ouvrons les yeux. Et prenons les inepties flagrantes et les canulars soutenus aujourd’hui pour tels, avec philosophie.
Faut bien que ce monde là, à défaut de nous instruire ou nous convaincre, nous fasse marrer !

FARID TALBI

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Commentaires (1) | Réagir ?

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lemghendef

Belle plume! c'eut été une trés bonne analyse si eelle n'était pas empreinte de partialité propre à nous tous algérien : on détruit tout, sans exception. Tout ce qui a été fait est nul.

Revivez un tant soi peu ce que la réforme sportive a apporté au pays. Il n'a plus de joueurs qui vont trimer sur un terrain de tuf avec un frittes-omelettes dans le ventre.